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Miguel Diaz-Canel, un civil qui fêtera ses 58 ans vendredi, a pris la relève de Raul Castro comme président de Cuba, engageant ce pays dans une transition historique qui s’inscrit toutefois dans la droite ligne du régime.
Washington a réagi sans tarder en se déclarant « déçu » et en appelant La Havane à « permettre à son peuple d’avoir un choix véritable à travers des élections libres, justes et disputées ».
Désigné unique candidat mercredi, M. Diaz-Canel a été comme attendu élu jeudi par les députés pour un mandat renouvelable de cinq ans, « avec 603 voix sur 604 possibles, soit 99,83% des suffrages », a annoncé devant l’Assemblée la présidente de la Commission nationale électorale Alina Balseiro.
Face aux députés, ce dernier s’est donné pour mandat « de poursuivre la révolution cubaine dans un moment historique crucial », mais aussi les réformes économiques entamées par Raul Castro, dans le but de « perfectionner le socialisme ».
« Je viens travailler, je ne viens pas promettre », a déclaré le nouveau président avant de réaffirmer sa « fidélité au legs du commandant Fidel Castro, mais aussi à l’exemple, à la valeur et aux enseignements » de son prédécesseur.
D’ailleurs, a-t-il assuré, « Raul Castro présidera aux décisions de grande importance pour le présent et l’avenir de la Nation ».
Ce dernier, qui quitte la présidence à 86 ans après plus de six décennies de pouvoir exclusif de la fratrie Castro, a confirmé qu’il resterait secrétaire général du puissant Parti communiste de Cuba (PCC) jusqu’en 2021, quand il cèdera les rênes du parti à son successeur à la présidence.
« A partir de là je deviendrai un soldat de plus au côté du peuple défendant cette révolution », a annoncé le président sortant, qui avait auparavant vanté les mérites de son dauphin.
– Transition générationnelle –
Raul Castro l’a préparé à assumer les plus hautes fonctions, l’envoyant représenter son gouvernement à l’étranger tandis que les médias d’Etat lui accordaient de plus en plus d’espace.
Le nouveau président s’est peu à peu imposé aux côtés de Raul Castro, se donnant une image de modernité tout en demeurant économe en déclarations. Mais il peut aussi se montrer intransigeant vis-à-vis de la dissidence ou de diplomates trop enclins à critiquer le régime.
Dans son discours de jeudi, il a proposé d' »employer mieux et davantage la technologie » pour promouvoir une révolution qu’il a « juré de défendre jusqu’à son dernier souffle ».
Chargé de conduire une transition générationnelle historique, il sera le premier dirigeant cubain à n’avoir pas connu la révolution de 1959 et devra se forger une légitimité. Hasard du calendrier, il fêtera ses 58 ans vendredi.
Miguel Diaz-Canel aura pour mission de maintenir l’équilibre entre la réforme et le respect des principes essentiels du castrisme.
Il devra s’atteler à l' »actualisation » d’une économie encore étatisée à 80% et entravée depuis 1962 par l’embargo américain.
Cet embargo ne sera certainement pas levé sous le mandat du président républicain Donald Trump, qui impose depuis un an un sérieux coup de frein au rapprochement engagé fin 2014.
Dans sa première réaction jeudi, Washington s’est dit « déçu par le fait que le gouvernement cubain a choisi de réduire au silence les voix indépendantes et de maintenir son monopole répressif du pouvoir ».
« Le nouveau président cubain devrait prendre des mesures concrètes pour améliorer la vie du peuple cubain, respecter les droits de l’homme, mettre fin à la répression et permettre de plus grandes libertés politique et économique », a déclaré Heather Nauert, porte-parole du département d’Etat.
De son côté, le secrétaire-général de l’Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, a jugé « illégitime » la transition à La Havane, qualifiant le régime de « dictature ».
« La succession présidentielle à laquelle nous avons assisté à Cuba est une tentative de maintien d’un régime autocratique dynastique et familial. Cela s’appelle une dictature », a-t-il déclaré.
En revanche, les alliés traditionnels de l’île ont salué l’arrivée au pouvoir de Diaz-Canel: le président vénézuélien Nicolas Maduro a félicité « avec enthousiasme » son homologue, « fidèle représentant d’une brillante nouvelle génération, qui est né, a grandi et s’est forgé avec la Révolution cubaine ».
Le président bolivien Evo Morales a lui applaudi M. Diaz-Canel comme « la garantie de l’approfondissement de l’héritage révolutionnaire du commandant Fidel Castro, de son frère Raul et du peuple cubain », tandis que le président chinois Xi Jinping a également adressé ses félicitations.
Plus sobrement, l’Union européenne « prend note » de ce changement à la tête de l’île, avec laquelle elle a initié un rapprochement.
– Résistances attendues –
« Il est assez difficile d’évaluer la capacité de Diaz-Canel à remplir les fonctions de président (…). Il vient du système mais c’est la rigidité du système qui constitue le plus grand obstacle pour avancer », note Michael Shifter, le président du groupe de réflexion Dialogue interaméricain, à Washington.
« Il peut s’attendre à des résistances », affirme l’expert.
Les Castro ont écrit une histoire unique de coopération au sommet, parvenant à résister pendant près de 60 ans à l’adversité de la super-puissance américaine et à l’effondrement du partenaire soviétique, aux conséquences dramatiques pour l’île.
Après avoir succédé en 2006 à son frère Fidel, mort fin 2016, Raul Castro a engagé une série de réformes autrefois impensables, quoique jugées trop timides, comme l’ouverture au petit entrepreneuriat privé. Il a surtout orchestré un rapprochement spectaculaire avec les Etats-Unis.
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