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Dans le cadre de la coopération, Eitan Israelis, diplômé en agronomie, a quitté son pays Israel en 1963 pour la Haute-Volta, nouvellement indépendante.
A bord d’un vol Air Afrique qui effectuait la ligne Paris-Bobo-Dioulasso, Eitan découvrait un jeune pays confronté au défi de la sécurité alimentaire. Eitan fut un pionnier dans l’implantation du Centre Agricole Polyvalent de Matourkou, CAP/M situé à une dizaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso sur l’axe routier Bobo-Banfora frontière de la Côte d’Ivoire. Il est arrivé sur le site en 1963, année de création du centre agricole. Il fallait en urgence tout construire et équiper : classes, dortoirs, administration, aires de production, ateliers…A Matourkou, Eitan a contribué à bâtir l’outil et à enseigner les sciences agronomiques, avec l’espoir d’aider à développer l’agriculture, secteur sur lequel repose l’économie de notre pays. Des dizaines de jeunes agents techniques d’agriculture spécialisés issus des premières promotions de Matorukou ont bénéficié de l’expertise israélienne. Eitan avait à cœur de partageur l’expérience de développement agricole de son pays, de susciter dans notre pays, des coopératives efficaces et productives inspirées des célèbres kibboutz juifs. Israël a pallié au manque d’eau, et son cas est éloquent. Ce pays a reverdi et fleuri son désert sur lequel se dressent de magnifiques vergers d’orangers, de grenadiers, de bananeraies…
Eitan garde le souvenir d’une excellente collaboration et des parties de chasse avec le deuxième co-directeur (1965) de Matourkou, le regretté Rapademnaba Raphaël, décédé le 4 décembre 2008 à Bobo-Dioulasso. L’école qu’Eitan a vu naître est aujourd’hui un établissement de référence dans la sous-région en matière de formation professionnelle. Le centre lui doit une fière chandelle et en juin 2015, lors de la célébration du jubilé d’or du centre de Matourkou, Eitan a été décoré par le gouvernement burkinabè.
Les relations diplomatiques entre l’Etat hébreu et notre pays ont oscillé à un moment de l’Histoire. Elles ont été rompues en 1973 avec la guerre Israélo-arabe du Kippour. C’était l’époque où Golda Meir, ‘’la Dame de fer” était Premier ministre d’Israél (1969 à 1974) et où le Général Sangoulé Lamizana dirigeait notre pays (1966-1980. Les deux pays ont renoué en 1993.
Eitan est aujourd’hui Consul Honoraire du Burkina Faso en Israël. Eitan a fait carrière dans l’agronomie et admis en retraite, il évolue dans l’agrobusiness. Parallèlement, à ses activités, l’énergique et affable octogénaire à la taille moyenne et à la moustache soignée est un diplomate dans l’âme pour son goût prononcé des questions internationales. Par amour passionnel pour le Burkina Faso où il a servi durant sa jeunesse, il vend le charme de notre pays dans l’Etat hébreu. Eitan est très actif et volontaire dans sa fonction consulaire de représentant du Burkina Faso en Israël. Son rôle est de maintenir un contact permanent avec les autorités burkinabè et, au-delà, avec tous les acteurs principaux, dans tous les milieux. Le baobab et le manguier plantés importés du Burkina Faso et plantés dans son domicile de Netanyan sont un motif de fierté personnelle pour le porte-drapeau du Burkina en Israël.
Rencontres fécondes entre burkinabè et israéliens
Pour l’instant, nos compatriotes vivant en Israël se comptent au bout des doigts et les liens commerciaux entre les deux pays ne sont pas développés. Dans la lutte contre le terrorisme, le Burkina a besoin pourtant d’un partenaire tel qu’Israël. L’Etat hébreu peut se targuer de bâtir, en un peu plus d’un demi-siècle, un Etat moderne et prospère. « Nous pouvons produire des résultats concrets dans le secteur agricole, culturel, de la haute technologie et de la sécurité » déclare Eitan.
Eitan, a voyagé dans différentes régions du Burkina Faso, de l’ouest, au sahel burkinabè en passant par le centre du pays. ‘’ Le burkinabè est un peuple de travailleurs et c’est dommage que cette violence gratuite vienne ébranler l’élan de développement de ce pays pour lequel j’ai beaucoup d’admiration, je reste convaincu que le Burkina ne fléchira pas et sortira plus fort de ces moments difficiles’’ poursuit le Consul. Un agronome suit le cours des saisons, Eitan sait se glisser dans les paysages politiques. Le « diplomate-agricole » a le mérite de provoquer des rencontres fécondes entre burkinabè et israéliens. Entre bouture et greffe, il a su mettre en terre des semis de l’amitié et irriguer de sa volonté une coopération en germination entre l’Etat hébreu et le Burkina Faso.
Ag Ibrahim Mohamed