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Il y a des villes et des pays en Afrique de l’Ouest où ça ne gêne pas grand monde qu’on ne tienne pas en compte des droits et des possessions des éleveurs transhumants du fait que ces derniers ne savent ni comment faire valoir leurs droits, ni les règlementations en vigueur écrites en langue et textes européens de nos États, ni comment et où faire le lobby pour que les choses aillent dans le sens auquel ils aspirent…
Niés dans leur dignité par le système, dédaignés, méprisés, toujours entravés dans leur effort considérable de couvrir depuis des temps immémoriaux les nécessités en viande, en lait, en cuir, en laine, en peaux, etc., pour notre société consommatrice et de marchandisation croissante en ville. En effet, il est monnaie courante dans notre société de voir les éleveurs transhumants être coupés de leurs droits les plus élémentaires : leur droit au foncier pastoral notamment, le droit à la mobilité par ceux qui se disent avoir le droit de monopoliser les ressources de la nature (élus, acteurs communaux, chefs coutumiers, chefs de village, populations « autochtones », etc).
Ainsi, il arrive trop souvent que les couloirs de passage de leurs animaux vers l’accès aux pâturages où la pluie est tombée abondamment, soient bloqués, les obligeant du coup à rechercher d’autres itinéraires imprévus. Il arrive trop souvent également que des champs pulvérisés en produits toxiques, empiètent dans des zones déclarées exclusivement pastorales par l’Etat mais malheureusement non aménagées comme il se doit et non suivis. Pourtant l’article 43 des textes de la loi sur la gestion des ressources naturelles du Burkina Faso par exemple stipule que « toute mise en culture, construction ou tout établissement d’entrave de quelque nature que ce soit sur l’emprise d’une piste à bétail est interdit ».
C’est une évidence que le secteur de l’élevage est marginalisé par les politiques en faveur exceptionnellement de l’agriculture, comme si ce n’était pas deux secteurs complémentaires comme deux jumeaux. Ils nous font revivre d’ailleurs à chaque fois l’histoire des frères Abel et Caïn avec ces deux secteurs de mode de vie nomade et sédentaire si différent mais si complémentaire… Certains États n’ont presque pas de ministères dédiés à ce secteur. Et s’il y en a, le budget s’avère toujours insuffisant. L’élevage demeure toujours le parent pauvre dans l’accès au financement. Pourquoi c’est comme ça malgré les ressources tirées de ce secteur d’activité économique ?
Et c’est à se demander s’il n’y a pas des forces qui sont construites contre les éleveurs pasteurs notamment lorsque leurs animaux sont mis en fourrière à la suite d’un arbitrage en leur défaveur après toujours un conflit avec leur voisin agriculteur qui a lui-même parfois poussé le bétail vers la destruction de son champ afin d’espérer une certaine compensation. Et je ne cite pas les prélèvements illicites de taxes communales, les ventes aux enchères du bétail, et en prélude à la fête de la tabaski, des fonctionnaires de l’Etat ou des gros commerçants venir concurrencer les éleveurs dans la vente de bétail parce qu’ils veulent, eux aussi, profiter de la demande croissante de ce marché. Eux qui
« disposent plus facilement d’informations, de contacts, et d’accès au crédit pour des activités qui semblent se développer au détriment des éleveurs traditionnels ».
De tout le temps incompris, beaucoup de clichés circulent sur les éleveurs liés à la tradition dans l’opinion publique. Beaucoup d’entre nous tiennent coûte que coûte par exemple à ce que les éleveurs modifient entre autres les modes de conduite de leur élevage en sédentarisant l’ensemble de leurs animaux. Mais quelles sont les choses que les gens ne savent pas sur les éleveurs, sur les conditions agro-écologiques, sur l’impact des saisons, sur l’environnement favorable ou défavorable à leur activité d’élevage et de pastoralisme, etc ? Savons-nous combien coûte la consommation du bétail en mode de vie sédentaire malgré le coût de la vie qui continue de monter ? Beaucoup d’entre nous passons notre temps à blâmer les pauvres éleveurs transhumants au lieu de réaliser que c’est souvent notre propre manque d’informations au sujet de leur activité d’élevage, au sujet de leur mode de vie nomade millénaire, qui est responsable de nombre de mauvaises décisions politiques autour des questions liées au foncier, à l’accès aux ressources naturelles, à la justice, à la cohésion sociale dont nous avons aujourd’hui plus que besoin.
Et si on arrêtait de blâmer les éleveurs, les transhumants, mais commencer réellement à blâmer le système, à blâmer les causes profondes qui font malgré leur activité économique séculaire, ils ont encore du mal à joindre les deux bouts, ces hommes qui sont, eux aussi, nos frères, nos concitoyens, nos semblables, même si leur histoire, leur culture, leur langue, leur mode de vie, leur valeur nous sont la plupart du temps incompréhensibles.
Et ça me réjouit de voir APESS, l’association internationale de 7 millions d’éleveurs sur 13 pays d’Afrique fondée à Bobo Dioulasso en mai 1989, elle avec ses partenaires les ONGs et associations contribuant à l’intégration régionale ADRB, Andal et Pinal, AREN, CDD, Delta-Survie, GNAP, Potal Men, et les experts IPAR, ICI, ÉDRIC. Eux qui parcourent sans relâche les espaces infinis du Sahel et de la savane, les immensités désertiques de la Mauritanie au Tchad en passant par le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Bénin, le Togo à travers le Programme dénommée #PREPP, en vue de faire sortir les éleveurs transhumants des ténèbres vers la lumière en leur offrant des expériences éducatives et de formations spécifiques sur la base de leur besoin afin de mener une vie pleine de dignité et riche et socialement utile à leur pays.
Le désespoir a forcé certainement de jeunes éleveurs niés dans leur dignité, dédaignés, méprisés socialement, toujours entravés dans leur activité économique, à un égarement indescriptible. Et si on arrêtait maintenant de reporter nos frustrations uniquement sur eux, de cesser de penser en terme ethnique en ce qui les concerne, mais de répondre à leur besoin humain pour une meilleure qualité de vie, de bien-être et de vie paisible. Est-ce possible d’arriver à cette aspiration au lieu de suivre d’autres destinations qui ne nous conviennent pas ?
Dian Diallo(Collaborateur)
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