[responsivevoice_button voice= »French Female » buttontext= »Ecouter l’article »]
Immédiatement interdit au Kenya parce qu’il traite, entre autres, d’homosexualité, le film « Rafiki », de la prometteuse Wanuri Kahiu, a fait sensation sur la Croisette, à l’occasion du 71e Festival de Cannes.
Face à une image représentant deux fauves mâles en train de s’accoupler, le Kényan Ezekiel Mutua, sans craindre le ridicule, avait déclaré en 2017 : « Ces deux lions ont probablement été influencés par les gays qui vont dans les parcs nationaux et se conduisent mal. Ils doivent avoir copié leur comportement quelque part, et c’est démoniaque… parce que les animaux ne regardent pas de films. »
L’ennuyeux, c’est que ledit Ezekiel Mutua, qui va, lui, au cinéma, n’est pas un citoyen quelconque, mais le directeur du KFCB, le Comité national de classification des films.
En clair, comme l’affirme Wanuri Kahiu, la réalisatrice de Rafiki – belle histoire d’amour entre deux postadolescentes, Kena et Ziki, et premier film kényan projeté au Festival de Cannes –, c’est un homme à la tête d’« un organisme de censure qui ne dit pas son nom ».
« Yes, we Cannes ! »
Quand, le 11 avril dernier, la veille de l’annonce officielle, la cinéaste a appris de la bouche de son producteur que son film venait d’être sélectionné par le Festival dans la section Un certain regard, l’une des plus prestigieuses si l’on met à part celle de la compétition officielle, elle assure y avoir à peine cru, réclamant une confirmation avant d’exulter en s’écriant devant témoin, à la manière d’Obama : « Yes, we Cannes ! »
Ils furent alors très nombreux, au Kenya, ministres et sommités du milieu artistique, Ezekiel Mutua y compris, à la féliciter et à parler d’honneur et de fierté pour le pays.
Jusqu’à ce que, après visionnage, le patron tout-puissant du KFCB annonce, le 27 avril, que ce film, à peine terminé et encore sans visa d’exploitation, serait interdit.