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Alors que Ouagadougou est la cible de plus en plus fréquente d’attentats terroristes, zoom sur la stratégie sécuritaire mise en place par l’exécutif burkinabè.
Pour la troisième fois en deux ans, Ouagadougou a été la cible d’une attaque terroriste, le 2 mars. Dirigée contre l’état-major général des armées et l’ambassade de France au Burkina, elle a fait huit morts et confirmé que le pays se trouve dans le viseur des groupes armés qui sévissent au Mali. Le gouvernement a décidé de densifier le maillage sécuritaire dans le nord du pays, où environ 2 000 hommes sont déployés.
Mais ces attentats confortent aussi les autorités dans l’idée que la force ne suffira pas pour gagner la guerre contre le terrorisme. « Le meilleur moyen de répondre à ces attaques barbares, c’est d’associer le développement à la riposte militaire », explique le Premier ministre Paul Kaba Thiéba.
Face à ce constat, le Burkina a lancé en août dernier le Programme d’urgence pour le Sahel (PUS). Doté de 455 milliards de F CFA (694 millions d’euros), il s’étendra jusqu’en 2020 et est destiné à financer la construction de centres de santé, de routes, de bâtiments administratifs et d’écoles. De son côté, le Mali a annoncé son intention de consacrer 3,45 milliards d’euros à sa propre région nord.
« Apporter une réponse non militaire à cette question permet de réconcilier les populations locales avec l’armée, perçue comme une force d’occupation. Il s’agit aussi de donner aux Sahéliens le sentiment d’appartenir à la communauté nationale, car les terroristes exploitent les relents séparatistes », décrypte le politologue Abdoul Karim Saidou. Si près de 41 % des 18,1 millions de Burkinabè vivent au-dessous du seuil de pauvreté, cette proportion atteint 53 % parmi les 1,2 million de Sahéliens, selon l’Institut national de la statistique et de la démographie. En outre, leur taux d’accès à l’eau potable ne dépasse pas les 54 %.
L’an dernier, dans le cadre du PUS, le Burkina a engagé près de 77 milliards de F CFA pour la construction d’infrastructures destinées à réaffirmer la présence de l’État. Et une enveloppe de 155 milliards de F CFA est prévue pour 2018.
« En huit mois, nous avons engrangé des résultats tangibles », affirme Nicolas Kobiané, directeur des pôles de croissance et de compétitivité au sein du ministère de l’Économie. Ce spécialiste du développement local, qui assure la coordination du PUS, annonce des inaugurations courant avril. « Nombre de réalisations commencent à être visibles », se félicite aussi le maire de Dori, Aziz Diallo.
Ragaillardi par les bons résultats du complexe agro-industriel de Bagré, dans le Centre-Est, l’exécutif veut créer un pôle de croissance dans le Sahel. Il devra accroître les investissements dans le secteur minier et valoriser l’élevage dans une zone qui compte le plus important cheptel du pays (5 millions de têtes). Pour le financer, les autorités préparent une table ronde des bailleurs pour le mois d’avril.
Objectif : collecter 240 milliards de F CFA. L’UE a d’ores et déjà annoncé une aide de 50 millions d’euros, et la Banque arabe pour le développement économique en Afrique promet quelque 250 millions d’euros. Preuve supplémentaire de l’engouement des bailleurs internationaux pour ce programme, c’est au Burkina qu’ils ont décidé de lancer leur nouvelle Alliance pour le Sahel.
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