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Le mandat de Zeid Ra’ad Al Hussein expirera officiellement en septembre 2018. A l’heure du bilan, beaucoup saluent le franc-parler du Jordanien qui avait succédé en juin 2014 à la Sud-Africaine Navi Pillay à la tête du Haut-commissariat aux droits de l’homme. Mais ses sorties médiatiques ont aussi agacé. On dit que, même à Amman où il est prince, son nom fait grincer des dents.
Les interventions de Zeid Ra’ad Al Hussein, 54 ans, ancien ambassadeur qui a aussi joué un rôle important dans l’établissement de la Cour pénale internationale (CPI), sont portés par une conviction : à l’heure de la crise des réfugiés et d’une vague populiste globale, les pays du Nord comme ceux du Sud multiplient les manquements aux principes des droits humains, quant ils n’en nient pas ouvertement le caractère universel.
• Avril 2015 – « Cafards » : quand The Sun fait écho à Radio Milles Collines
En avril 2015, dans un communiqué, le haut-commissaire tacle le tabloïd britannique The Sun après que ce dernier a publié une chronique usant du terme « cafards » pour parler des migrants. « Un langage très similaire à celui utilisé par le journal rwandais Kangura et Radio Mille Collines lors du génocide de 1994 », rappelle Zeid Ra’ad Al Hussein.
Au-delà de son implication dans l’intense guerre des mots qui se joue dans le cadre du débat sur l’accueil des réfugiés, le Haut-commissaire ne manque jamais une occasion de pointer les pratiques niant les droits humains des démocraties occidentales. Il se dit ainsi « profondément préoccupé » par la mise en place par l’administration Trump d’une politique de séparation des enfants et de leurs parents ayant franchi la frontière avec le Mexique.
Et fin 2017, alors que l’Union européenne milite pour l’ouverture de centres de rétentions pour migrants en Afrique du Nord, il martèle que « la politique de l’UE consistant à aider les gardes côtes libyens à intercepter et renvoyer les migrants (est) inhumaine ».
• Juin 2016 – Centrafrique : Zeid ne veut plus de Kompass
Le mandat de Zeid Ra’ad Al Hussein a aussi été marqué par l’affaire Anders Kompass. En 2014, le fonctionnaire onusien avait transmis aux autorités françaises un document interne confidentiel révélant des accusations de viols d’enfants par des soldats français en République centrafricaine. Le directeur des opérations de terrain au Haut-commissariat pour les droits humains, avait déjà été visé en 2015 – puis blanchi -, par une enquête interne portant sur une fuite de document concernant le dossier du Sahara occidental. Dans le dossier centrafricain, Kompass assume la fuite, et assure avoir agit ainsi du fait l’impuissance de l’ONU.
Mais le haut-commissaire exige son départ, ouvre une enquête et affirme que Kompass a mis en péril les enfants nommés dans les documents transmis aux autorités françaises. En juin 2016, ne mâchant pas ses mots à l’égard de l’institution onusienne, Kompass démissionne.
• Octobre 2016 – Trump président serait un « danger »
En octobre 2016, le haut-commissaire prévient : Donald Trump serait « dangereux » sur la scène internationale s’il venait à être élu président des États-Unis. Dans un discours tenu à La Haye la même année, il s’en était déjà pris à des leaders politiques européens classés à l’extrême-droite : la française Marine Le Pen et le Néerlandais Geert Wilders. En février dernier, il accuse le président hongrois Viktor Orban de racisme. Dans la foulée, le ministère hongrois des Affaires étrangères exige sa démission.
Un rapport houleux avec certains dirigeants qui marque l’opposition du Jordanien à l’autoritarisme et au nationalisme, qu’il réprouve à d’une égale iuntensité. « Pourquoi la Déclaration universelle (des droits de l’homme) est victime de telles attaques de nos jours – non seulement de la part d’extrémistes (…) mais aussi de dirigeants autoritaires, de populistes, de démagogues (…) ? », fait-il mine de s’interroger, en juin 2018.
• Septembre 2017 – Yémen : Zeid fâche l’Arabie saoudite
En septembre 2017, après d’intenses tractations, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies (ONU), instance exécutive dédiée aux droits humains, approuve la création d’un mécanisme d’enquête internationale sur les crimes de guerre commis au Yémen par la coalition emmenée par l’Arabie saoudite et soutenue par Washington et les rebelles houthis. Le haut-commissaire soutient cette option depuis un certain temps. À plusieurs reprises depuis le début de son mandat, l’idée a été écartée.
Une fois l’enquête ouverte, c’est lui qui nomme à sa tête le Tunisien Kamel Jendoubi. Un activisme qui n’est pas allé sans fâcher. Le Jordanien Zeid s’est attiré des inimitié tenace au Moyen-Orient en militant durant presque trois ans pour l’ouverture d’une enquête sur des faits reprochés à une coalition regroupant de nombreux pays arabes, dont le sien.
L’ONG Human Rights Watch évoque ainsi les « négociations houleuses jalonnées par les menaces de l’Arabie saoudite » qui ont conduit à l’envoi d’un groupe d’experts au Yémen. Riyad aurait brandit des menaces de représailles économiques à l’encontre de pays qui soutiendraient l’ouverture d’une enquête. Les enquêteurs devraient livrer leur rapport en septembre prochain.
• Décembre 2017 – Israël : le Haut-commissaire veut une enquête
En décembre 2017, quand il condamne la réponse militaire israélienne aux manifestations à Gaza, le Jordanien n’oublie pas d’engager directement la responsabilité de Washington. En reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël, le 6 décembre, Donald Trump a en effet mis le feu aux poudres.
Le 19 décembre, le bilan de l’ONU fait état de l’utilisation de balles réelles contre les manifestants gazaouis, parmi lesquels on dénombre alors plus de 220 blessés et cinq morts. « Ces événements, y compris la perte de cinq vies humaines, peuvent être retracés directement à l’annonce unilatérale des États-Unis sur le statut de Jérusalem, qui brise le consensus international et était dangereusement provocatrice », accuse Zeid Ra’ad Al Hussein.
En mai 2018, il enfonce le clou, et se déclare favorable à l’ouverture d’une enquête internationale sur les violations des droits de l’homme commises par Israël dans la bande de Gazaau cours des derniers mois. En juin, lorsque le Conseil des droits de l’homme de l’ONU décide de la création d’une commission d’enquête « sur les attaques militaires israéliennes contre les manifestations civiles palestiniennes ». Un mois plus tard, Washington en claque la porte de l’institution internationale, où les États-Unis devaient siéger jusqu’en 2019. Parmi les raisons avancée par la diplomatie américaine : « Cinq résolutions ont été votées contre Israël. C’est plus que toutes les résolutions confondues contre la Corée du Nord, l’Iran et la Syrie », faisait valoir Nikki Haley, ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU.
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