Dans le cadre de l’application du Programme d’ajustement structurel (PAS) au Burkina Faso, 43 sociétés d’État ont été sacrifiées sous le regard impuissant des travailleurs. Ces entreprises ont été pour la plupart restructurées, privatisées, ou encore fermées définitivement. Ainsi, 7281 employés venaient d’être déflatés sans être convenablement restitués dans leurs droits. Depuis lors, les multiples démarches entreprises auprès des autorités n’ont abouti à rien, laissant ces ex travailleurs dans une misère noire. Dans cet entretien, Zongo W. Germain, travailleur déflaté de Faso Yaar, revient sur les circonstances de la fermeture des ex sociétés d’Etat et les conséquences qui en ont suivi.
FasoPiC : Présentez-nous l’ex société d’Etat Faso Yaar
Germain W.Zongo : Faso yaar, encore appelé à l’époque ‘’koose nan nan’’ (vendre moins cher) était l’une des grandes sociétés de commercialisation où le différentiel du transport était supporté par la maison. Faso yaar vendait son paquet de spaghetti à 120 FCFA à l’époque à Ouagadougou, ainsi que dans les autres villes du pays. On allait à la rencontre des clients. En plus du spaghetti, il y avait également le riz. Avec l’avènement de la révolution, il était question que chaque ville dispose d’un Faso yaar car il était le métronome de la qualité. Il était loin d’être une société à liquider, mais c’était une décision politique face à laquelle nous étions impuissants.
FasoPiC : quelles sont les raisons qui avaient été avancées pour la fermeture de votre société ?
Germain W.Zongo : Les raisons avancées n’étaient autres que l’application du Programme d’Ajustement Structurel (PAS). En 1994, on a d’abord procédé à la restructuration et 209 travailleurs se sont vus licenciés. Cette phase de la restructuration n’a pas marché, et deux ans plus tard, soit en 1996, l’on a procédé à la liquidation pure et simple de Faso yaar.
FasoPiC : quelles ont été les conséquences pour les déflatés ?
Germain W.Zongo : En termes de conséquences il faut dire qu’au total ce sont 336 employés qui ont été jetés dans la rue et abandonnés à leur sort. Depuis lors, ces déflatés sont plongés dans une misère totale avec son lot de conséquences. A l’heure où je vous parle, il y a 100 personnes qui sont décédées sans être restituées dans leurs droits. Il y a eu des cas de divorces et des enfants ont été contraints d’abandonner leurs études. Nous avons tous eu des pincements au cœur.
FasoPiC : depuis 2016, vos dossiers ont été déposés au HCRUN pour traitement. Avez-vous obtenu des avancées significatives ?
Germain W.Zongo : Pour être honnête, je dis et je déclare à qui veut l’entendre que le Haut Conseil pour la Réconciliation et l’Unité Nationale (HCRUN), ne nous a jamais rendu service. Cinq (5) ans après le dépôt de nos dossiers, le HCRUN a plaisanté avec nous et on s’est retrouvé avec un rapport vide et creux de sens. Il est vide parce que durant ces 5 années, on ne peut pas nous dire qu’après avoir étudié le dossier, le HCRUN souhaite à ce que l’on paye ceux qui n’ont pas eu de traitement diligents et pour les autres cas, on reverse pour le compte de la revalorisation de leurs fonctions. Le HCRUN a été médiocre sur toute la ligne. On avait décidé voir dans quelle mesure le système de dédommagement pouvait être effectué et jusqu’à l’heure où je vous parle, il se trouve que le HCRUN s’est assis faire un rapport sans le moindre consensus.
FasoPiC : le 14 mai dernier vous avez rencontré le ministre d’Etat Zéphirin Diabré par rapport à votre situation. Avez –vous l’impression d’avoir frappé cette fois-ci à la bonne porte ?
Germain W.Zongo : Nous pensons que nous avons frappé à la bonne porte, parce que le ministre d’Etat en charge de la réconciliation et de la cohésion sociale, Zéphirin Diabré, a été rassurant car, il a promis de plaider par rapport à notre dossier. Pour nous, s’il est conséquent avec lui-même, il doit se dire qu’il a été au début et à la fin du PAS, et qu’il fait partie de ceux-là qui ont été à l’origine de nos différentes réclamations. Alors il doit agir. Il faut dire que Zéphirin Diabré, était ministre de l’économie et des finances à l’époque. Ce sont eux qui ont piloté le Programme d’Ajustement Structurel, avec son lot de conséquences désastreuses. Aujourd’hui, s’il ferme les yeux sur cette affaire, ça va être dommage. Au sujet de la réconciliation, j’ai été très clair avec le ministre. J’ai dit que les travailleurs déflatés de Faso yaar n’iront pas à la réconciliation tant que ce dossier ne sera pas réglé.
FasoPiC : Que réclament les travailleurs déflatés de Faso Yaar exactement ?
Germain W.Zongo : En ce qui concerne Faso yaar, la première vague des travailleurs partie en 1994 n’a reçu qu’une année de salaire. Nous sommes allés voir un avocat et avec les tractations ils ont pu obtenir 8 mois de salaires supplémentaires. Actuellement, nous réclamons 40 mois de salaires pour ceux qui ont été mis à la porte en 1994, et 36 mois de salaires pour les autres travailleurs licenciés en 1996. A la liquidation des 43 sociétés d’Etat, il était prévu de payer les déflatés sur la base d’un différentiel de 60 mois de salaire, soit sur une période de 5 ans. Mais hélas ! La réalité a été toute autre. C’est ce différentiel que nous n’avons pas eu au HCRUN et nous avons maintenant le regard tourné vers le ministre d’Etat en charge de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale Zéphirin Diabré.
Interview réalisée par Michel CABORE
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