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Dans le cadre de la lutte contre la maladie à coronavirus au Burkina Faso, le gouvernement a adopté des batteries de mesures pour limiter sa propagation dans le pays. Parmi ces batteries de mesures un couvre sur toute l’étendue territoire nationale instauré depuis le 21 mars 2020 de 19 heures à 05 heures et réaménagé depuis le lundi 20 Avril 2020 de 21 heures à 04 heures. Le lundi 20 Avril 2020, nous avons suivi les hommes du commissariat central de Yako trois heures durant dans leur mission d’assurer le respect du couvre-feu.
Il est 20h45 minutes ce lundi 20 avril 2020 au commissariat centrale de Yako quand le commandant Idrissa SAWADOGO fait appel à ces hommes pour le débriefing et les consignes avant leur mission. « Les consignes sont les même qu’on vous donne chaque soir depuis l’instauration du couvre-feu. Vous devez parcourir toute la ville pour s’assurer le respect du couvre-feu. Dans votre mission vous devez privilégier le dialogue et la sensibilisation » a expliqué le commandant Idrissa SAWADOGO à ses hommes.
Après les consignes, nous embraquons dans le Pick-up avec les hommes pour une mission de patrouille dans la fraicheur apportée par la pluie qui a arrosé la ville la nuit du dimanche 19 avril 2020. Nous empruntons la RN2, un peu plus loin, la patrouille rencontre un camion. Il est rapidement stoppé pour vérification. « Nous sommes allé descendre des médicaments à Ouahigouya. Nous cherchons à atteindre le péage pour passer la nuit avant de continuer à Ouagadougou le matin, » explique Ousseni OUEDRAOGO, documents en main, au sergent-chef de police Didier Pascal ZERBO commandant de la mission de cette nuit. Après vérification des documents le sergent-chef ZERBO donne l’ordre à ces hommes de les laissés partir.
A peine les hommes sont rentrés dans le véhicule que deux citoyens sur une motocyclette croisent les policiers. Ils sont sommés de s’arrêter, l’un deux prenant la parole explique aux policiers preuve à l’appui qu’ils sont en train d’aller au CSPS du secteur 06 pour assister une femme qui veut accoucher. « Je suis en train d’accompagner mon frère au CSPS du secteur 06 pour aller assister sa femme qui veut accoucher, » affirme a-t-il. Au croisement de RN2 et de la route qui mène à la gare routière nous croisons un jeune homme sur une motocyclette, au vu des hommes en tenu il s’arrête, un peu paniqué, il tente de s’expliquer aux policiers. « Je viens du CSPS du secteur 06. On m’a envoyé à la pharmacie d’aller acheter des médicaments, voici l’ordonnance » dit Yelkouni. Ses explications ne convainquent pas le commissaire et ses hommes. Pas question de le laisser partir, il doit faire demi-tour et suivre les hommes pour vérification sur place au CSPS.
Il est 21heures 47 minutes, nous laissons Yelkouni au CSPS du secteur 06, la patrouille doit reprendre le chemin. Nous empruntons de nouveau la RN2 complément vidé de ses usagers, boutiques et autres lieux de commerce fermer, aucun signe de vie, couvre-feu oblige chacun est terré chez lui. Arrivée juste avant la boulangerie Wend-Konta, l’ordre est donné au chauffeur de tourner à droit, direction le quartier Kibou. Il faut rentrer dans les quartiers sombres même si la pluie de la nuit précédente rend l’état des voies impraticable explique le sergent-chef commandant de la mission. Difficilement avec la boue, des détours et des va-et-vient dans les six mètres, les hommes du commissaire central de Yako quadrillent le quartier Kibou plonge dans le silence total. Il est 22 heures 11 minutes, quand le véhicule prend la principale voie qui divise le quartier en deux. Au niveau du petit marché de dolo du quartier, les hommes avec leurs petites lampes torches dont ils sont équipés repèrent un homme sous les hangars. Il faut vérifier son identité ordonne le sergent-chef ZERBO. L’homme d’une trentaine d’année visiblement effrayé et sous l’effet de l’alcool a du mal à présenter un discours cohérent et ne possède aucun document d’identité. Il est rapidement embarqué pour le poste.
Après Kibou, la patrouille continue sa mission au secteur 02 de la ville. Il est 22heures 40 quand nous passons devant le palais de la justice pour croiser la RN13 avant d’allonger la voie pour rejoindre le centre-ville nous tombons nez à nez avec une borne fontaine ou nous remarquons la présence de deux personnes éclairées par les phares du véhicule. Il s’agit du gérant de la borne fontaine qui a un laisser passer et une dame qui dit venir chercher de l’eau. « Je sais que c’est couvre-feu. Mais je suis venue chercher » explique Sanata SANFO. « Sans laisser passer et en plus sans aucun papier d’identité» rétorque le sergent-chef ZERBO ; « Vous ne pouviez pas être au dehors à cette heure-là. Voulez aller nous accompagner au poste », affirme-t-il.
Il est 23heures 36 minutes, quand la patrouille retourne au poste pour déposer l’homme du Cabaret et la dame Sanata SANFO. Au cours du reste de la nuit d’autres personnes qui tomberont sur la patrouille sans une justification crédible passeront la nuit au commissariat. Pour le sergent-chef Didier Pascal ZERBO la mission de cette nuit est toute comme autre mission que lui et tous les hommes du commissariat central de Yako mènent chaque nuit depuis l’instauration du couvre dans l’esprit de la loi malgré leur moyens limités.
COMPAORE INOUSSA (Correspondant)