Décryptage : les exportations françaises en net recul en Afrique

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Sénégal, Algérie, Cameroun, Côte d’Ivoire… La France perd des parts de marché sur l’ensemble du continent africain et dans presque tous les secteurs – l’aéronautique exceptée. La société d’assurance-crédit Coface s’est penchée sur cette tendance.

La France perd des parts de marchés en Afrique, au profit de plusieurs pays européens, de l’Inde et de la Chine. C’est le constat que fait l’agence d’assurance-crédit Coface, dans une note publiée le 20 juin.

« Alors que les exportations françaises représentaient près de 11 % des flux vers l’Afrique au début du millénaire, leur poids a été divisé par deux en 2017, pour représenter 5,5 % » explique Ruben Nizard, l’un des économistes de Coface qui a réalisé l’étude.

« En 2017, la France a également perdu son statut de premier fournisseur européen du continent africain, dépassé par l’Allemagne » poursuit-il. Si la baisse de la part de marché est en ligne avec le recul des parts de marché à l’exportations de la France au niveau mondial (de 4,7 % en 2001 à 3 % aujourd’hui), « l’ampleur du recul sur le marché africain a été nettement plus importante ».

« La progression de la Chine a été fulgurante » souligne Bruno de Moura Fernandes, l’un des auteurs de la publication. Son poids dans les exportations vers le continent est passé de 3 % en 2001 à près de 18 % aujourd’hui, surpassant la France comme premier exportateur dès 2007. Le recul des autres économies européennes est moins marqué. D’autres économies émergentes, telles que l’Inde ou la Turquie, mais également d’autres pays européens, comme l’Espagne, ont connu une progression de leur part de marché de l’ordre de 1 à 3 points, grâce à des gains concentrés dans certains secteurs (machines, automobiles).

Forte concurrence

Hormis l’aéronautique, les ventes françaises en Afrique reculent dans tous les principaux secteurs exportateurs. Le poids de la France – comme ceux de l’Allemagne et de l’Italie – dans les exportations de machines vers l’Afrique a été divisé par deux entre 2001 (12 %) et 2017 (6 %), en raison de la concurrence de la Turquie, de l’Espagne et surtout de la Chine. La part de Pékin a été multiplié par 8 pour atteindre 25 % des exportations totales de machines. Cette baisse de la part de marché française atteint entre 15 et 20 points de pourcentage en Algérie, au Maroc, en Côte d’Ivoire ou au Cameroun, et 25 points au Sénégal.

La tendance est similaire pour le secteur des appareils électriques et électroniques, la part française reculant au profit de la Chine, tout comme dans l’automobile, avec l’Inde, détaille Bruno de Moura Fernandes. Dans le domaine pharmaceutique, le poids de l’Inde a progressé de 5 % à 18 %, tiré par sa production de génériques à bas coût. Pour les ventes de blé, la baisse de part française en 2017, imputable en partie à une mauvaise récolte, a favorisé la Roumanie, l’Ukraine et la Russie, qui ont fourni 40 % de la consommation africaine de blé de 2017, contre 1 % en 2001.

Outre l’émergence de la Chine, la Coface souligne une perte de compétitivité-prix des productions françaises. Malgré tout, l’agence pointe des marges de progression possible sur certains marchés africains : Afrique australe, Afrique de l’Est, Algérie, Maroc et « bande sahélienne » (Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad). « Il existe un gain potentiel pour les exportations françaises en valeur en Afrique de l’ordre de 21 %, qui ramènerait ses parts de marché au niveau d’avant crise, soit 7 % » conclut Ruben Nizard.

 

 

 

 

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