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L’on se demande comment aujourd’hui envisager l’avenir de nos enfants avec optimisme et sérénité dans les pays du Sahel si la plupart des adultes appelés à les éduquer ne parviennent simplement pas à une prise de conscience, à déceler la vérité de la fantaisie, ni d’en tordre le cou à certaines contre-vérités, intoxications entendues ici et là.
Par exemple, il est inconcevable aujourd’hui à quel point le terme « jihad » est mal appréhendé dans son vrai sens, associé à un projet démoniaque, complexe et opaque, depuis que la série culte « 24 heures chrono » ultra-médiatisée diffusée pour la première fois – figurez-vous bien – quelques jours après le 11 septembre 2001, en a fait ses choux gras dans l’unique but de salir l’image de l’islam, des musulmans, de l’Afrique, des arabes, etc pour 100 ans encore. C’est à se demander à qui profite le crime ? Pour quel sombre objectif ?
Inspiré du nom qui désigne les militaires américains non officiers, les GI (en anglais G.I., prononcez « dji’aï »). Un sigle faisant référence au Galvanised iron (acier inoxydable) les boîtes de conserve de l’armée états-unienne et qui désigne aujourd’hui un soldat, un homme de troupe, un combattant GI-diste.
Contrairement à la perception courante véhiculée par les médias et experts incultes, jihad (djihad) ne signifie pas du tout la guerre sainte. On nous a menti comme d’habitude. N’en soyons pas dupe. La guerre se dit plutôt « qitâl » en arabe. Je crois que ça veut dire l’affrontement, le combat, le sang, se battre, tuer et aussi « harb » « faire la guerre ». Il s’agit donc vraiment ici de saisir les termes dans leur réelle signification. Je crois que c’est un sentiment d’impuissance qui se joue devant nos savants face aux mensonges véhiculés dans les médias de masse, qui fait croire à tous que cela signifie, la lutte armée, guerre de conquête, guerre religieuse.
Le jihad qui s’écrit jihâd et non djihad est donc « effort de résistance et de réforme » et n’a rien à voir avec l’appel à la guerre. Ce n’est pas du tout un combat contre un adversaire extérieur à nous mais si l’on veut bien prendre la peine de rechercher le sens exact, on comprendra que cela signifie un combat de purification contre notre propre égo, contre nos propres tendances égoïstes, empêcher notre âme de tendre vers le Mal. D’ailleurs, il est dit dans l’ouvrage intitulé « le génie de l’islam », que « la forme la plus élevée et la plus accomplie du jihâd est celle que chaque individu doit mener en lui-même. Tous les sens et tous les objectifs du jihad sont révélés dans cet engagement de soi à soi.
Chaque individu est habité par des tensions naturelles que le Coran mentionne de façon explicite : « Par l’être humain [l’âme dans le corps] et la façon dont il a été formé ainsi, Dieu lui a inspiré [son penchant vers] le libertinage et [son penchant vers] la piété. Il sera certes sauvé celui qui la purifie [son âme] et il sera réprouvé [perdu] celui qui la corrompt. » Le jihâd spirituel (jihad al-nafs) est cet effort par lequel un individu s’engage à maîtriser les aspects les plus sombres de sa personne (l’ego, l’arrogance, le mal, le mensonge, la violence, la cupidité, etc.) et cherche à se réformer en faisant le choix du bien pour soi.
