Au cours d’une conférence de presse qu’elle a organisé, ce jeudi 14 décembre 2017 à Ouagadougou, l’association Koura a décliné ses ambitions pour le développement de l’entrepreneuriat et la promotion de l’innovation. Elle en a profité pour faire l’état des lieux des start-ups dans l’environnement économique burkinabè.
« Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande ce que tu peux faire pour ton pays ». Cet extrait du discours d’investiture du président américain, John Fitzgerald Kennedy, l’association Koura (nouveau en langue dioula) pour le développement de l’entrepreneuriat se l’est appropriée, elle qui entend injecter du « neuf » dans les projets de jeunes afin de mieux lutter contre le chômage. Cette ambition a été dévoilée à la presse, jeudi soir, par les premiers responsables de l’association avec à leur tête le président, Abdoul Azize Ouédraogo.
Innover
- Une vue des invités notamment du secteur privé
Selon les conférenciers, la marque de fabrique de Koura demeure l’innovation. Innover : faire autrement. L’association, à en croire, son président veut donner « envie aux jeunes d’exploiter leur créativité, les aider à se forger un esprit entrepreneurial et leur donner les outils et le cadre nécessaires à la concrétisation de leurs idées ». L’une des cibles de Koura reste le monde estudiantin où elle entend créer des modèles de jeunes entrepreneurs, qui loin du fatalisme, opteront pour l’autonomisation plutôt que de se retrancher dans les coursives de la fonction publique.
Activités prévues en 2018
- Abdoul Azize Ouédraogo, président de l’association Koura
Pour l’année 2018, l’association Koura a une palette d’activités qu’elle compte mettre en œuvre. Selon le secrétaire chargé à la communication et aux relations extérieures, Abdou Faissal Sawadogo, l’association compte :
• Etendre son réseau à travers la mise en place des cellules Koura dans les écoles supérieures et offrir des formations en start-ups, étude de marché mais aussi des formations spécifiques aux étudiants à compter de février 2018 ;
• Dénicher, former et accompagner les meilleurs projets innovants ou start-ups à travers des appels à projets via le site web (www.koura.info ) et le Koura Bootcamp ;
• Lancer son webmagazine sur l’entrepreneuriat et l’innovation ;
• Accompagner des entreprises comme elle l’a fait de par le passé avec d’autres sur le plan marketing, commercial et de la communication ;
• Mettre en place des activités de team Building, afin de réunir autour d’une même table les acteurs dans le domaine de l’entrepreneuriat ou de l’innovation.
Les caractéristiques d’une start-up
- Aymand Silvère Voho, secrétaire général de l’association
De nos jours qui dit entrepreneuriat dit incubateur mais surtout start-ups, ces entreprises innovantes à fort potentiel de croissance à la recherche d’un business modèle. D’après le secrétaire général de Koura, Aymand Silvère Voho, le terme « start-up » est souvent utilisé par abus de langage pour désigner toute entreprise qui innove. Pourtant, à l’en croire, une start-up obéit à quatre règles. D’abord, il y a la temporalité, c’est-à-dire qu’une start-up n’a pas vocation à le rester toute sa vie, elle doit transformer une idée en entreprise. Ensuite, il y a la recherche d’un Business plan qui ne doit pas être calqué sur une structure existante. En outre, une start-up cherche un modèle qui, une fois qu’il fonctionne, peut être réalisé à plus grande échelle, dans d’autres lieux. D’où la règle de l’industrialisation ou de la reproductivité. Enfin, la scalabilité est le fait pour une start-up d’avoir un modèle où plus le nombre de clients augmente, plus les marges sont grandes. « Les premiers clients coûtent plus chers que les suivants, et ainsi de suite », a expliqué M. Voho.
« Burkina startups » et ses limites
- (A l’extrême droite) Fayçal Omar Kaboré, secrétaire chargé du développement et de la gestion des projets
Quelle est la situation des start-ups au Burkina Faso ? Partant de la définition et des caractéristiques d’une start-up étayées par le secrétaire général de l’association Koura, le secrétaire chargé du développement et de la gestion des projets, Fayçal Omar Kaboré, souligne qu’il est difficile d’affirmer avec certitude qu’il existe de véritables startups au Burkina Faso. Même s’il cite des cas de projets exemplaires comme laafi bag de Christian Toé, ou SwagPay, la première monnaie de paiement en ligne au Burkina Faso créée par le centre BeoogoLab, M. Kaboré révèle des insuffisances dans la création et la pérennisation de startups au Burkina. Des couacs liés notamment au temps d’incubation des projets.
- La définition d’une start-up selon Steeve Blank
Si l’un des objectifs du programme « Burkina startups » du gouvernement est de créer 100 start-ups par an, les membres de l’association Koura estiment que le temps imparti, les fonds et les ressources allouées par le Fonds burkinabé de développement économique et social pour sélectionner, lancer et faire décoller ces startups est très limité. « Tout d’abord, l’incubation d’une startup est l’étape la plus importante et voire même indispensable à sa réussite car on a affaire à des jeunes porteurs de projets qui ont de très belles idées de projets certes ; mais dont la majorité demeure inexpérimenté et peu outillé », a indiqué M. Fayçal Omar Ouédraogo. Et de s’interroger « Est-ce que l’on peut incuber objectivement une startup en deux mois ? Est-ce que l’on peut commencer à rembourser sa dette un an après sa levée de fonds ? »
La question reste posée et Koura à travers cette sagesse du richissime Ali DANGOTE pense qu’il faut un savoir-faire, un savoir être et surtout de la persévérance pour entreprendre. Le Nigérian Ali Dangoté, l’homme le plus riche d’Afrique n’avait-il pas dit en 2008 : « Les jeunes d’aujourd’hui aspirent à être comme moi, mais ils veulent tout obtenir du jour au lendemain. Ils ne veulent pas travailler…Je suis devenu l’homme noir le plus riche au monde en 2008. Mais ça n’a pas eu lieu du jour au lendemain. Il m’a fallu 30 ans pour en arriver là ».
Koura en bref
- Abdou Faissal Sawadogo, secrétaire chargé à la communication et aux relations extérieures
Pour rappel, l’association Koura pour le développement de l’entrepreneuriat a été créée en 2014 et officiellement reconnue une année plus tard. Selon son président, elle comprend des jeunes de plusieurs profils dont des informaticiens, des médecins, des ingénieurs en maintenance industrielle, des étudiants, des entrepreneurs, etc. Outre les projets numériques, l’association accompagne également des projets dans le domaine agricole, la restauration, la culture, l’économie verte, etc. Son siège se trouve au quartier 1200 logements à Ouagadougou.
Source: Lefaso.net