À la mort de Salif Diallo, le choix s’est naturellement porté sur Alassane Bala Sakandé pour diriger l’Assemblée. En poste depuis six mois, ce proche de Kaboré tente d’affirmer son style et son indépendance.
Pas simple de succéder à une telle personnalité. Figure emblématique de la politique burkinabè pendant plus de trois décennies, aussi bien tombeur que « faiseur » des rois de Ouaga, Salif Diallo est mort le 19 août 2017 à Paris, laissant vide le fauteuil de président de l’Assemblée nationale.
Pour le remplacer, un seul candidat s’était présenté : Alassane Bala Sakandé, 48 ans. En poste depuis six mois, celui-ci souffre inévitablement de la comparaison avec son défunt aîné. Moins influent, moins charismatique, moins redouté, mais aussi moins clivant et donc plus consensuel…
« Il est surtout beaucoup plus jeune que Diallo et n’a donc pas le même vécu. En comparaison, il affiche encore une certaine virginité politique », analyse Lassané Savadogo, secrétaire exécutif du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le parti du président Roch Marc Christian Kaboré, dont est issu Sakandé.
Le nouveau président de l’Assemblée est un proche de longue date du chef de l’État – certains vont jusqu’à dire qu’il est « son petit ». Il fait sa connaissance au tournant des années 1990, alors qu’il est étudiant à Ouagadougou. Après un début de carrière à la Banque internationale du Burkina, institution financière dirigée quelques années plus tôt par Kaboré, Sakandé devient conseiller municipal à la mairie de la capitale.
Au début de 2014, lorsque son mentor fonde le MPP, il décide de le suivre et quitte le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) de Blaise Compaoré. Moins de deux ans plus tard, le pari est payant. Kaboré entre à Kosyam, lui est élu député et devient président du groupe MPP à l’Assemblée.
Lorsque Salif Diallo décède brutalement, le choix de son remplaçant se fait naturellement. « Il était le seul cadre du parti à cocher toutes les cases », résume un député du MPP. Outre son expérience à la tête de la majorité, Sakandé a toute la confiance du président.
Comme Diallo, il est originaire de Ouahigouya (Nord), et est réputé pour son franc-parler, qui lui vaut parfois l’image d’une personne arrogante, voire cassante. « Il n’a pas froid aux yeux, poursuit notre député. Après la création du MPP, c’est lui qui a conduit la mission du parti à Ziniaré, le village natal de Compaoré. »
Pour Kaboré, oublié le temps des prises de bec avec Diallo, les relations avec son successeur sont plus apaisées, si ce n’est amicales. « Ils se voient ou s’appellent régulièrement », précise un collaborateur du président. À la mi-septembre, soucieux de ne pas paraître trop inféodé au chef de l’État, Sakandé assurait néanmoins qu’il « était là pour laisser son empreinte à la tête de l’Assemblée nationale » et qu’il n’avait « pas d’ordre à recevoir » de l’exécutif.
Pour l’instant, les députés se disent plutôt satisfaits de ses débuts et saluent sa volonté de s’inscrire dans la lignée de Diallo, qui voulait faire de l’Assemblée une institution forte jouant son rôle de contrôle gouvernemental. « Il est encore trop tôt pour le juger, laissons-lui le temps d’imprimer sa marque », conclut Zéphirin Diabré, président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) et chef de file de l’opposition.
Alassane Bala Sakandé entretient son image d’élu proche de la population.
Lors d’une visite dans un orphelinat de Bobo-Dioulasso, à la mi-décembre, il avait annoncé qu’il verserait 50 % de son salaire de base aux orphelins burkinabè jusqu’à la fin de son mandat. Un mois plus tard, il signait devant des journalistes un ordre de virement permanent au profit du ministère de la Solidarité nationale.
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