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Pour la première fois en Europe, la Maison rouge, à Paris, expose la collection de black dolls rassemblée par Deborah Neff. Et livre une archive intime de la vie des Africaines-Américaines entre 1840 et 1940.
Vertigineuse. La dernière exposition de la Maison rouge, à Paris, vient confirmer ce que l’on redoutait déjà : la fermeture du lieu, annoncée et décidée par son créateur Antoine de Galbert, marquera la -disparition d’un espace qui ¬n’hésitait pas à bousculer les normes et à explorer les marges de la création avec une totale liberté de propos.« Black dolls, la ¬collection Deborah Neff », qui se tient jusqu’au 20 mai, offre à ce titre un « finale » bouleversant, à la hauteur d’une institution subtilement iconoclaste.
Pour la première fois en Europe sont présentées, sous le commissariat de Nora Philippe, quelque 200 poupées noires créées entre 1840 et 1940 aux États-Unis. « Face à ce projet, j’ai pris la décision de reporter la fermeture de trois mois, explique Galbert dans son introduction au catalogue. Ces objets destinés aux enfants sont ¬indéniablement chargés de tendresse, mais ils portent aussi en eux toute l’histoire des États-Unis et des diasporas issues de la mise en esclavage d’une partie du continent africain. »
Les poupées ne ressemblent en rien aux images stéréotypées et dégradantes des Africains-Américains ¬véhiculées dans la culture américaine à l’époque de leur fabrication
Deborah Neff a trouvé sa première poupée à Atlanta lors d’un ¬déplacement professionnel, dans une foire -d’antiquités. Une poupée bricolée et abandonnée, mais tellement différente de ce que l’industrie pouvait alors proposer qu’elle en est restée interdite ! « C’était il y a vingt ans, raconte-t elle à Nora Philippe. Ma réaction a été la même que celle de la plupart des gens lorsqu’ils découvrent les poupées : la surprise. Les poupées surprennent parce qu’elles ne ressemblent en rien aux images stéréotypées – et dégradantes – des Africains-Américains ¬véhiculées dans la culture américaine à l’époque de leur fabrication. Elles surprennent parce qu’elles sont très habilement faites (même celles qui semblent simples), parce qu’elles sont expressives et qu’elles ont survécu. »
Élégamment cousues ou bricolées à partir de rien, vêtues avec apprêt ou nues comme au premier jour, représentant des enfants, des adultes ou des vieillards, les black dolls rassemblées par Deborah Neff et présentées par la Maison rouge sur de simples coffres de bois clair sidèrent par l’intensité de leur présence. Parce qu’elles sont belles et dignes, bien entendu, ou étranges, ou blessées, ou usées, mais surtout parce qu’elles portent en elles les présences de celles et ceux qui les ont cousues, aimées, câlinées, cajolées, torturées peut-être, rafistolées, réparées.
100 ans après
Leurs yeux grands ouverts qui nous regardent ardemment près de 100 ans après leur naissance racontent des milliers d’histoires individuelles prises dans le flot d’une Histoire collective lourde de douleurs mais qui ne peut se réduire à ces dernières. « Comment la créativité de la femme noire a-t elle pu rester vivante, année après année, siècle après siècle, alors que, pendant la plus grande partie du temps que les Noirs ont passé en Amérique, il leur a été interdit de lire et d’écrire ? Et la liberté de peindre, de sculpter, de s’ouvrir l’esprit par l’action n’existait pas », se demande l’écrivaine Alice Walker dans une citation placée en exergue de l’exposition.
Ces centaines de poupées racontent certes l’enfance, la relation aux mères et aux nourrices, mais elles disent aussi la résistance à l’oppression. « Cette collection est récente, elle a été montrée pour la première fois en 2015 au Mingei International Museum de San Diego et a à peine circulé au États-Unis, explique Nora Philippe. Elle peut contribuer à écrire ou à réécrire tout un pan de l’histoire des femmes et des enfants africains–américains. »
Vertigineuse. La dernière exposition de la Maison rouge, à Paris, vient confirmer ce que l’on redoutait déjà : la fermeture du lieu, annoncée et décidée par son créateur Antoine de Galbert, marquera la -disparition d’un espace qui ¬n’hésitait pas à bousculer les normes et à explorer les marges de la création avec une totale liberté de propos.« Black dolls, la ¬collection Deborah Neff », qui se tient jusqu’au 20 mai, offre à ce titre un « finale » bouleversant, à la hauteur d’une institution subtilement iconoclaste.
Pour la première fois en Europe sont présentées, sous le commissariat de Nora Philippe, quelque 200 poupées noires créées entre 1840 et 1940 aux États-Unis. « Face à ce projet, j’ai pris la décision de reporter la fermeture de trois mois, explique Galbert dans son introduction au catalogue. Ces objets destinés aux enfants sont ¬indéniablement chargés de tendresse, mais ils portent aussi en eux toute l’histoire des États-Unis et des diasporas issues de la mise en esclavage d’une partie du continent africain. »
Les poupées ne ressemblent en rien aux images stéréotypées et dégradantes des Africains-Américains ¬véhiculées dans la culture américaine à l’époque de leur fabrication
Deborah Neff a trouvé sa première poupée à Atlanta lors d’un ¬déplacement professionnel, dans une foire -d’antiquités. Une poupée bricolée et abandonnée, mais tellement différente de ce que l’industrie pouvait alors proposer qu’elle en est restée interdite ! « C’était il y a vingt ans, raconte-t elle à Nora Philippe. Ma réaction a été la même que celle de la plupart des gens lorsqu’ils découvrent les poupées : la surprise. Les poupées surprennent parce qu’elles ne ressemblent en rien aux images stéréotypées – et dégradantes – des Africains-Américains ¬véhiculées dans la culture américaine à l’époque de leur fabrication. Elles surprennent parce qu’elles sont très habilement faites (même celles qui semblent simples), parce qu’elles sont expressives et qu’elles ont survécu. »
Élégamment cousues ou bricolées à partir de rien, vêtues avec apprêt ou nues comme au premier jour, représentant des enfants, des adultes ou des vieillards, les black dolls rassemblées par Deborah Neff et présentées par la Maison rouge sur de simples coffres de bois clair sidèrent par l’intensité de leur présence. Parce qu’elles sont belles et dignes, bien entendu, ou étranges, ou blessées, ou usées, mais surtout parce qu’elles portent en elles les présences de celles et ceux qui les ont cousues, aimées, câlinées, cajolées, torturées peut-être, rafistolées, réparées.
100 ans après
Leurs yeux grands ouverts qui nous regardent ardemment près de 100 ans après leur naissance racontent des milliers d’histoires individuelles prises dans le flot d’une Histoire collective lourde de douleurs mais qui ne peut se réduire à ces dernières. « Comment la créativité de la femme noire a-t elle pu rester vivante, année après année, siècle après siècle, alors que, pendant la plus grande partie du temps que les Noirs ont passé en Amérique, il leur a été interdit de lire et d’écrire ? Et la liberté de peindre, de sculpter, de s’ouvrir l’esprit par l’action n’existait pas », se demande l’écrivaine Alice Walker dans une citation placée en exergue de l’exposition.
Ces centaines de poupées racontent certes l’enfance, la relation aux mères et aux nourrices, mais elles disent aussi la résistance à l’oppression. « Cette collection est récente, elle a été montrée pour la première fois en 2015 au Mingei International Museum de San Diego et a à peine circulé au États-Unis, explique Nora Philippe. Elle peut contribuer à écrire ou à réécrire tout un pan de l’histoire des femmes et des enfants africains–américains. »