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Pour la première fois depuis seize ans, une mission de l’Union européenne (UE) a été autorisée à quadriller le pays pour valider le bon déroulement des élections.
La dernière fois, en 2002, son chef, le Suédois Pierre Schori, avait été expulsé un mois avant le vote sur ordre du président de l’époque Robert Mugabe, qui l’avait accusé d’avoir pris fait et cause pour ses adversaires.
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Cette année le ton a changé. L’autocrate est tombé en novembre après trente-sept ans de règne et de scrutins émaillés de violences et de fraudes. Son successeur Emmerson Mnangagwa, en quête de légitimité démocratique et d’investissements, a invité les Occidentaux à revenir.
A Nyatsime, une petite bourgade blottie au milieu des rochers à une trentaine de kilomètres de la capitale Harare, les Européens prennent le pouls des électeurs.
Leur premier « client » est loin d’être satisfait. « L’enregistrement sur les listes a été un peu difficile », regrette Sharai Jinjika, un vendeur de briques, « j’ai attendu toute la journée ».
« La mère de mon enfant n’a pas pu s’inscrire », poursuit-il en poussant sa charrette lestée de deux bidons d’eau. « On lui a dit que sa carte d’identité n’était pas valide et qu’elle devait aller à Makoni (140 km de là), mais c’est beaucoup trop loin ».
Résultat, elle ne votera pas lundi prochain.
‘Pressions’Est-ce que les candidats sont venus faire campagne ? », l’interroge un observateur. « Oui, plusieurs. Certains ont distribué de la nourriture », ajoute l’ouvrier.
L’observateur prend note. Le chef de l’opposition Nelson Chamisa a précisément accusé mercredi le parti au pouvoir, la Zanu-PF, de se livrer à ce genre de cadeaux pré-électoraux.
Des incidents à rapporter ? « Bien sûr il y en a eu, mais cette année, ils sont peu nombreux », assure Sharai Jinjika.
Pendant la plupart des années Mugabe, intimidations, violences et manipulations en tous genres ont été le lot commun de toutes les consultations électorales.
En 2008, le candidat de l’opposition Morgan Tsvangirai, arrivé en tête du premier tour devant Robert Mugabe, a préféré se retirer de la course pour mettre un terme aux bastonnades en règle dont ses partisans étaient les victimes.
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M. Mnangagwa a promis de tirer un trait sur ces pratiques.
« Avez-vous reçu des pressions d’un candidat ou d’un parti ? « , s’enquiert un des observateurs, identifiable à son gilet grêlé des douze étoiles de l’UE, auprès de Titus Machingauta, qui tricote des habits de nourrissons.
« Pas ici à Nyatsime », assure le père de famille. « Mais il y a trois semaines, j’étais à Gokwe (à 360 km à l’ouest, un des fiefs du parti au pouvoir, la Zanu-PF). Des gens étaient réunis et on leur disait de voter pour un parti ».
L’électeur ne précisera pas le nom du parti qu’il accuse mais les agents prennent note, scrupuleusement.
Rassurer
Avec 100 personnes chacune, l’UE et une mission américaine conjointe de l’Institut national démocratique (NDI) et de l’Institut républicain international (IRI) affichent le déploiement le plus important d’observateurs.
Le double des effectifs déployés par la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et de l’Union africaine (UA), qui n’ont jamais été bannies du Zimbabwe.
« Il y a eu volontairement une petite mobilisation de l’UA et de la SADC » alors que leurs conclusions ont plus de poids à l’échelle du continent, s’inquiète Piers Pigou, chercheur à International Crisis Group (ICG).
« Il sera essentiel de relever les points communs et les différences entre les conclusions de l’UA et la SADC d’une part, et celles de l’UE d’autre part », estime-t-il.
Leur présence, en tout cas, rassure Titus Machingauta. « Ca crée un climat de confiance et de crédibilité pour les élections ».
« Nous ne prétendons pas que notre présence rend toute fraude impossible mais nous pensons qu’elle peut dissuader et rendre plus difficiles les manipulations », estime le patron de la mission américaine, Larry Garber.
Mark Stevens, numéro 2 des observateurs de l’UE, se veut plus prudent. « Il faut être réaliste sur le travail des observateurs », met-il en garde. « Ils ne peuvent pas assurer que les élections seront crédibles. Les élections sont organisées par les autorités zimbabwéennes », insiste le responsable.
« Notre boulot, c’est de faire une évaluation en fonction des standards internationaux », conclut Mark Stevens. Pas plus.