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« La famille Kadji Defosso a le profond regret d’annoncer le décès de l’industriel et homme d’affaires Joseph Kadji Defosso, décès survenu le 23 août 2018 en Afrique du Sud à l’âge de 95 ans, des suites d’une longue maladie », annonce un communiqué de presse qui vient de nous parevnir.
Mais quelle que soit la date de sa mort, quel que soit le temps qui puisse passer, difficile d’imaginer ce que la postérité éprouvera comme sentiments lorsque quelque historien ou économiste parlera de Joseph Kadji Defosso.
En attendant des hommages quelque hagiographiques qu’ils soient, Joseph Kadji Defosso, c’est avant tout, tout une icône au sens strict du terme. Le paradigme même de ce que devrait ou doit être un Africain soucieux de l’indépendance économique de son pays.
Irrépressible besoin d‘épanouissement économique
Celui que le continent pleure aujourd’hui est né vers 1923 à Bana, une bourgade de l’ouest du Cameroun. Attiré par les vents du modernisme qui soufflaient sur Douala, Defosso s’installe dans la capitale économique camerounaise dans les années 1930. C’est l‘époque de l’apogée de la colonisation. Mais, qui, au milieu des années 1940, commencera à s’essoufler grâce à l‘émergence des mouvements de décolonisation dans toute l’Afrique.
Mais, dès les années 1960, Defosso a une seule idée en tête : s‘épanouir économiquement. Il se lance alors dans les affaires. Le jeune Joseph commence avec la vente des produits alimentaires, du matériel et des fournitures de Bureau. Il s’investira dans la promotion de salles de cinéma à travers le Cameroun, dont la mythique salle du Capitole à YAOUNDE en 1964.
Ambitieux comme Américains et Soviétiques qui courraient les uns après les autres à la conquête de la Lune, Defosso envisage de diversifier ses activités économiques. En 1972, il se lance dans le domaine brassicole en créant l’Union Camerounaise de Brasseries (UCB), productrice des bières King, Kadji Beer, K44 et des boissons gazeuses de la gamme « Spécial ».
Infatigable investisseur, Defosso s’implique aussi dans le domaine industriel en créant POLYPLAST, une entreprise de production du plastique. Y compris le domaine agro-alimentaitre à travers la Société des Céréales du Cameroun (SCC, minoterie).
Le secteur tertiaire sera aussi dans sa ligne de mire. Notamment à travers les Assurances générales du Cameroun (AGC), l’immobilier avec les sociétés Kadji Square, Cauris, Hibiscus et Baobab. Sans oublier le sport avec la création de Kadji Sports Academy (KSA).
Partisan de l’indépendance économique d’Afrique
Et dire que les hommes d’affaires ne sont pas philanthropes, ce serait trahir la mémoire de Kadji Defosso. Lui qui avait créé la la fondation Fu’a Toula Kadji Defosso dans le but d’encourager l’excellence et de promouvoir l‘éducation. Que des œuvres ! Au point que les autorités camerounaises ont fini par le couvrir de nombreuses distinctions dont Grand Chevalier de l’Ordre National de la Valeur.
Peu importe ces distinctions et honneurs. La mort de Defosso est de toute évidence une grosse perte. Non seulement pour ses nombreux fils, petits-fils et arrière-petits-fils visiblement inconsolables. Mais aussi pour toute l’Afrique. Un continent qui, certes regorge d’incommensurables ressources naturelles, mais qui n’attend que des étrangers pour les mettre en valeur.
Plutôt que de courir par monts et par vaux à travers la planète à la recherche de prétendus partenariats « gagnant-gagnant », les Africains devraient s’inspirer de l’esprit combattif de Defosso pour tendre inexorablement vers l’indépendance économique. Laquelle est d’ailleurs la vraie et véritable indépendance. « L’impérialisme se trouve dans vos assiettes, à travers les grains de riz issus des dons et legs de l’Occident », disait Thomas Sankara.
Et si Defosso entrait dans l’histoire comme l’inspirateur de la grande révolution économique du continent ! C’est vraisemblablement le souhait de plusieurs Africains qui ont besoin des investisseurs locaux comme le Nigérian Aliko Dangote.