Annegret Kramp-Karrenbauer, surnommée « AKK », est la nouvelle secrétaire générale de la CDU, le parti d’Angela Merkel. C’est également la favorite pour succéder à la chancelière allemande qui prépare sa succession.
Annegret Kramp-Karrenbauer est une quinquagénaire de 55 ans souvent présentée comme une « mini » Merkel en raison de la proximité entre les deux femmes. Mais aussi par un style proche : pragmatisme, pas d’effets de manche et une solide maitrise des dossiers.
« AKK » a une longue carrière politique derrière elle dans la petite région de la Sarre à la frontière avec la France. Elle a été ministre de l’Intérieur, de la Famille, de l’Education mais aussi du Travail. Depuis 2011, Annegret Kramp-Karrenbauer dirige le Land de Sarre. Elle a dirigé une coalition « jamaïcaine » avec les verts et les libéraux. Elle est aujourd’hui à la tête d’une grande coalition et a été réélue avec brio avec 40 % des suffrages pour la CDU l’an dernier à un moment où le SPD, grâce à Martin Schulz, espérait bien reprendre la région.
« AKK » est alors vice-présidente de la CDU où elle est très populaire. C’est une catholique, contrastant avec la protestante et fille de pasteur Angela Merkel qui devient secrétaire général. La chancelière, euphorique hier, affirmait tout d’abord que « AKK » serait la première femme à occuper ce poste avant de se reprendre, provoquant l’hilarité des journalistes. « Ah non, la première c’était moi ». C’était il y a vingt ans.
Une nomination sous forme de surprise
Jamais un ministre président ou un responsable de poids n’était devenu secrétaire général, un poste dévolu d’ordinaire à des personnes moins expérimentées. « C’est un coup génial d’Angela Merkel » d’après le quotidien de centre gauche Süddeutsche Zeitung. Annegret Kramp-Karrenbauer, forte de son expérience et de son autorité, doit être plus générale que secrétaire contrairement à son prédécesseur.
Angela Merkel, critiquée pour un accord de grande coalition qui ferait la part belle aux sociaux-démocrates, se remet en selle. « AKK » a un profil susceptible de plaire aux différentes ailes de la CDU. Elle veut, comme Merkel, que la CDU reste au centre et ne prenne pas de virage à droite. Elle est plutôt à gauche sur les questions sociales et a soutenu l’introduction d’un salaire minimum et les quotas pour les femmes. Mais cette catholique est plus conservatrice sur les questions de société. Elle était hostile à l’ouverture du mariage pour les homosexuels et s’oppose à la publicité pour l’avortement. Les personnalités critiques d’Angela Merkel ont salué hier cette désignation qu’un congrès de la CDU doit entériner lundi prochain.
Annegret Kramp-Karrenbauer, future chancelière allemande ?
Annegret Kramp-Karrenbauer faisait déjà figure de favorite avant sa nomination au poste de secrétaire générale de la CDU, mais on l’attendait plutôt au gouvernement. Avec son nouveau poste, elle devrait avoir plus de marge de manœuvre que ses prédécesseurs, elle pourra ressouder le parti et lui donner un nouveau programme. Ce poste lui permet également d’asseoir sa notoriété au niveau national.
Depuis douze ans, on ne compte plus les personnalités qu’Angela Merkel a mis sur la touche au sein de la CDU ou qui ont, volontairement, ou non, jeté l’éponge. Cette fois, la chancelière affaiblie qui entame sans doute son dernier mandat gère sa succession plutôt que de se la voir imposer. Annegret Kramp-Karrenbauer devra d’abord faire ses preuves comme secrétaire générale de la CDU pour prouver qu’elle peut devenir l’héritière d’Angela Merkel.
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