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Ce n’est pas un fait du hasard si les terroristes infestent actuellement la bande sahelo saharienne en Afrique. Si les différents groupes bénéficient du soutien d’individus aux desseins inavoués et inavouables, il faut aussi reconnaître que les Etats y ont prêté le flanc soit par laxisme, culture de l’impunité ou mauvaise analyse de la menace. Aujourd’hui, la situation est en phase de métastase pendant que la thérapie demeure introuvable. Dans ce qui apparaît comme une véritable conspiration internationale, le bal des vautours se poursuit donc allègrement autour de l’Afrique.
Les nombreuses attaques que le Burkina Faso subit ne doivent pas être une occasion pour les pays côtiers de rire sous cape. Le Burkina Faso est le dernier rempart avant que toute la sous région ne soit sous le giron des groupes terroristes. Au regard de la position stratégique du pays, les Etats africains doivent lui apporter tout le concours nécessaire pour lui permettre d’extirper la vermine terroriste de son sol. La sagesse africaine est bien connue : « Quand la case de ton voisin brûle, hâte-toi de l’aider à éteindre le feu de peur que celui-ci ne s’attaque à la tienne ». En la matière, il faut apprécier le travail des autorités burkinabè qui ont fourni de précieux renseignements à certains pays voisins leur permettant ainsi de déjouer des attaques terroristes. L’ascenseur est-il toujours renvoyé ? Rien n’est moins sûr ? Ce qui est sûr cependant, c’est que les caractéristiques socio-économiques des Etats de la bande sahélo-saharienne, la porosité des frontières et le faible ratio sécuritaire, y ont favorisé depuis longtemps le développement de trafics de tout genre et par la suite l’installation insidieuse d’une insécurité grandissante. Mais sans aucun doute, l’éclatement de l’Etat libyen a déstabilisé les équilibres et accéléré la dégradation sécuritaire de la bande sahélo-saharienne, en y injectant des combattants expérimentés, lourdement armés, bien équipés en matériel roulant et de communication.
De nos jours, la montée en puissance des groupes terroristes menace les fragiles démocraties de l’ensemble des Etats au Sud du Sahara. Avant l’avènement de la crise malienne, seul le groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) écumait la zone sahélo-saharienne. Né en Algérie, le GSPC prêtera par la suite allégeance à Al-Qaïda pour devenir Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) en 2007. Après le démantèlement de l’Etat libyen, l’armement pillé par les groupes armés permettra à ces derniers de se structurer au fur et à mesure et d’occuper les espaces de la zone. C’est l’occupation du Nord Mali qui, en mai 2012 révélera ces derniers au nombre desquels nous pouvons citer AQMI, le Mouvement pour l’Unicité et le Djihâd en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et Ansar Dine. Aujourd’hui, les groupes armés terroristes de la sous région se retrouvent dans trois grandes formations qui sont le groupe Boko Haram d’idéologie salafiste djihadiste, formé en 2002 dont le chef est Abubakar Shekau, le groupe État Islamique au Grand Sahara dont le chef est Adnan Abou Walid Al Sahraoui, d’idéologie salafiste djihadiste, créé en mai 2015, le groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) de Iyad Ag Ghali d’idéologie salafiste djihadiste, formé le 1er mars 2017. Ces trois grandes formations ont le même objectif : l’instauration d’un califat régi par la charia. Malgré leurs différences plutôt tactiques, les leaders des groupes « Etat Islamique au Grand Sahara » et «Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans » ont décidé de coordonner leurs actions contre leurs « ennemis communs » qui selon eux, sont les occidentaux et les Forces de Défense et de Sécurité des pays qui les soutiennent dans la sous-région.
Des modes opératoires circonstanciés
Les modes opératoires des groupes terroristes sont généralement fonction de leurs cibles (molles ou dures) et du dispositif sécuritaire auquel ils font face. En ce qui concerne la bande sahélo saharienne, les groupes armés terroristes procèdent par des attaques d’unités légères et très mobiles. Des binômes évoluant sur des motos, souvent accompagnés de véhicules pick-up montés d’armes mènent généralement les assauts contre les unités des Forces de Défense et de Sécurité, les camps et installations militaires, les postes de police, les postes de gendarmerie, les postes de douanes et tous les autres postes frontaliers qui marquent la présence des Etats dans la bande sahélo-saharienne. Ces groupes font aussi recours aux véhicules piégés, aux roquettes et mortiers contre les fortifications, aux engins explosifs improvisés (IED) pour entraver la mobilité des forces de défense et de sécurité. Par moment, ils s’essayent aux attaques complexes contre les dispositifs militaires. Au niveau des cibles molles, les groupes terroristes procèdent par les attentats dans les centres urbains, la destruction d’infrastructures publiques ou privées (écoles, mairies, préfectures, ponts pylones téléphoniques, etc.), le rapt de troupeaux de bétail, la confiscation d’engins roulants et de biens divers, les enlèvements pour rançons, les assassinats ciblés…
Les chefs traditionnels, les chefs religieux, les élus locaux et les personnes ressources, sont les cibles les plus particulièrement visées. L’objectif des terroristes est clair : briser la résilience des populations en entamant par la force des liens socio-économiques et socio-religieux qui fondent le besoin de vivre ensemble des populations sahéliennes.
L’attentisme du G5 Sahel fait les affaires des terroristes
Alors qu’il y’a beaucoup de tergiversations et de gesticulations autour du G5 Sahel, les groupes terroristes, eux, prennent une longueur d’avance. C’est ainsi qu’ils développent des réseaux de renseignement leur permettant de recueillir des informations sur les activités d’opérationnalisation des forces du G5. Ils ont également une bonne maîtrise de la communication et diffusent sur les réseaux sociaux des messages et des prédications dans les langues locales. C’est ainsi qu’ils ont réussi à mener une attaque d’envergure contre le quartier général du G5 à Sévaré le 29 juin 2018. Les stratégies et tactiques des groupes terroristes ne sont jamais figées. Elles sont en constante évolution et savent s’adapter aux dispositifs sécuritaires mis en place par les Etats. C’est en cela d’ailleurs que la lutte contre ce phénomène trouve toute sa complexité. L’entreprise terroriste pour sa pérennité et son extension prend appui sur les communautés de ses zones d’intérêt, établit des alliances, profite des insuffisances et des faiblesses des jeunes Etats de la sous-région, surfe sur les frustrations nées des fortes attentes de développement des populations et cible essentiellement dans ses approches la jeunesse désœuvrée.
En dépit des actions entreprises par les Etats sous la menace et des efforts de la communauté internationale, le constat est que la menace terroriste persiste et se propage insidieusement dans la sous-région. Les groupes djihadistes ont adopté une activité guerrière de basse intensité et fondent leur tactique sur le harcèlement entrainant les FDS dans un combat de type asymétrique.Les différents exemples de guerre contre une telle menace à travers le monde (Algérie, Afghanistan, Moyen Orient etc.) ont contribué à une meilleure connaissance de ce genre de conflit et montré que ce n’est ni la supériorité numérique, ni de feu ou de technologie qui garantit la victoire.La stratégie de lutte doit être adaptée aux circonstances et user des tactiques et des moyens adéquats, c’est-à-dire semblables à ceux de l’adversaire. Les Etats en lutte doivent donc faire preuve d’imagination collective pour s’adapter en innovant et gagner le cœur des populations qui dans leur grande majorité développent une excellente résilience organisationnelle contre le phénomène terroriste.
Jérémie Yisso BATIONO
Enseignant chercheur
Ouagadougou
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