Cette lutte intérieure ne s’arrête qu’avec la mort et chaque conscience, chaque cœur est appelé à mener ce combat de résistance et de réforme intérieures. Il s’agit de l’intime universel, que chacun connaît et que chacun doit mener seul. Trois enseignements peuvent être tirés du sens même du jihàd à travers l’expérience spirituelle. D’abord, il est engagement pour la paix, non appel à la guerre. Tiraillé entre l’attraction du mal et l’appel du bien, notre être est en tension naturelle : le jihàd consiste à se maîtriser, à contrôler le mal qui nous habite et nous torture pour accéder au bien. Il s’agit d’accéder à la paix spirituelle intime en dominant les tensions et les luttes naturelles intérieures. L’exigence morale de cet engagement n’est pas de s’accepter tel que l’on est, mais de se réformer afin de devenir meilleur. C’est le sens de la notion de tazkiyyah : se purifier signifie se prendre en charge, reconnaître les défauts et les faiblesses de sa nature et de sa personnalité, mais ne jamais s’y soumettre ou y succomber. L’objectif ultime est l’élévation en quête des plus nobles qualités humaines dans le rapprochement avec le Divin. Enfin, sur la Voie, le jihàd est un moyen de libération : résister à son ego, s’en déprendre par la maîtrise et l’acte de bien, c’est accéder à une liberté qui est sœur de la paix intérieure. L’être n’est plus soumis à l’aveuglement de certaines passions qui le rongent et l’emportent, mais accède à la liberté promise aux cœurs en paix. Ainsi, on peut dire que les deux objectifs du jihâd sont la liberté et la paix ». (…)
Le turban, un objet culturel
Et pour aborder un autre sujet dans la même veine. Il y a également le fait que pour obtenir la main d’une femme dans certaines communautés de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, il faut au préalable, par rapport à leur système vestimentaire, bien vouloir porter un turban, ou dit-on avoir déjà été enturbanné par les anciens…
Car selon la plupart des communautés sonrhaïs, ou arabes du nord du Mali, touaregs, tamasheq, voire chez certaines communautés Fulɓe (Peuls), déambuler la tête nue dans la cité n’est vraiment pas digne d’un adulte. Par conséquent, l’utilisation du turban chez les hommes ou un couvre-chef pour symboliser certaines valeurs est courante depuis des temps immémoriaux bien avant la naissance du dernier des Prophètes (psl).
N’en déplaise à ceux nombreux et à celles qui ne tolèrent pas la différence, la diversité, la multiplicité, la pluralité sous divers prétextes en vue de la destruction des identités culturelles, et ne respectent pas les droits fondamentaux de la personne humaine, passant leur temps à faire la propagande, à vendre la haine, marchander la peur pour leurs idées hostiles.
Généralement long de plusieurs mètres, le turban sert aussi bien de protection contre le soleil, contre les tempêtes de sable, contre la chaleur, la poussière, contre les jours de grand froid, que de linceul au cas où la mort nous surprend tout simplement en chemin. Il sert également de tapis de prière, de corde à grimper, de filtre à eau, de couverture à la nuit tombée, d’oreiller, de ceinture, de coiffe, bref il ne sert pas seulement pour l’élégance masculine, de phénomène de mode ou de signe d’appartenance à une communauté minoritaire africaine rejetée par le tapage occidental.
Ainsi, il est devenu compliqué aujourd’hui d’être différent dans un monde qui ne tolère plus la différence, qui met en avant l’apparence au détriment de l’être, qui alimente l’animosité entre peuple au détriment de la paix, de la stabilité pure et dure et du développement prospère durable. Notre génération sera-t-elle tenue responsable de l’effondrement de nos cultures, de nos principes et valeurs qui jusqu’ici étaient si bien considérés et nous apportaient un code de bonne conduite qui nous distinguaient de la plupart des sociétés en décadence ?
Récemment j’ai lu sur facebook cet écrit d’un auteur anonyme : « Combattre la violence ne demande aucun courage, juste de l’inconscience. Le courage, au sens étymologique du « cœur qui agit », consiste en cette reconnaissance humble que seule la paix véritablement installée en nous peut engendrer un climat de paix autour de nous. Tout ce contre quoi nous luttons se renforce. Mettre toute notre énergie dans la riposte revient à focaliser nos efforts vers la haine et la peur. Si aucune énergie ne vient nourrir en nous l’amour, l’harmonie, la guérison, comment pourrons-nous semer autre chose que le contraire, le déni, le négatif de ce que nous sommes ? »
Dian Diallo