Sans gros moyens financiers, Bonzi Jeanne (B.J) s’est investi dans la teinture après avoir arrêté ses études en classe de 3ème. Dans ce métier qu’elle a embrassé avec passion, Jeanne, grâce à sa détermination fait son petit bonhomme de chemin dans un milieu où la concurrence sur le marché est souvent rude. Nous l’avons rencontré dans son entreprise de teinture à domicile au secteur 5 de Bobo-Dioulasso.
FasoPiC (FP): Qui est mademoiselle Bonzi Jeanne ?
Bonzi Jeanne (B .J) : Je suis Bonzi Jeanne et je suis une teinturière sans diplôme parce j’ai arrêté mes études en classe de 3eme.
FasoPiC : Pouvez-vous nous expliquer comment vous êtes venue à la teinture ?
B .J : Je peux dire que c’est une question de volonté et vue que je suis sans diplôme je ne pouvais pas rester sans rien faire comme certaines personnes le font. J’ai voulu également m’orienter dans la vie active en faisant la teinture. Et également grâce à certains conseils que j’ai reçu, je dirai même que ces conseils ont transformé ma volonté en passion pour que je prenne à-bras le corps ce travail.
FasoPiC : Combien d’année vous avez passé en apprenant ce métier ?
B .J : En pratiquement un an. J’avais déjà toutes les qualités qu’il faut pour être habile dans la tâche car la passion pour ce qu’on fait est comme le cœur dans le fonctionnement de l’organisme humain.
FasoPiC : Et comment avez-vous été propulsée dans ce que vous faites ?
B .J :C’est grâce au projet de formation cinq mille(5000) jeunes que je suis venu ici à Bobo. Et C’est après ma formation en 2008 que j’ai personnellement décidé de parfaire ma formation auprès d’une femme qui faisait également la teinture dans une association de la place pour démarrer mes activités en 2009.
FasoPiC : Après votre formation vous avez reçu un financement pour démarrer vos activités ?
B .J : Oui, j’ai reçu un financement mais pas un gros financement comme on le pense. Le financement a été fait grâce à une tante qui m’a dit de faire un devis des produits dont j’avais besoin pour commencer, et c’est après ce devis que je lui ai présenté qu’elle m’a fait le financement.
FasoPiC : Qu’est-ce que vous fabriqué en tant que teinturière ?
B .J : Quand j’ai vu que beaucoup de personnes n’étaient pas trop intéressées par la fabrication des nappes et napperons, j’ai automatiquement décidé de choisir cette branche pour faire la différence.
FasoPiC : Est-ce à dire que vous avez peur de la concurrence ?
B .J : Je dirais non car dans tous les domaines il y a des concurrents et c’est la manière dont vous allez vous différencier de vos concurrents qui vous fera gagner des bénéfices et cela dépend de la volonté et de votre vision de la réalité liée au marché.
FasoPiC : Quel est le processus de fabrication d’une nappe ?
B.J : Il faut d’abord avoir la matière première qui est le tissu et ensuite il faut le découper en fonction des différentes dimensions de la table. Après le découpage il faut passer au lavage avec de la bougie et ensuite mettre les tampons en fonction des dessins. Toute cette phase terminée, on passe maintenant à celle de la teinture et faire sortir la bougie pour éviter de faire disparaitre les dessins .Puis suit le séchage et enfin l’emballage après que le couturier ait fini de faire le roulet.
FasoPiC : Combien de nappes pouvez-vous fabriquer par jour ?
B .J : je peux fabriquer plus de vingt(20) nappes de six(6) couverts et de huit(8) couverts. Mais en saison pluvieuse il est difficile d’atteindre ce nombre.
FasoPiC : Quel est le prix d’une nappe ?
B .J : Le prix varie en fonction de la dimension. Il varie entre huit(8) mille francs pour une nappe de six(6) couverts et neuf (9) mille francs pour une nappe de huit(8) couverts.
FasoPiC : Combien de nappes vous vendez par jour ?
B.J : Ici je ne parle pas en termes de rendement journalier car je vends sur commande et parfois la demande peut augmenter et je livre dans un délai voulu par le client.
FasoPiC : Qui sont vos principaux clients ?
B.J : Mes gros clients sont les restaurants, les hôtels et les cérémonies de mariage et souvent il y a des familles qui font la commande pour la maison.
FasoPiC : Quel est le secret qui vous a permis de percer dans ce domaine ?
B.J: Au départ je vous avais dit que c’est après un constat fait que je me suis penché pour la fabrication des nappes. Et lorsque j’ai commencé j’ai mis une technique prix pour attirer la clientèle au départ et vous savez que tout le monde aime le travail bien fait et aussi la qualité avec un prix abordable. Avec la situation économique dans le monde j’ai étudié une fourchette de prix qui pourrait faire perdre une grosse part de marché à mes concurrents. Et la stratégie a donné ses fruits.
FasoPiC : Vous avez souvent des difficultés dans votre entreprise ?
B.J : Absolument oui. La plus grosse difficulté, c’est surtout un problème de fonds d’appui car même si j’arrive en m’ensortir dans ce que je fais, j’ai besoin d’un fond d’appui pour exercer dans de bonnes conditions. Vous voyez mon domicile est le siège de mon entreprise et avec les produits chimiques c’est dangereux pour les enfants. C’est le gros problème auquel je suis confrontée même si parfois il y a un problème d’écoulement de ce que je fabrique après les commandes.
FasoPiC : Avez-vous un message ?
B.J : C’est surtout un message appelant à un soutien financier pour que je puisse m’installer confortablement car de façon individuelle toute personne qui crée une entreprise joue sa part dans la lutte contre le chômage. Pour le moment je ne peux pas employer car je le fais à la maison ; mais une fois que je serai dans un endroit sécurisé pour mes activités, je pourrai employer des gens pour me faire aider et que je pourrai former également. Et pour terminer je dis surtout aux filles et aux femmes de nos jours que le bonheur est partout, de ne pas rester les bras croisés car nous avons dépassé les temps où seuls les hommes se battaient. Aujourd’hui le combat est à tous les niveaux.
K.Y.M (Correspondant)