Encadrement des activités de la pré-campagne électorale : Me Prosper Farama donne sa lecture

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Depuis le 29 juillet 2020, il a été décidé de l’interdiction de couvertures médiatiques de la pré-campagne électorale, des activités à caractère politiques, mettant en scène un candidat ou un parti politique. Le samedi 12 septembre 2020 à Ouagadougou, lors du 2e club de presse organisé par le Centre national de presse Norbert Zongo, Me Prosper Farama a indiqué que le Conseil supérieur de la communication (CSC) a mal interprété la loi, quant à cette décision qui fait couler beaucoup d’encre et de salive.

« Encadrement des activités pré-campagne électorale et liberté de la presse au Burkina Faso. Quelles lectures ? », c’est sous ce thème que l’avocat Prosper Farama s’est entretenu avec les hommes de médias au centre de presse Norbert Zongo de Ouagadougou.  Selon Me Prosper Farama, conférencier, lorsque le CSC dit de ne pas faire des publicités ou d’émissions mettant en scène un candidat ou un parti politique, il se demande si ce sont vraiment ces publicités ou émissions qui font élire quelqu’un. Dans ce même sens, pour montrer que des villageois n’ont pas besoin de connaître un candidat à la télévision avant de voter pour lui, il a évoqué l’exemple selon lequel dans les villages, des politiciens distribuent de l’argent aux habitants, des bons d’essence ou (de par le passé) des tee-shirts. Par conséquent dit-il, il ne faut pas laisser le fond du problème et s’attaquer à sa forme.

Le CSC a mal interprété la loi

Le nouveau code électoral (Loi n° 005-2015/CNT du 7 avril 2015) voté par le CNT le 7 avril 2015 consacre l’interdiction formelle de la couverture médiatique de toute campagne électorale déguisée pendant 90 jours.

Cette loi selon Me Prosper Farama ne définit pas ce que c’est qu’une « campagne électorale déguisée », et bizarrement, c’est le Conseil supérieur de la communication qui le fait. Est-ce que le CSC a le pouvoir de donner la définition complémentaire d’un terme ou d’un concept prévu par une loi ? Telle est la question que Me Farama se pose. Ainsi pour lui, voir l’exécutif interpréter une loi, c’est du singulier et du jamais vu. « L’interprétation d’une loi revient au juge et non à l’exécutif », précise-t-il, avant de poursuivre en affirmant que le CSC n’a pas fait qu’interpréter cette loi mais l’a refait.

La décision profite à qui ?

Personne ne peut nier l’importance de la presse en démocratie, lance Me Farama. Ce que l’on doit retenir, c’est que quand les Médias revendiquent, « c’est pour l’intérêt populaire et non pour le public ». A l’écouter, la décision en question est à la faveur de ceux qui sont aux affaires, au détriment des autres partis politiques. Sinon, « en aucun cas elle pénalise la presse ». Il faut donner plus de liberté à la presse, a souligné Me Prosper Farama. Dans sa conclusion, il a tenu à préciser que la fonction du régulateur de Médias dans un pays, c’est de réguler ces Médias en question comme son nom l’indique, dans le but de consolider le processus de la démocratie.

Nicolas BAZIÉ

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