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Anxiété, déprime… Conseils pour mieux vivre l’épidémie du coronavirus

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Le psychiatre Antoine Pelissolo décrit trois sources d’angoisse. La première, c’est la peur liée à l’épidémie : peur d’être contaminé, peur d’être malade, tant pour soi-même que pour ses proches. Cela concerne tout le monde mais encore davantage les personnes sensibles, avec des profils hypocondriaques. De même que les personnes naturellement inquiètes vis-à-vis des microbes, le sont encore davantage aujourd’hui. « Le problème, c’est que la toux et les sensations de chaleur, qui font partie du tableau clinique du coronavirus, sont parfois aussi des symptômes de l’anxiété. C’est pourquoi, si l’on se focalise sur ces signes physiques, on risque de les voir s’amplifier et de se convaincre de la présence d’un trouble respiratoire alors qu’en réalité, cela est lié à la peur. »

En parallèle, l’obligation de confinement est elle aussi, source de souffrance et d’inquiétude, en particulier pour les personnes seules, ou celles qui ont besoin de s’appuyer sur les autres. Et à l’inverse, « les personnes qui cohabitent à plusieurs dans un même logement, peuvent avoir l’impression d’étouffer et de manquer d’intimité. »
Enfin, troisième source d’angoisse, celle de l’incertitude. « C’est sans doute celle qui prend le dessus sur tout, c’est un vrai carburant pour l’angoisse ! », selon le spécialiste. L’incertitude revêt plusieurs formes : celle de l’avenir, de la durée de l’épidémie, des conditions de sortie du confinement, de la situation économique, du travail, des projets… « Tout le monde y est sensible, mais les personnes de nature anxieuses et angoissées pour l’avenir et qui sont plus sujettes à la somatisation, ont sans doute plus de difficultés dans ce contexte. »

Insomnies, angoisses, TOC… Quels symptômes en découlent ?

Cette incertitude peut prendre la forme de véritables symptômes, principalement des insomnies nocturnes et des angoisses récurrentes. Ces dernières se manifestant par des ruminations, c’est-à-dire des questions qui reviennent sans cesse en tête au cours de la journée, ainsi que par des somatisations diverses : tension nerveuse, musculaire, troubles digestifs, etc.

Quant à la crise d’angoisse, le psychiatre la définit comme un moment de peur très intense et brutal, qui s’auto-entretient. Elle s’accompagne de symptômes physiques : malaise, impression d’étouffement, etc. qui eux-mêmes font monter le stress et aggravent encore les symptômes. « A la peur d’avoir un problème de santé vient s’ajouter la peur d’avoir peur », explique Antoine Pelissolo. Les crises d’angoisse touchent plutôt des personnes jeunes entre 20 et 30 ans, rarement plus tard. Et en cette période de confinement, les personnes claustrophobes. Mais, rassure encore le psychiatre, il faut savoir que « même si ces crises d’angoisse sont pénibles, cela n’est jamais dangereux physiquement ».

Les personnes sujettes aux troubles obsessionnels compulsifs (TOC), peuvent les voir accentués. « Les précautions d’hygiène, si elles sont indispensables, peuvent alors devenir excessives, jusqu’à s’abîmer les mains à force de se les laver et surtout à y penser en boucle, tout le temps, à tel point de ne plus pouvoir rien faire d’autre. »
Dans un deuxième temps, peuvent également apparaître des symptômes dépressifs, surtout pour des personnes qui ont déjà une fragilité dépressive. « Ce stress permanent crée une sorte d’usure, observe le psychiatre. De même que l’absence des activités habituelles, des projets d’avenir, des liens sociaux… Il peut y avoir une démoralisation et une évolution vers la dépression. » Avec en conséquence, souligne-t-il encore : des risques d’excès, d’alcool et de tabac notamment pour combler l’ennui et le stress.

Enfin, dans les familles confinées dans lesquelles il y a déjà des conflits plus ou moins latents, les tensions peuvent se voir exacerbées dès lors qu’il s’agit de mettre en place un emploi du temps ou d’organiser le quotidien. « Cela peut générer des conflits voire provoquer des réactions d’agressivité et de violence ».

