Culture : le Musée National, la clé de voûte dans la promotion des identités culturelles

La culture est le reflet de toute société humaine. Selon Edouard Herriot, homme politique et écrivain français, « la culture est ce qui reste quand on a tout oublié ». Une pensée qui montre que la culture est intrinsèquement liée à la vie de l’homme, d’où la nécessité de la préserver. Au Burkina Faso, dans le souci de protéger le patrimoine culturel, l’Etat a mis en place un établissement public dénommé « Musée National ». Dans cet entretien, madame Sanou Hadjaratou Traoré, Directrice de communication du Musée National nous parle de son fonctionnement.

 

Le Musée National, un établissement public de l’Etat à caractère scientifique, culturel et technique.

FasoPiC : présentez- nous le Musée National

Sanou  Hadjaratou Traoré: le Musée National est un établissement public de l’Etat à caractère scientifique, culturel et technique. Il a accédé à ce statut en 2002, après avoir été une direction du patrimoine culturel. Sa mission est de collecter, conserver et de diffuser les identités culturelles de notre pays. Les témoins matériels et immatériels de toutes les communautés doivent y être.

FasoPiC : quelles sont les communautés dont les cultures sont représentées ?

Sanou Hadjaratou Traoré : Nous n’avons pas encore réussi à collecter les témoins matériels de toutes les communautés, mais je pense que des efforts ont été faits. Actuellement, il y a environ une vingtaine de communautés, dont les identités culturelles sont représentées. Quand nous parlons de communautés, il faut entendre par là, les groupes ethniques culturels.  En effet, à l’intérieur de chaque groupe on trouve plusieurs ethnies.

Fasopic : à quel moment et comment visiter le Musée  National?

Sanou Hadjaratou Traoré : le Musée National est ouvert du lundi au vendredi aux heures règlementaires de service, c’est-à-dire de 7h30mn à 15h 30mn. S’agissant des salles d’exposition, elles sont ouvertes du mardi au samedi de 9heures à 16 heures. Au-delà de ces heures, on peut recevoir des visites sur des rendez-vous. Souvent à la descente quand tu es prêt à partir et tu vois un visiteur, tu as l’obligation de le faire visiter. Même dimanche et lundi, on a souvent des rendez-vous. Si non le lundi est réservé pour l’entretien des salles et des collections.

 FasoPiC : avec l’avènement de la covid-19 le Musée National continue-t-il de recevoir des visiteurs ?

Sanou Hadjaratou Traoré:  En dépit de la covid-19, le musée reçoit toujours des visiteurs tout en respectant les mesures barrières. Il y a des dispositifs de lave mains, le gel hydro alcoolique et le port obligatoire du masque pour tout visiteur.  Cependant, la pandémie a aussi perturbé les activités du Musée National. Elle est survenue au moment du pic. En effet, les fortes affluences sont enregistrées au mois de mars, avril, mai et juin. A ces périodes, les élèves et les étudiants viennent en sortie avec leurs encadreurs. Plusieurs visites étaient vraiment programmées, mais avec la covid-19, tout a été annulé.

FasoPiC : avant l’apparition de la covid-19, le Musée National était-il vraiment visité par les nationaux ?

Sanou Hadjaratou Traoré :  Il est vrai que ce n’est pas trop dans la culture des nationaux, mais on peut dire que ça commence à venir avec les élèves et les étudiants qui viennent visiter. Nous recevons également de plus en plus des familles. Le musée a également eu des échanges avec des encadreurs pédagogiques qui nous ont encore permis d’avoir plus d’engouement dans ce sens.

 

FasoPiC : quelle est la stratégie que vous avez mise en place pour accroître la visibilité du musée et attirer plus de visiteurs ?

Sanou Hadjaratou Traoré : Je peux dire que nous en avons plusieurs.  Il y a l’approche avec les encadreurs pédagogiques culturels et les enseignants. Aussi, étant donné que la relève se prépare aujourd’hui avec les plus jeunes, nous avons décidé de mettre l’accent sur cette frange de la population. Ainsi, à travers des établissements scolaires, le musée fait des sorties de terrains muni des objets qui ont une valeur éducative et culturelle, appelés des mallettes pédagogiques. En accord avec les premiers responsables, nous choisissons les heures creuses ou les journées culturelles pour mieux échanger avec les élèves. Nous communiquons également à travers la presse lors de nos activités.

