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FasoPic : Philo vous organisez une soirée de quoi s’agit-il ?
Philo : il s’agit là de mon tout premier One woman Show. C’est ce que l’on appelle habituellement One man show. Etant donné que je suis une femme alors je l’ai appelé One woman Show. J’ai commencé l’humour cela fait déjà quatre ans et c’est le tout premier woman show de l’humoriste philo que je suis. C’est pour dire que je serai seule sur scène pendant plus d’une heure pour tenir en haleine le public, apporter de la joie, de la gaieté pour décompresser, pour donner du plaisir. Je rappelle que j’aurai le soutien de mes confrères humoristes qui vont m’accompagner. Je peux vous rassurer que ce sera un spectacle de ouff !
FP : pour organiser un tel spectacle il y a forcément des difficultés ?
PH : effectivement pas mal de choses rentrent en compte et on a besoin d’être accompagné. Pour mon expérience personnelle, depuis que j’ai commencé l’organisation, personne n’est venue vers moi pour me dire « Philo bonjour ». Je tape à toutes les portes pour demander de l’aide, pour présenter le projet du toute première one woman show du Burkina mais pour le moment il n’y a pas de signe.
FP : de façon très brève que peut-on retenir de votre carrière d’humoriste ?
PH : je dirai que je n’avais jamais rêvé de devenir humoriste. Je le dis en toute franchise. J’avais des amis comme Gombo.com, je partais à toutes leurs prestations, mais je n’ai jamais osé dire un seul jour que j’ai envie d’être comme eux ou même que l’humour m’a déjà titillé. Au départ j’étais comédienne de théâtre. Je rappelle au passage que c’est en 2006 que j’ai commencé le théâtre. De formation en formation, je me suis retrouvée au CITO pour une formation avec Issaka Sawadogo qui a duré deux mois. A la fin de la formation, on devait présenter ce qu’on a appris. C’est au cours de la restitution, que Gérard Ouédraogo présent dans la salle, m’a approché à la fin pour me faire des compliments. Il m’a fait comprendre que je suis une humoriste née et m’a même demandé de me lancer dans l’humour. Je lui ai fait comprendre que cela ne m’a jamais traversé l’esprit. Il n’a pas baissé les bras parce qu’à chaque fois qu’il me voyait, il m’encourageait à me lancer. Cela a duré deux ans, mais moi je ne voyais pas. Il a eu un projet avec l’Institut français et il m’a mis dans la liste des humoristes. Il vient me voir par la suite pour m’informer. C’est une très longue histoire et je ne peux pas rentrer dans les détails. Ce que je peux dire c’est que si je suis devenue humoriste aujourd’hui, c’est grâce à lui, grâce à sa persévérance. C’est grâce à lui que j’ai eu ma toute première prestation à l’Institut français lors de la comédie club de Gérard et ses amis. C’est de là que tout est parti.
FP : vous-vous rappelez surement de votre premier pas sur scène ?
PH : Ce n’était pas du jeu. Je me rappelle qu’on était dans le hall où on attendait une musique qui allait donner le signal pour qu’on fasse notre entrée avec Gérard au milieu. J’avoue que pendant qu’on était dans les coulisses, j’avais envie de fuir, je transpirais. Je vous promets qu’avant de monter sur scène j’ai mouillé deux chemises. Gérard Ouédraogo comme à son habitude a trouvé les mots pour me mettre en confiance. Je lui ai donné raison car les 15 ou 20 minutes passées sur scènes, pour ne pas me lancer des fleurs, j’ai vraiment épaté.
FP : grâce à l’humour vous parcourez le monde. A l’international comment l’humour au Burkina est vu ?
PH : il est très bien vu parce que les gens de plus en plus comprennent que l’humour ce n’est pas seulement des blagues.
FP : comment peut-on dire que l’humour n’est pas seulement des blagues
PH : on ne prend pas des blagues connues par des gens depuis des années pour les raconter. De plus en plus les humoristes burkinabè écrivent beaucoup les spectacles. Les spectacles sont beaucoup travaillés, les textes sont vus à plusieurs reprises et je pense que c’est aussi ce qui fait la force de l’humour burkinabè. Les gens apprécient vraiment ce que nous faisons, ils comprennent que c’est un boulot de fond qui est abattu. Nous produisons des spectacles commandés sur demande pour des institutions ou même des ONG. On a des commandes de spectacle d’humour sur des produits. On peut créer un spectacle pour faire vendre un produit. Dans un esprit humoristique on parle du produit, on captive les gens. A travers l’humour on peut faire beaucoup de choses et les gens pensent qu’on monte sur scène pour faire rire simplement. Il faut savoir que l’humour sert aussi à communiquer d’une autre façon. Il sert à sensibiliser. L’humoriste est capable de tout. Malheureusement, les gens n’ont pas compris jusqu’où l’humoriste est capable d’aller avec l’art de faire rire qu’il manie habilement.
FP : est-ce que l’humour au Burkina Faso nourrit l’artiste ?
PH : tout métier nourrit, ce n’est pas seulement l’humour. Tout ce que nous faisons sur cette terre, il suffit de bien le faire et d’y croire.
FP : c’est bien les belles paroles, mais ils sont nombreux les artistes qui se plaignent ?
PH : beaucoup d’artistes se plaignent je vous le concède. Mais n’oubliez pas que ça dépend de l’énergie avec laquelle tout un chacun de nous est venu dans la chose. Je pense qu’il faut arrêter de se plaindre et faire ce que nous faisons par amour. Je rappelle que quand j’ai joué pour la première fois dans un film, je n’ai pas pris cinq francs. Je ne donnerai pas le titre du film, ou même le nom du réalisateur. C’est ma voisine qui m’aidait avec l’argent de carburant pour que je puisse aller au tournage. Vous ne pouvez pas imaginer ma joie pendant une année. Je souriais à tout, c’était comme si on m’avait décroché la lune ou qu’on m’avait envoyé sur une planète où il fait bon vivre. J’étais tout le temps heureuse pour simple le fait d’avoir joué dans ce film. C’est parce que j’ai nourri cette envie de le faire. Depuis lors, j’ai compris de quoi j’étais capable. Ce même réalisateur m’a rappelé pour une autre série et là j’ai été payée convenablement. C’est pour dire que quand tu entreprends avec enthousiasme, ce feu qui brûle en toi, tu ne peux ne pas en vivre. Ce n’est pas possible que tu ne puisses en vivre.
Thierry KABORE (Collaborateur)
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