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ANGELA AQUEREBURU, LA SHONDA RHIMES TOGOLAISE

Showrunner derrière trois séries à succès et dirigeante de YoBo Studios, Angela Aquereburu est une figure montante du secteur de l’audiovisuel en Afrique francophone. Entretien.

« Je suis arrivée hier matin seulement ! », annonce la réalisatrice en déboutonnant sa doudoune. Enthousiaste et le regard assuré, Angela Aquereburu transmet, à travers un sourire spontané affichant ses dents du bonheur, la chaleur et le soleil du Togo. Son pays de naissance dans lequel elle vit depuis deux ans. À 41 ans, elle apporte un regard différent sur le continent noir et change le paysage audiovisuel de l’Afrique francophone par le biais de ses séries télévisées à succès : ZemPalabres, ou encore la dernière en date, Hospital IT, produite par Côte Ouest Audiovisuel.  Pourtant, rien ne la destinait à se retrouver derrière une caméra.

Après avoir fait une partie de sa scolarité au Togo et en Guadeloupe –  île d’origine de sa mère – Angela Aquereburu s’est envolée pour la capitale française. Diplômée de l’Ecole supérieure de commerce de Paris ( ESCP), elle a officié dans les Ressources Humaines, convaincue que c’était sa voie.

En 2008, lors de vacances au Togo en compagnie de son ambitueux comédien de mari, Jean-Luc Rabatel, elle ouvre les yeux sur une réalité : il n’y a que des télénovelas à la télé. Le champ est libre… comparé au milieu du cinéma saturé à Paris. « Mon père nous a dit qu’on était capables de créer quelque chose de bien. De plus, mon mari souhaitait réaliser un format court sur les taxis parisiens. On s’est dit que ça serait pas mal d’adapter ce sujet au Togo avec les taxi-motos qu’on trouve dans tout le pays ».

Une idée judicieuse transformée en 26 épisodes de 5 minutes présentés au Discop Africa à Dakar l’année suivante, en février 2009.

« Au départ les dirigeants de Canal + étaient un peu sceptiques mais finalement ils ont commandé la série appelée Zem… » Une aventure enrichissante venait de commencer !

Vous ne connaissiez rien au domaine de l’audiovisuel mais vous vous êtes quand même lancée. Qu’est-ce qui vous a poussée à embrasser une carrière de réalisatrice ?

Il y a quelques années, j’avais fait un bilan de compétences. Les voies qui s’offraient à moi étaient soit les ressources humaines ou la carrière artistique alors que je ne disposais d’aucune expérience dans ce domaine. Lorsque mon mari m’a proposée de le suivre dans cette aventure et de l’aider dans la partie administrative grâce à mes compétences acquises durant ma formation d’entrepreneure à l’ESCP, j’étais hésitante. Finalement, je suis allée bien au-delà de la partie administrative !

Petite, j’ai toujours été attirée par le domaine artistique : danse, chant, piano, dessin et écriture. 20 ans plus tard, je me rends compte dans l’exercice de mon métier que c’était déjà en moi. Aujourd’hui, je réalise et je dirige mes comédiens assez naturellement, sans grande difficulté.

Vous avez d’ailleurs constitué un pool d’acteurs par le biais de YoBo Studios car il n’existe pas – à proprement parler – d’école de formation professionnelle d’acteurs au Togo…

Oui, ce sont des personnes que j’ai identifiées et avec lesquelles je vais tout le temps travailler. Ce ne sont pas des professionnels alors on les forme. Ils finissent par grandir, gagner en fluidité et en professionnalisme. Par exemple, la comédienne Nastia Hunlede qui incarne Tanya dans Hospital IT a déjà collaboré avec moi sur Palabres en 2012. J’ai vu le potentiel de cette actrice qui, je le répète, n’est pas une professionnelle.

Sur chaque tournage, je prévois toujours trois semaines ou un mois de coaching quotidien. On prend les textes ensemble et on les travaille. Je dirige les acteurs pour ne pas que ça sonne faux, pour ne pas qu’ils récitent. Je ne veux pas que ça soit surjoué… C’est souvent ce qu’on reproche aux séries africaines

 

Bernard HIEN

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