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Journée mondiale de lutte contre la faim: « nous devons réaménager les techniques de production à travers une gestion rationnelle des eaux de pluies » Simon Nacoulma

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En prélude à la commémoration de la journée mondiale de lutte contre la faim qui se tient chaque 15 juin 2018, Fasopic est allé rencontrer le coordonnateur du projet Rasad, Simon Nacoulma (SN), pour en savoir davantage sur ses activités. Le projet RASAD œuvre pour le renforcement de la sécurité alimentaire au Burkina Faso. En outre, ce projet est une filiale de l’association Initiative communautaire changé de vie (ICCV) depuis 2002. Ainsi, l’ICCV intervient dans trois domaines d’activité notamment la sécurité alimentaire, l’accompagnement socio-économique et l’éducation. 

 

FASOPIC (FP) : Quelle importance revêt la journée mondiale de la faim pour le projet Rasad ?

Simon Nacoulma (SN): Le projet Rasad se situe dans le contexte de la sécurité alimentaire. Pour nous, le lien est direct. En effet, nous travaillons à promouvoir une alimentation saine, qualitative aussi bien que quantitative. Nous pensons qu’à travers tous ses aspects liés au ventre, la faim sera résolue. Aussi, il y a une pauvreté mentale d’où le coté éducatif que nous proposons au monde paysan. Nous leurs accompagnons dans les domaines techniques et organisationnels. En plus de cela, nous les soutenons de sorte qu’ils puissent produire de façon Bio et saine.

FP : Quelles sont les actions menées par le projet Rasad pour le renforcement de la sécurité alimentaire au Burkina Faso ?

SN: Pour renforcer la sécurité alimentaire au Burkina Faso, le projet a entrepris plusieurs actions. Il y a l’éducation nutritionnelle. Dans ce cas, le projet anime des séances de sensibilisation sur la manière d’améliorer l’alimentation. Au-delà de l’éducation que le projet donne, il assiste aussi techniquement à des groupements à Ouagadougou ainsi que ceux de certaines localités de proximité. L’assistance technique aide ces groupements non seulement à la régénération du sol mais aussi à produire plus avec moins de besoins en eaux et en intrants. La principale technique du projet, qui est une technique agro biologique appelée le Butte sandwich est axée sur l’enrichissement des sols permettant de résorber beaucoup de besoins alimentaires des familles. Dans la même directive d’assistance, le projet accompagne financièrement les paysans en leur accordant des micros crédits afin que ses producteurs puissent améliorer leurs conditions de production.

FP : La campagne agricole 2016-2017 n’a pas été satisfaisante. Quelle appréciation faites-vous de cela ?

SN : C’est une triste réalité. Mais elle vient nous interpeller sur la manière de production. A titre illustratif, un pays comme Israël disposant moins d’eau que le Burkina Faso, mais connait l’autosuffisance alimentaire et revend même le superflu de sa production. Voilà pourquoi dans un pays si la maitrise d’eau et la population sont assurées tous les secteurs de production avancent et s’améliorent au fur et à mesure. Ainsi, nous devons réaménager les techniques de production à travers une gestion rationnelle des eaux de pluies. Cela se concrétisera avec la création des barrages mais aussi des forages afin d’aider le monde paysan à pouvoir produire. Dans le cadre de notre projet donc, nous avons constitué des groupements qui ont bénéficié des forages mécanisés avec des panneaux solaires. Ce qui fait qu’au mois d’octobre où les barrages et les retenues d’eau tarissent, ces groupements sont d’offices autonomes et peuvent mener à bien leurs productions.

FP : Face au problème de l’insécurité alimentaire, le gouvernement a entrepris des mesures telles que la baisse du prix des intrants et leurs accessibilités aux producteurs. Pensez-vous que ces mesures sont efficaces pour venir à bout de cette insécurité ?

SN : Le gouvernement peut plus ou moins venir à bout de cette insécurité alimentaire. C’est une situation d’urgence et en cas d’une situation urgente il faut également une solution urgente. Mais, nous pensons que le problème de la faim est structurel et non conjoncturel. Donc, il va falloir que le gouvernement attaque directement le problème par la racine. Ainsi, l’éduction est fondamentale dans la production. Cette éducation doit aboutir à des formations techniques à moindre coût et doit permettre de produire sans utiliser beaucoup d’intrants. L’idéal serait qu’on arrive à une forme d’agriculture sans l’utilisation d’engrais. Pour cela, il suffira de booster l’élevage qui produit de l’intrant bio. D’où la nécessité de créer une forme de cycle de production en lien direct avec l’agriculture. Ce qui permettra d’intensifier la production.

FP : Selon vous, le problème de l’agriculture burkinabé se situe à quel niveau et quelles solutions préconisez-vous ?

SN : Le problème de l’agriculture burkinabé est d’abord un problème mental. Il faut d’abord une prise de conscience des politiques agricoles c’est-à-dire de recréer et refonder les bases d’une agriculture durable. Cela nécessite à une réflexion profonde, une volonté politique mais surtout une volonté de tous les acteurs qui ne se battent plus pour des projets d’un ou de deux ans. Au temps de la révolution avec le président Thomas Sankara, le Burkina Faso a réussi à atteindre l’autosuffisance alimentaire en quatre ans seulement. Mais, cette atteinte d’autosuffisance alimentaire n’a pas nécessité des coûts de milliard. Aujourd’hui, nous avons l’impression que les politiques actuelles ont honte de repartir en arrière afin de voir ce qui a été fait avant. La preuve est que le Rwanda a mis en place un programme que, le Burkina Faso a déjà expérimenté il y a 30 ans. Mais pourquoi le gouvernement actuel ne peut pas repartir en arrière ? Nous ne pouvons pas développer le pays avec nos richesses financières mais plutôt avec celles mentales. Pour finir, il va falloir qu’on se libère de notre esclavage et réfléchir aux nouvelles méthodes et techniques afin de mécaniser l’agriculture burkinabè. Le Burkina Faso étant un pays agricole, on doit, cependant, intégrer l’agriculture dans le système éducatif. Car, beaucoup d’élèves du pays même jusqu’au niveau universitaire demeurent toujours incapables de planter un arbre.

Flore KINI (Stagiaire)

Bernard HIEN

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