Ebola en RDC: les enjeux de la vaccination

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La mobilisation se renforce de jour en jour en République démocratique du Congo, où l’épidémie Ebola prend de l’ampleur, et où le bilan s’alourdit. Le dernier fait état de 26 morts et d’une cinquantaine de cas confirmés ou suspects, selon le gouvernement. Il s’agit de la 9e épidémie à laquelle doit faire face la RDC.

La première épidémie apparue en République démocratique du Congo date de 1976 et la dernière de 2017. Autant dire que le pays connaît les risques et a su jusqu’à présent circonscrire rapidement les foyers épidémiques. Mais l’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère désormais que le risque de propagation est très élevé, même si les cas recensés se concentrent dans la région de Bikoro, au nord-ouest du pays.

Il s’agit d’une zone très difficile d’accès au vu du mauvais état routier, mais pas enclavée, puisque la frontière avec le Congo-Brazzaville n’est autre que le fleuve. Une ouverture qui peut également constituer une source de contamination si les populations, par exemple, remontent en bateau vers la capitale Kinshasa. L’entrée du virus en zones urbaines est une raison supplémentaire d’inquiétude pour les spécialistes, car il est très contagieux.

Des craintes ravivées par le souvenir de la plus violente épidémie d’Ebola

On ne connaît pas la nature exacte de la souche en cours dans la région, des analyses sont en cours. Mais pour le Dr Eric Delaporte, de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), un vaccin est rarement fiable à 100% et il existe peu de recul sur ce vaccin vivant atténué. Les spécialistes se posent donc la question de savoir quels dangers pourraient représenter ce vaccin expérimental pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 2 ans.

Il s’agit de questions de recherche qui se règlent sur le long terme, alors que la donne actuelle exige une réponse rapide, car il faut contrôler une situation épidémique. L’épidémie qui a sévi en Afrique de l’Ouest entre 2013 et 2016 a fait plus de 11 300 morts sur 29 000 cas concentrés sur trois pays : la Guinée-Conakry, le Liberia et la Sierra Leone. Une épidémie longue et meurtrière qui a pourtant permis de mettre au point un vaccin expérimental.

Une arme supplémentaire qui peut changer la donne

Ce vaccin spécifique de la souche Ebola a été utilisé en Guinée à la fin de l’épidémie, sur 6 000 personnes dont 200 enfants. Il a prouvé son efficacité, puisque aucune d’entre elles n’est tombée malade dans les semaines qui ont suivi, selon une étude publiée l’année dernière. Mais il ne faut pas oublier que ce vaccin est préventif, c’est-à-dire que si vous êtes déjà contaminé, il ne sert à rien… Cette campagne de vaccination qui doit débuter va être ce que l’on appelle « en anneau ».

Elle concerne d’abord les personnels de santé – médecins, infirmiers – qui ont fait partie malheureusement des premières victimes lors de l’épidémie en Afrique de l’Ouest. Et ensuite tous ceux qui ont été en contact direct ou indirect avec le malade, c’est-à-dire les familles, les proches ou encore l’entourage… Il s’agit d’un important travail de recensement. Aujourd’hui, la première campagne devrait concerner 600 personnes.

Cela paraît peu, mais permettrait de limiter le nombre de vaccinations dans un premier temps. Car un des points délicat est la logistique ; les sérums doivent être conservés à une température très basse et l’accès difficile, notamment à cause du mauvais état routier dans la région, complique énormément le travail des équipes. Et surtout, il est impossible de vacciner tout le monde en même temps, encore faudrait-il des réserves suffisantes…

L’OMS estime l’efficacité de ce vaccin à 90%

Ce que l’on ne sait pas, c’est combien de temps dure la protection. Une défense vaccinale qui intervient pourtant très vite après l’inoculation du sérum selon les experts. Le premier cas découvert dans la ville de Mbandaka doit obliger les équipes à localiser les cas suspects afin de protéger l’entourage des malades potentiellement contaminés par le virus Ebola.

Il faut rappeler que le virus est très contagieux. L’isolement du malade ou d’une personne contaminée et décédée sans aucun contact direct est la première des choses à faire. Autre point : il ne faut pas cuisiner et/ou consommer des viandes de singes et de chauve-souris.

La maladie qui frappe aux portes des voisins de la RDC comme le Congo, la Tanzanie, l’Ouganda, le Soudan du sud, le Rwanda et le Burundi sont déclarés en état de haute alerte depuis la semaine dernière. Pour l’instant, aucun cas n’a été recensé.

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