Le Musée est aussi ouvert aux communautés pour faciliter la tenue de leurs journées culturelles. Nous  offrons  également de l’espace aux associations d’étudiants ou d’élèves qui souhaitent tenir des réunions ou pour des activités de réjouissance, et nous profitons les inviter à passer découvrir nos expositions. Les tarifs sont à 200 FCFA pour les élèves et étudiants, 500 FCFA pour les adultes et 2000 FCFA pour les non nationaux.

FasoPiC : comment se déroulent les séances d’expositions ?

Sanou  Hadjaratou Traoré: Pour monter une exposition, il y a tout un processus. D’abord nous avons trois directions techniques. Il s’agit de la direction communication et marketing, la direction de la recherche et des collections, et la direction des expositions et de la médiation. Après les collectes, les objets sont déposés dans une réserve où ils sont entretenus et identifiés à travers des fiches.

 Quand on doit aller en exposition, il faut monter le projet et concevoir des thématiques qui seront validées lors d’une rencontre avec l’ensemble des acteurs. Une fois le projet validé, on passe à la sélection des objets avec une documentation bien approfondie. Après cette étape, les objets sont envoyés dans une salle d’exposition avec un scénario qui les accompagne pour pouvoir définir la position de chaque objet dans la salle. Chacun des objets a une fiche qui donne des informations sur ce dernier pour guider le visiteur. Quand cette phase est terminée, l’équipe de guidage ou les médiateurs, se mettent au travail pour faciliter leurs explications à l’endroit des visiteurs.  Pour la dernière étape, l’on procède maintenant au vernissage et à partir de cet instant, les guides sont autorisés à amener les visiteurs dans les salles d’exposition.  Pour une bonne exposition, il faut au minimum trois mois de préparation.

 

FasoPiC : quelles sont vos activités à venir ?

Sanou Hadjaratou Traoré : d’abord il faut noter que le musée a plusieurs types d’expositions. Il y a des expositions temporaires qui durent trois mois en moyenne, qu’on monte avec nos collections contenues dans la réserve. On a également des expositions scientifiques, qui peuvent porter sur une thématique, généralement faite avec des partenaires. Aussi, il y a les expositions majeures qui tournent autour des communautés.  Nous avons déjà fait l’exposition gourunsi, lobi et dagara, haoussa, et celle qui est en projet c’est l’exposition sénoufo. Il y a aussi l’exposition dans les écoles. Par ailleurs, le Musée National participe aux grands rendez-vous tel que la SNC, le FESPACO, la fête du 11 décembre.

En terme donc de projets, il faut retenir l’exposition sénoufo qui sera montée d’ici la fin de l’année, l’exposition au 11 décembre à Banfora, et deux autres expositions temporaires qu’on souhaite monter dans nos deux salles. Une portera sur l’art contemporain et une autre à la découverte du masque.  A long terme, le Musée compte organiser des journées portes ouvertes pour mieux communiquer sur ses activités. En effet, nombreux sont ceux qui entretiennent des mythes sur le musée national. Ils se disent que c’est un lieu de fétiches et des esprits.  Ce qui n’est que de la spéculation. Une fois que les objets arrivent au Musée, ils sont désacralisés et vides de pouvoir.

FasoPiC : le Musée National rencontre-t-il des difficultés dans son fonctionnement ?

Sanou Hadjaratou Traoré :  Ici notre difficulté majeure est le manque des ressources financières.  Comme je l’ai dit au début, le Musée est un établissement public qui n’a pas pour vocation de faire des recettes. Notre mission, c’est de collecter, conserver et promouvoir les identités culturelles.  Nous fonctionnons sur la base des subventions de l’Etat qui ne font que diminuer. La difficulté c’est donc comment fonctionner sans avoir une autre porte d’entrée d’argent.

 L’autre problème c’est comment avoir l’accompagnement permanent de la presse. Les coûts des couvertures médiatiques ne sont pas à notre portée lorsque nous avons des activités. Pourtant, pour monter une exposition il faut nécessairement des fonds consistants.  Pour les expositions temporaires, le minimum d’argent à dépenser c’est 15 millions à 20 millions de FCFA.

Propos recueillis par MICHEL CABORE

Mireille Bailly

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