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Depuis les airs, les Casques bleus canadiens découvrent le Mali

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Récemment déployés au Mali, les Casques bleus canadiens découvrent un conflit et des conditions climatiques qui ne ressemblent en rien aux dernières opérations auxquelles Ottawa a pris part.A vive allure, l’hélicoptère canadien dépasse le fleuve Niger puis s’enfonce dans la savane, tandis que les deux artilleurs, bien accrochés à leurs mitrailleuses, scrutent le sol. Quand soudain la pilote annonce: « Une jauge est à l’arrêt, on n’a plus qu’un seul moteur ».

Voler dans le nord du Mali, « c’est comme quand on travaille dans l’Arctique, il faut juste remplacer la glace par le sable et les -40 degrés par les +40 », plaisante le lieutenant-colonel Chris Morrison, commandant du détachement aérien canadien déployé à Gao.

Dans le Sahara, les appareils sont soumis à des conditions extrêmes et « il y a peu de pistes pour se poser », pour par exemple effectuer des réparations ou faire le plein, remarque cet officier déployé par le passé en Bosnie et en Afghanistan.
Arrivée des premiers Casques bleus canadiens au Mali

Dans son QG établi dans un bunker en bordure de la piste de l’aéroport de la grande ville du nord-est du Mali, M. Morrison coordonne les sorties de ses appareils en fonction des besoins de la force des Nations unies (Minusma) qui compte 14.000 hommes, dont désormais 250 Canadiens.

Arrivés en juillet, les soldats à la feuille d’érable se sont établis au Camp Castor, où sont installés également environ 900 fantassins allemands et une centaine de Néerlandais. Les alliés de l’Otan sont collés sur le SuperCamp de l’ONU (4.000 autres soldats de la paix) et se trouvent à un jet de pierre du baraquement des forces françaises de l’opération Barkhane.

De leur base établie aux portes du désert, dans la poussière ocre, les Canadiens déploient depuis le début du mois deux hélicoptères Chinook transformés en ambulance volante, appuyés par quatre hélicoptères Griffon d’attaques.

Les hélicoptères canadiens entament leur mission avec l’ONU au Mali

Après le retrait des appareils allemands, qui assuraient cette mission médicale cruciale, les Nations unies avaient pressé Ottawa d’hâter son déploiement annoncé par le Premier ministre Justin Trudeau, bien décidé à réinvestir le Canada dans les opérations de maintien de la paix. Notamment pour décrocher un siège non-permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, en 2021.

Cette mission malienne constitue un grand retour pour les militaires canadiens, qui avaient été quasiment absents d’Afrique pendant un quart de siècle, après l’échec des missions en Somalie (1992-1993) et au Rwanda (1993-1996).

« On veut aider l’ONU, c’est une mission difficile », résume le colonel Chris McKenna, commandant des troupes canadiennes au Mali.

Depuis ses débuts en 2013, la Minusma a perdu quelque 170 Casques bleus, dont 104 dans des actes hostiles, soit plus de la moitié des soldats de l’ONU tués sur cette période dans le monde.

Le Canada ne veut pas précipiter sa mission militaire au Mali

« C’est compliqué, mais c’est comme on l’attendait. L’environnement est difficile, avec la poussière et la chaleur. Travailler dans un environnement multilatéral, multinational, pose des défis, mais ça va très bien », assure le colonel McKenna.

Inventeur du concept de Casques bleus dans les années 1950, Ottawa avait délaissé les missions de maintien de la paix depuis la fin des années 1990. Porter à nouveau le béret bleu suscite donc l’enthousiasme chez les Canadiens. « C’est une bonne chose d’être de retour, observe le major Dominique Simard, pilote d’hélicoptère. On est là pour sauver des vies, c’est gratifiant. »

Conditions extrêmes

Dans leur base, les soldats occidentaux ne manquent de rien: internet est accessible par wifi, les soldats disposent d’un service postal, la cantine –tenue par des cuisiniers venus d’Inde– est ravitaillée depuis l’Europe et un bar sans alcool ainsi qu’une une salle de sport permettent d’occuper le temps libre.

Car selon leur mandat, les Canadiens ont interdiction de mettre un pied en dehors du Camp Castor, hormis lors de leurs interventions aéroportées. « 600 m par 600 m pendant sept mois », résume un officier, laconique.

« Chaque jour, on est en l’air, à 35 pieds au dessus du théâtre, mais on ne va pas faire de convoi (terrestre), on n’est pas équipé pour ça. Notre mandat n’est pas lié à ça », explique le colonel McKenna.

Encore faut-il que les appareils supportent les conditions extrêmes du désert. Après 15 minutes à voler dans l’incertitude, en pensant n’avoir qu’un seul moteur opérationnel, la jauge s’est relancée.

Ahmed OUEDRAOGO

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