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Agriculture au Sanguié : de la restauration à l’agro-business, « tonton Djonny » fait ses preuves

Après une quarantaine d’années passées dans la restauration à Yamoussoukro et à Ouagadougou, Nébila Bamouni dit Tonton Djonny, ce passionné de la cuisine, est au fil du temps, en train de troquer ses louches contre la daba. Il partage ses journées entre son restaurant et son champ de riz de 17 hectares, qu’il exploite depuis maintenant une année à Tiogo-Mouhoun, un village de Ténado dans la province du Sanguié. Des difficultés il en rencontre, mais cela ne change en rien sa témérité et son engagement à « nourrir » les burkinabè depuis le champ jusqu’à l’assiette.       

Las de la monotonie du métier de restaurateur qu’il exerce depuis maintenant une quarantaine d’années, Nébila Bamouni dit Tonton Djonny, a fini par épouser le travail de la terre, qui constitue pour lui une nouvelle vie. Animé et motivé par le leitmotiv du ‘’produire ce que nous consommons’’, notre magnat de la restauration a fini par se lancer dans l’entrepreneuriat agricole. « Tout va ensemble », lance Mr Bamouni, en expliquant : « Le riz occupe une grande place dans les habitudes alimentaires des burkinabè, et c’est pratiquement le premier aliment dans la restauration. Notre riz produit localement est bio et très riche en nutriment ». On aura plus besoin d’acheter du riz, si nous parvenons à produire ce que nous allons consommer, ajoute-t-il, avant de laisser entendre que son action s’inscrit dans la cadre de l’atteinte à la sécurité alimentaire dans le pays des Hommes intègres.

« En dehors de son restaurant, il passe son temps dans son champ de riz de  17 hectares »

 Pour rejoindre le champ de Nébila Bamouni situé à Tiogo-Mouhoun, il faudra parcourir une quarantaine de kilomètres sur l’axe Koudougou – Dédougou. Là-bas, il exploite une superficie de 17 hectares de riz. On y trouve également du maïs. « Le riz a besoin de beaucoup d’eau ; alors qu’il y a des parties du champ où il ne fallait pas mettre le riz, en raison de l’élévation du sol à ce niveau. Donc là-bas j’ai semé du maïs ».

A côté de tout cela, Mr Bamouni mûrit l’idée sur le long terme, de transformer son champ en une plantation d’anacardiers. Et il se donne les moyens d’y arriver. Déjà en 2019, il a mis en terre 6 000 pieds d’anacardiers contre 1 090 pour cette année, et projette en planter 4 000 l’année prochaine ; avec un objectif de 15 000 plants.

Pour aussi pratiquer la culture de contre-saison, notre agro-business man s’est doté d’un château d’eau alimenté par des panneaux solaires. Pour le fonctionnement de son exploitation agricole, il se fait juste aider par un employé chargé de surveiller le champ. Faute de moyens, il engage une main d’œuvre de façon ponctuelle, et souvent il se retrouve avec plus 80 personnes.

« Des difficultés il en existe, mais agro-business man se donne les moyens d’y arriver »

En dépit de l’engagement et de la volonté de notre agriculteur modèle, celui-ci dit se sentir délaissé par le ministère en charge de l’agriculture, car n’ayant pas reçu d’appui technique de sa part. Après les avoir approchés pour bénéficier de l’engrais subventionné, la requête de Mr Bamouni s’est montrée infructueuse : « A la dernière minute, ils m’ont fait savoir qu’ils n’ont pas reçu assez d’engrais ». Donc je me suis saigné finalement pour acheter 40 sacs d’engrais qui ont été appliqués au moment du désherbage », a-t-il laissé entendre.

 Le besoin de 30 sacs d’engrais se fait toujours sentir pour notre agriculteur, qui doit les appliquer à l’étape de la floraison du riz ; attendu d’ici le15 du mois de septembre. Tous ces efforts devraient lui permettre de procéder à la récolte à partir de la mi-octobre, si la pluviométrie est favorable. Mais il y a de quoi se réjouir par ce que dame pluie est clémente pour l’instant, selon ‘’Tonton Djonny’’. Il affiche de ce fait un esprit de confiance que la moisson sera bonne, tout en projetant au moins une récolte de 6 tonnes à l’hectare.

« La passion du père a fini par épouser sa fille »

C’est aussi grâce à l’encouragement de son entourage et au soutien de sa famille, que notre entrepreneur agricole arrive parfois à surmonter la pente, confie Nébila Bamouni, « C’est vrai que je n’ai pas une aide extérieure, mais ils me disent, Djonny fait-le et ce qui pourra nous aider c’est de tout faire pour rentabiliser cet investissement ».  A côté de ses admirateurs, il y a Dominique Bamouni, sa fille. Installée à Ouagadougou pour ses études, celle-ci, était en visite improvisée le mercredi 2 septembre dans le champ de son papa.  « Je le sais très passionné pour la restauration, mais de là à venir dans le travail du sol, je dirais que c’est un tout par ce qu’on va passer maintenant de la production à l’assiette. C’est vraiment complet », se réjouit-elle. La passion du père a fini par épouser sa fille, qui, elle aussi a voulu épingler l’agriculture à ses études de master en santé public, « j’ai 4 hectares déjà, et je veux produire des papayes, des tangelos et des épices ».  Donc c’est une relève assurée, conclut-elle.

Abdoul Aziz KABORE (Correspondant)

nicolas bazie

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