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Indonésie: après les séismes, l’exode des touristes

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En Indonésie, les recherches continuent toujours dans l’espoir de retrouver d’éventuels survivants au séisme qui a frappé dimanche l’île de Lombok, à l’est de Bali. C’est le deuxième tremblement de terre en une semaine dans cette zone très touristique. Pour le moment, le bilan est de 98 morts et plus de 200 blessés. 2 000 touristes ont été évacués. Notre correspondant en Indonésie a passé la matinée à l’aéroport et a rencontré des dizaines de touristes évacués des îles Gili. Des touristes majoritairement traumatisés.
Quand on pénètre dans l’aéroport de Lombok, le spectacle qui saute aux yeux, c’est d’abord des dizaines de touristes, assis ou allongés sur le sol un peu partout.Et parmi tous ces touristes qui attendent encore un vol pour pouvoir quitter l’île de Lombok, ils sont nombreux à présenter des signes évidents de traumatisme. Pour ne rien arranger, ils n’ont pratiquement pas dormi depuis deux nuits. Concrètement, ils ressassent et revivent en boucle les histoires de murs qui s’effondrent. A l’image de cette mère de famille qui préférait rester à l’intérieur de l’aéroport avec sa fille plutôt que de louer un hôtel à l’extérieur, parce que pendant le séisme, le bâtiment qu’elle louait leur est tombé dessus.Idem pour Charlotte, 28 ans, qui racontait avec un débit extrêmement rapide sa nuit sur la plage, à subir les répliques du séisme en observant si les structures alentours n’allaient pas s’effondrer. Autre exemple, un Finlandais, qui avait une trentaine d’années, était à deux doigts de fondre en larmes lorsqu’il évoquait les longues heures d’attente d’un bateau sur la plage, sans eau, alors que le propriétaire de son hôtel avait déjà quitté l’île depuis longtemps.

Enfin dernier point, le sentiment, qui participe de ce traumatisme, de se faire dépouiller par les populations locales du nord de l’île a été présent puisque les populations demandaient des sommes astronomiques pour acheminer les visiteurs jusqu’à l’aéroport. Et cela a fini de choquer des touristes déjà fatigués et diminués.

Le témoignage de Martin, évacué de l’île de Gili Trawangan

Martin, 21 ans, était sur l’île de Gili Trawangan lorsque la terre a tremblé. Après avoir passé la nuit sur une colline pour cause d’alerte tsunami, ce touriste français a passé la journée à attendre des bateaux pour évacuer l’île. Christophe Paget l’a joint au téléphone : « Les plages étaient noires de monde. Tout le monde était avec ses bagages à attendre, à essayer de chercher de l’ombre. Et ensuite ils commençaient à avoir faim. Cela faisait plus de 12 heures qu’on attendait. »

« Les gens, dit-il, n’avaient pas mangé puisque le tremblement de terre a eu lieu avant-hier. La nuit, on n’a rien eu, le matin on n’a rien eu. Il n’y avait aucune organisation. En fait, il n’y a pas d’autorité sur cette île, il n’y a pas de police, il n’y a rien du tout. C’est aussi pour cela que c’est connu, c’est fait pour faire la fête. Là, le piège a commencé. Les rues qui étaient un peu désertes se sont remplies et les gens cherchaient des vivres, rentraient dans les épiceries pour trouver de l’eau, des choses qui se mangent. Il y avait quelques restaurants très gentils, qui faisaient à manger, qui faisaient du café. »

« Après, il n’y en avait vraiment pas pour tout le monde, raconte encore Martin. Il y avait des queues d’une heure environ. Dès qu’ils n’avaient plus rien à donner, ils dirigeaient vers un autre endroit. Et le temps d’aller à cet endroit, pareil, c’était vide. Du coup, il y a eu beaucoup de pillages. Nous-mêmes, on a dû rentrer dans une épicerie pour prendre de l’eau. On n‘a pas eu de vrai repas depuis 24 heures. Donc, on commence un petit peu à avoir mal à la tête. Mais ça ne va pas durer longtemps. Et surtout, on est très soulagés d’avoir pu trouver un bateau pour rejoindre Bali. »

Bernard HIEN

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