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Ouédraogo Gaston : Je pense que ce métier, je ne l’ai pas choisi mais plutôt un héritage pour moi. Du côté maternel le grand père et les oncles sont tous des comédiens. Cependant, je ne savais pas que je serais un humoriste. A l’Eglise je chante très bien à la chorale. Même quand j’étais en classe de 5ème en Côte d’Ivoire, une dame m’a dit mon petit, tu seras un artiste. Pour moi c’était un choriste, un chanteur et les gens m’encourageaient beaucoup. C’est à travers l’Eglise qu’un prêtre m’a inspiré. A chaque moment après la prière il avait de petites histoires très intéressantes qu’il racontait. C’est là que je me suis lancé également. Aussi, au club d’anglais au lycée les professeurs m’ont toujours donné l’occasion de pourvoir m’exprimer à travers mon talent.
A partir de 2006, j’ai commencé avec les prestations dans les tournois de maracana. Lorsque je suis arrivé au Burkina Faso, en 2014 ma toute première prestation a été à la maison de la femme lors du 8 mars. Les gens m’ont vraiment félicité ce jour-là. Par la suite quand je suis arrivé à l’Université Joseph Ki Zerbo, le club d’anglais avait une activité où j’ai eu l’occasion de prester avec succès. Petit à petit j’ai rejoint le club UNESCO par le biais d’un ami. Le club avait une activité dénommée la nuit du conte et de l’humour. Mais Je peux dire que c’est à mon arrivé dans ce club que l’humour a pu avoir une place importante.
Cette année l’amphi C300 de l’université Joseph Ki Zerbo, a refusé du monde lors d’une activité dudit club. C’est à partir de ce moment que j’ai été confié à son excellence Gérard, qui ne cesse de m’encadrer. Maintenant je fais beaucoup de scènes, même à l’étranger.
FasopiC : avez-vous déjà pris part à des compétitions ?
Ouédraogo Gaston : Je n’ai pas aimé les compétitions. Je préfère plutôt lorsqu’on ne s’attend pas à moi, je viens émerveiller les spectateurs et je disparais. Mais cela ne veut pas dire que c’est parce que je ne suis pas meilleur que je n’aime pas les compétitions. C’est seulement une question de principe.
FasoPiC : Envisagez-vous faire carrière dans ce domaine ?
Ouédraogo Gaston : je compte vraiment faire carrière dans l’humour. J’ai déjà commencé comme ça. Actuellement tous mes promotionnaires sont dans les campagnes pour des vacations. C’est l’humour qui me permet de payer mon loyer, avoir de quoi à manger, alimenter ma moto en carburant, m’habiller et me soigner. En un mot je compte faire de ce métier un travail à vie.
FasoPiC : on entend souvent certains dire que c’est un milieu où les plus forts piétinent les plus petits, vous qui êtes débutant confirmez –vous cette version ?
Ouédraogo Gaston : je pense que chacun a sa version, chacun a sa façon de voir les choses. Moi particulièrement je n’ai pas de problème avec les aînés. C’est un pionnier qui m’encadre actuellement. Il n’était pas obligé de me former. Tout récemment on était à Bobo Dioulasso pour une formation en humour. Lors de ladite formation on m’a aidé à trouver mon procédé humoristique pour être différent des autres. Je suis aussi en bonne relation avec le groupe génération 2000, constitué aussi d’aînés. C’est vrai que ce n’est pas facile, mais chaque chose que tu fais il faut être ambitieux, par la suite prier et persévérer.
FasoPiC : dans un contexte où le Burkina Faso est en guerre, quelle pourrait être l’utilité de l’humour ?
Ouédraogo Gaston : Vraiment j’aimerais me lancer dans le volet du G5 Sahel entant que humoriste et participer à la consolidation de la cohésion et la paix. Le combat contre les terroristes ne doit pas se limiter seulement à la force des armes. L’humour a aussi son rôle à jouer. Il y a des paroles et des messages qui reconvertissent des gens. L’année 2019, j’ai fait deux one man show, intitulés solidarité et responsabilité où j’ai prôné des messages de paix. A cet effet j’ai eu des prestations à l’université Joseph Ki Zerbo et à l’université Norbert Zongo de Koudougou. Malheureusement quand il y a un problème, on ne tient pas toujours compte de la culture.
FasoPiC : pensez-vous que la mentalité des burkinabé est –elle favorable à l’épanouissement de l’humour ?
Ouédraogo Gaston : Je dirai que dans la vie il faut avoir des objectifs. Il y a quelques années l’humour n’était pas assez développé au Burkina Faso. Aujourd’hui on constate une évolution positive, c’est une chance pour nous jeunes de la nouvelle génération, car même les pionniers n’ont pas eu cette chance. Mais nous devons redoubler d’efforts afin de conquérir davantage les spectateurs.
FasoPiC : Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confronté ?
Ouédraogo Gaston : comme principale difficulté, il faut dire que nous n’avons pas d’école d’humour au Burkina Faso. Nous disons merci à son excellence Gérard qui nous forme actuellement. En plus de cela nous sommes confrontés à un problème de soutien financier. Quand je fais mes prestations les gens m’applaudissent, mais juste un petit soutien financier d’encouragement c’est vraiment rare. Tu peux avoir un projet très pertinent mais tu n’auras jamais de soutien pour sa réalisation. Je lance un cri de cœur à l’endroit des personnes de bonne volonté à soutenir les artistes de la jeune génération afin qu’ils puissent réaliser leurs rêves.
Propos recueillis par MICHEL CABORE