Il s’appelle Tiendrébéogo Félix (TF) un mécanicien retraité de la CFAO. Après sa retraite, il a créé son entreprise pour mettre son expérience de plus de vingt-ans au profit de jeunes passionnés pour le métier de la mécanique moto. Une autre vie qui est née de sa passion pour ce métier qui fait de lui une particularité dans son domaine. FasoPiC l’a rencontré dans son atelier dénommé « Garage YAMAHA » situé au centre-ville non loin du siège de la Sonabel de Bobo.
FasoPiC: Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à créer ce garage ?
Tiendrébéogo Félix (TF) : Après la retraite, je ne pouvais pas rester à la maison les bras croisés sans rien faire. Je pouvais bien investir dans d’autres domaines, mais vu l’expérience que j’ai acquise, il était donc une nécessité pour moi d’ouvrir ce garage et partager mon expérience avec tous ceux qui sont motivés pour apprendre le métier de mécanicien. C’est pour vous dire que le savoir que j’ai acquis doit profiter également à d’autres personnes.
FasoPiC : Depuis quand avez-vous créé ce garage ?
T F : Avant de répondre à votre question, je vais vous dire que le métier de mécanicien me passionne depuis mon tendre enfance. Et le Ciel sachant faire les choses, Dieu m‘a orienté vers CFAO où j’ai travaillé comme mécanicien. C’est donc après ma retraite que j’ai ouvert cet atelier en 2005.
FasoPiC: Avez-vous bénéficiez d’un soutien pour ouvrir votre garage ?
T F : Oui. C’est avec l‘appui de la CFAO qui d’ailleurs a construit ce hangar afin que je puisse travailler en toute tranquillité.
FasoPiC: Quelles sont les différentes marques de motos que vous réparez ici ?
T F : Ce sont généralement les motos de marque Yamaha et bien avant ma spécialité c’était les grosses motos qui sont devenues rares aujourd’hui. Quel que soit le type de Yamaha que les clients m’apporteront ici, ils repartiront satisfaits.
FasoPiC: Est-ce qu’il vous arrive souvent d’être confronté à des difficultés dans votre entreprise ?
T F : Evidemment. Les difficultés n’en manquent pas surtout côté clients quand bien même qu’ils apprécient mon travail. Ils sont souvent exigeants au niveau des pièces qu’on rechange. Pourtant le problème ne se situe pas à notre niveau car les pièces vendues au marché ont généralement une durée de vie. Mais quand je leur explique c’est souvent difficile de comprendre et ils préfèrent les pièces originales qui sont souvent en rupture à la CFAO où je m’approvisionne car j’y suis agrée.
FasoPiC: Quelle est la fréquence clientèle journalière ?
T F : Je ne peux pas donner une estimation exacte car c’est un mouvement de va et vient et cela va avec la réalité des temps. Souvent il peut arriver qu’il n’y ait pas de place pour les motos. A ce sujet, je peux dire la fréquence journalière est satisfaisante.
FasoPiC : Qu’est ce qui fait votre particularité dans la ville ici ?
T F : Je dirai que c’est le sérieux dans ce que je fais et surtout le sacrifice que je fais pour mes clients. En plus, j’ai une équipe dynamique que vous voyez à la tâche tous motivés. Ils sont plus de dix(10) apprentis. Pour moi, dans une entreprise quelle que soit sa taille, un patron doit faire de la motivation de ses employés un objectif car sans la motivation il est difficile d’avoir un bon rendement qui est le but de survie même d’une entreprise.
FasoPiC : Y a-t-il une rémunération pour vos employés ?
T F : En temps normal, cela devrait être versé mais ce n’est pas toujours le cas. Le groupement des mécaniciens(AMEB) avait souhaité que les parents versent un montant de cent mille(100000) francs afin que les patrons puissent venir en aide aux apprentis durant leur formation. Malheureusement ce n’est pas le cas et malgré tout je fais de mon mieux en leur donnant ce que j’appelle le prix de savon car ils sont également des êtres humains avec des besoins.
FasoPiC : Avez-vous fixé des conditions pour intégrer votre entreprise?
T F : Il n’y a pas de conditions particulières. Mais la volonté d’apprendre doit animer celui qui vient à nous. Une fois que l’apprenti intègre le garage, il est soumis à un contrat d’apprentissage de trois(3) ans avec deux ans de perfectionnement donc cinq(5) ans. Cette période écoulée, l’élève-apprenti peut donc décider de créer son entreprise. Et à mon niveau je l’accompagne dans la mise en place de son entreprise. Il faut également ajouter que durant les cinq(5) années d’apprentissage, nous sommes appuyés par le centre des ouvriers de Bobo où les apprentis ouvriers suivent une formation théorique de trois(3) heures par semaine.
FasoPiC : Quel message avez-vous à lancer a vos semblables et aux jeunes ?
T F : Mon premier message s’adresse aux personnes expérimentées qui sont à la retraite. Ils doivent partager leur expérience avec les jeunes en créant des entreprises dans leur domaine de compétence. Il ne faudrait pas tout voir en gain financier, car l’expérience qui profite à une entité est un grand pas vers le développement. Ne pas mettre son expérience au profit de ceux qui en ont besoin, ne fera qu’agrandir l’écart entre le développement et le sous-développement. Avec ce genre de mentalité, le chômage sera toujours une réalité sous nos tropiques.
Quant au second message, il s’adresse à la jeunesse diplômée ou pas diplômée, lettrée ou illettrée. Entreprenariat privé est le chemin le plus sûr vers un développement. Mais on constate que chez nous, ce n’est pas le cas. Tous les diplômés veulent un emploi dans la fonction publique au détriment de l’entreprenariat privé. Il faudrait que nous cultivions cette mentalité dans nos pays.
Propos recueillis par K.M.Y(Correspondant)