Les conseils pour vivre au mieux l’incertitude et le confinement

La gestion de son emploi du temps est indispensable, conseille Antoine Pelissolo. « Il faut conserver un maximum d’activités, même si cela nécessite d’avoir de l’imagination du fait que l’on ne peut pas sortir ». Et alterner les sources de plaisir entre activités de détente, activité physique, activités en commun… Mais aussi activités en solo pour maintenir des moments pour soi à l’écart des autres. « Il est important de maintenir un espace propre ».

Une vision « au jour le jour » : penser à court terme en se concentrant sur le moment présent

Le maintien d’une hygiène de vie : se lever à heures fixes, limiter les consommations d’alcool et de tabac, bouger régulièrement, continuer à se faire plaisir au moment des repas. Mais aussi : ne pas oublier la lumière, très importante pour l’humeur. « Même si on sort peu, on peut faire entrer le soleil en ouvrant les fenêtres par exemple. »
Ne pas hésiter à utiliser les nombreux outils disponibles (applis, supports internet ou vidéo), pour s’initier à des exercices de respiration et de méditation. Objectif : se relaxer !A user sans modération, y compris avant de s’endormir. « Il est préférable de faire un peu de respiration lente plutôt que de prendre un somnifère. »
En cas de crise d’angoisse, la sophrologie est conseillée. Pour se calmer, on peut faire des exercices de respiration lente, en évitant de se focaliser sur les symptômes physiques, pour se concentrer sur sa respiration ou sur une partie du corps. Se détendre, se dire que cela va passer.

Déconnecter des sources d’information en continue qui peuvent être anxiogènes. On peut évidemment se tenir au courant deux fois par jour par exemple, mais il ne faut pas se laisser submerger.
Se rassurer vis-à-vis des idées irrationnelles liées au virus. Il ne faut pas hésiter à partager ses inquiétudes à son entourage voire à un professionnel, qui pourra rationnaliser les choses. « Rappelons que a priori si on respecte bien les gestes barrière et le confinement, le risque de tomber malade est quand même très faible, celui d’avoir une forme grave l’est encore plus. »

Se dire que cela va passer et qu’il y aura forcément une fin à ce confinement. « Par mentalisation, on peut changer notre ressenti par rapport à cette situation. Il s’agit en somme de se convaincre et de positiver : plutôt que de subir la situation, on peut faire en sorte de faire comme si on l’avait choisie. »

Comprendre que ces émotions -peur, anxiété, colère, frustration- sont humaines. Aussi, souligne le psychiatre, « il ne faut pas vouloir à tout prix les éteindre et les chasser de soi, parce que plus on les évite, plus elles amplifient et c’est là que se créent des tensions ». Et de compléter : « il faut au contraire les accueillir, les laisser s’exprimer. C’est une disposition de l’esprit d’accepter, de s’ouvrir à des choses plus positives en gardant à l’esprit que l’on peut être à la fois inquiet tout en s’intéressant à un livre ou à un film afin que l’esprit ne soit pas uniquement envahi par la peur. »

Quand cela ne suffit pas… Quand consulter ? Un aide peut être nécessaire, soit parce qu’on avait déjà des troubles et que l’on a besoin d’être suivi. Dans ce cas, il faut maintenir les rendez-vous et ne surtout pas arrêter ses traitements, insiste le spécialiste. Les rendez-vous peuvent être maintenus par téléphone. Pour les personnes qui n’étaient pas suivies, il ne faut pas hésiter à un joindre un thérapeute (psychiatre ou psychologue clinicien). En plus du numéro vert (0.800.130.000), qui peut orienter vers des réseaux de soutien psychologique, une plateforme officielle (Covid Ecoute) ouvrira dans les prochains jours pour proposer des consultations gratuites avec des thérapeutes habitués à la gestion du stress à distance.

Wendemi Annick KABORE

Annick KABORE

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