Nombreux sont ces personnes vivant avec un handicap qui s’apitoient sur leur sort. Mais Jean-Paul BAZIE, cet handicapé visuel au lieu de se livrer à la mendicité, s’est lancé dans la conception des chaises, des lits picots et des sacs à mains tissés. Venu à Ouagadougou à l’occasion du forum national des personnes vivant avec un handicap, Jean Paul BAZIÉ s’est entretenu avec nous. Dans l’entretien, il nous parle de son rêve qu’il compte réaliser.
Jean-Paul BAZIE était mécanicien auto à Abidjan en Côte d’Ivoire de 2005 à 2011. C’est à partir de 2011 qu’il a perdu la vue à l’âge de 21 ans, suite à un accident de travail, et a été contraint de rentrer au Burkina Faso. Installé depuis lors à Doudoulcy, un village de la commune rurale de Didyr dans la province du Sanguié, ce jeune homme ambitieux a décidé de prendre son destin en main, en se spécialisant dans le tissage des chaises, des sacs et des lits picots. « Après avoir perdu la vue, je suis rentré au pays et j’ai appris l’écriture en braille en mooré et en français et le tissage au Centre Nongtaaba de Taamsé de la province du Bazèga », a-t-il indiqué.
Cependant, la morosité du marché fait qu’il a du mal à s’en sortir financièrement. Néanmoins, il dit avoir un rêve. « Mon rêve, c’est d’avoir une entreprise de tissage de chaises et de lits. Mais sans financement, je ne pourrai pas le réaliser ». « Je demande à quiconque entendra mon cri de cœur de venir à mon aide. Je ne veux pas me retrouver dans la rue pour quémander, je veux travailler moi-même et gagner ma vie », nous a-t-il confié, avec beaucoup d’émotions.
Jean Paul BAZIE attend beaucoup des autorités
Pour une meilleure insertion sociale de cette couche, notre invité a demandé au gouvernement d’avoir un regard attentif sur leur situation. « Je demande aux autorités de nous venir en aide parce que rien ne va », a lancé Jean Paul BAZIE. « Certes, les autorités prennent des engagements pour nous aider, mais l’application sur le terrain est toute autre. Donc, j’appelle le gouvernement à accompagner les personnes vivant avec un handicap, surtout ceux qui exercent des activités rémunératrices », a-t-il ajouté.
Malgré son handicap, Jean Paul BAZIE reste toujours au diapason des TIC
Jean-Paul n’est pas comme les autres personnes vivant avec un handicap visuel. Nonobstant son handicap, il arrive à passer et à recevoir des appels téléphoniques. Le plus étonnant est qu’il arrive à envoyer des SMS à ses proches. A la question de savoir comment il se débrouille, le jeune homme a fait savoir qu’il a juste développé sa capacité auditive et qu’il n’y a rien de sorcier. « C’est vrai, j’arrive à toujours écrire et à recevoir des SMS et des appels. J’arrive aussi à écrire. Je fais tout cela grâce aux sons des touches du téléphone. Si vous faites attention chaque touche à un son particulier et c’est grâce à ça que j’arrive à écrire et à composer les numéros », a-t-il expliqué.
Rappelons que c’est au Centre Nongtaaba de Taamsé dans la province du Bazèga que sont formés les handicapés visuels. La lecture et l’écriture en braille, le tissage des sacs, chaises et lits picots sont entre autres les cours dispensés dans ce centre. Il y a aussi la technique de marche sans l’aide de quelqu’un. C’est après cette formation dans le centre en question que Jean Paul BAZIÉ a jugé utile de mettre en pratique, ce qu’il a appris, afin de subvenir à ses besoins.
Aubin OUÉDRAOGO