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Troquant leurs robes bordeaux pour des chaussures de course, sept moines bouddhistes s’élancent en short et T-shirt dans un jogging à travers les somptueuses collines entourant leur village isolé au pied de l’Himalaya népalaise.
Ces aspirants à l’ultra-marathon espèrent, par leur performance sportive, attirer la renommée sur leur petite localité et y rapporter des financements pour reconstruire les maisons détruites par le violent séisme d’avril 2015, qui avait fait environ 9.000 morts.
« Nous pouvons décrocher beaucoup d’opportunités à travers la course et espérons accomplir quelque chose grâce à notre équipe de moines – faire connaître notre village et amener le développement ici. Voilà pourquoi nous courons », explique Man Bahadur Lama, 21 ans, le plus rapide de la bande.
La bande a participé à sa première course il y a deux ans, un trail de 30 kilomètres, mais n’a à ce jour pas encore remporté de médailles.
Pour la plupart âgés d’une petite vingtaine d’années, ces religieux se plient à un régime strict: prières le matin puis départ pour les collines, où ils parcourent chaque après-midi jusqu’à 40 kilomètres.
Dans le village de Sindhukot, sis non loin de la capitale Katmandou, la vie est fruste et dure. Comme nombre de communes rurales, elle paraît coupée du monde moderne. L’école la plus proche est à deux heures de marche, les commerces se trouvent dans un village voisin.
Beaucoup de familles bouddhistes au Népal choisissent d’envoyer au moins un de leur fils au monastère local, où ils sont nourris, vêtus et éduqués – soulageant ainsi les parents de ce fardeau financier.
Man Bahadur Lama est rentré dans les ordres à l’âge de huit ans. En raison de la destruction du monastère dans le séisme de 2015, il vit cependant ces derniers temps dans sa famille. Un grand abri de tôle ondulée fait office de structure pour les offices.
Pour son coreligionnaire Mingma Lama, leur vie monastique et montagnarde les prédispose à courir des marathons: « chaque jour nous montons et descendons des collines. Nous devons souvent marcher loin. Donc courir n’était pas trop dur pour nous », dit-il.
– ‘Pas de chaussures adaptées’ –
Ces moines himalayens ne sont pas les premiers de leur genre à repousser leurs limites physiques. Au Japon, les fameux « moines marathoniens » du mont Hiei doivent parcourir des distances phénoménales sur 1.000 jours répartis sur plusieurs années. À la différence notable que ces ascètes jusqu’au-boutistes visent l’éveil spirituel, et non l’argent d’un prix.
MingmaGyalbo, un membre du monastère qui organise des courses à proximité, estime que les jeunes religieux népalais ont du talent mais manquent d’encadrement pour exceller.
« Ils n’ont pas d’expertise technique, pour leur régime alimentaire par exemple, et n’ont même pas de chaussures adaptées pour courir », raconte-t-il.
Les trails et ultra-marathons gagnent en popularité au Népal, dont le relief se prête à de telles prouesses sportives extrêmes.
Cette nation pauvre enclavée entre l’Inde et la Chine accueille désormais une poignée de compétitions chaque année, notamment le plus haut marathon du monde qui débute au camp de base de l’Everest, à 5.364 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Quelques coureurs népalais ont conquis une notoriété internationale, comme l’ancien enfant-soldat Mira Rai. Celui-ci a récemment remporté le Ben Nevis Ultra (52 kilomètres) en Écosse et nommé « aventurier de l’année » par l’organisation National Geographic.
« J’étais assez impressionné lorsque j’ai appris que ces moines couraient », témoigne ShekharPandey, organisateur d’un marathon à Lumbini, lieu de naissance de Buddha dans le sud du Népal.
« Ils sont très motivés et travaillent dur, ils s’entraînent par eux-mêmes. Ils sont très jeunes et s’ils s’entraînent bien, ils ont un bon potentiel ».
https://www.afp.com/fr/infos/335/au-nepal-des-moines-troquent-la-robe-pour-des-chaussures-de-sport-doc-11x5dy1
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