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Et si c’était à refaire ? Le canadien Feronia oserait-il se lancer dans la production d’huile de palme en RD Congo comme il l’a fait en 2009 ? « Oui, mais sans doute en ayant davantage conscience de l’immensité de la tâche devant nous », affirme Paul Dulieu, le directeur du développement de Feronia. Pour la première fois, en 2018, l’entreprise qui écoule toute sa production à Kinshasa devrait faire des bénéfices.
Grâce à ses 17 000 hectares replantés et à ses usines rénovées, le chiffre d’affaires n’a cessé de croître ces dernières années. Il était de 16,5 millions de dollars (15,6 millions d’euros) en 2016 et aurait dépassé 20 millions de dollars en 2017 selon un chiffre encore confidentiel. Il pourrait se stabiliser autour de 50 millions de dollars à partir de 2020. D’ici peu, les dettes accumulées devraient donc n’être qu’un mauvais souvenir.
Un placement prometteur en apparence
Mais pour en arriver là rien n’aura été simple. Au départ, le placement apparaissait pourtant prometteur. Financier canadien d’origine indienne, tout juste sorti d’un investissement dans l’hévéa au Liberia, Ravi Sood a l’opportunité de racheter la participation d’Unilever dans les Plantations et huileries du Congo (PHC) – établies dans le pays depuis 1911 – que le groupe anglo-néerlandais entend céder, comme il l’a fait avec Palmci et PHCI en Côte d’Ivoire au profit de Sifca. Feronia est créé via TriNorth Capital, filiale de la société de gestion d’actifs de Ravi Sood, Lawrence Asset Management, et prend le contrôle de 76,2 % de PHC (puis de 83 % à la suite d’une restructuration du bilan comptable permise par l’adhésion de la RD Congo à l’Ohada, l’État conservant environ 17 %).
Ravi Sood estime alors Feronia capable « de reproduire la révolution agricole qui s’est opérée au Brésil ces trente dernières années ». La consommation nationale en huile de palme (huile de cuisine, margarine, savon…), que le pays importe en grande quantité chaque année, les infrastructures et les terrains préexistants – qui évitent notamment d’avoir à gérer de très épineuses déforestations – faisaient de PHC, payé 2,65 millions d’euros, une bonne affaire. Les investissements prévisionnels, apportés par plusieurs hedge funds nord-américains et britanniques, apparaissaient alors limités et devaient être rapidement couverts par l’activité.