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Le 16 février dernier à Bobo-Dioulasso, en réponse aux « nombreuses sollicitations », Kadré Désiré Ouédraogo a fini par accepter de se porter candidat en 2020. La fin d’un épisode politique que beaucoup prévoyaient mais qui en annonce bien d’autres.
Le scénario est assez habituel en Afrique pour que l’on ne puisse pas imaginer ce à quoi il aboutirait. Depuis quelques mois, et sur les réseaux sociaux, les internautes avaient droit à des hagiographies sur le parcours de Kadré Désiré Ouédraogo. Il est vrai impressionnant-de celui qui fut entre autres Premier ministre et qui en 2012 sera nommé président de la commission de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest(CEDEAO) après avoir représenté son pays dans plusieurs pays comme ambassadeur. En somme, la nouvelle de la déclaration de Kadré Désiré Ouédraogo(KDO) n’est pas tant dans l’annonce elle-même mais dans la date de celle-ci. Encore que les déclarations que l’on entendait au sein du CDP officiel, c’est-à-dire celui dont issu du congrès, laissait deviner que cette annonce, tel un orage qui viendra mettre les choses sens dessus-dessous, approchait. Maintenant que le très effacé KDO, bientôt 66 ans-plus technocrate que politique-, a fait acte de candidature, l’on peut d’ores et déjà avancer qu’il a en quelque sorte été poussé.
Nombre d’observateurs qui s’étaient quelque peu surpris de la mise à l’écart des « historiques » du parti incarnés par Boureima Badini(62 ans )en étaient venus au fait que cela relevait du miracle que le parti maintienne sa cohésion. « Ils ne vont pas se laisser faire hara kiri » pouvait-on entendre ça et là. Quand on remarque ces quelques-uns de ces « historiques » grands perdants du dernier congrès, s’afficher auprès de KDO, on en vient à avoir une petite idée du puzzle qui a abouti à cette candidature dissidente.
Et maintenant ?
Il est évident de sens qu’avec cette candidature, nombre d’ex-pachydermes du parti de l’épi et de la daba vont essayer de s’offrir un baroud d’honneur-puisque l’on ne peut plus parler de virginité- en politique. Salia Sanou (74 ans), qui est en quelque sorte l’hôte de la déclaration de candidature, Boureima Badini(62 ans) Léonce Koné n’ont pas apprécié que des jeunes loups aux dents longues veuillent les mettre en retraite si facilement.
Et selon bien d’indices- d’aucuns ont noté la présence de la fille de l’ex- président Compaoré à la cérémonie- et d’indiscrétions, cette « aventure » a l’assentiment des Compaoré. Cela suffira-t-il encore à KDO pour peser lourd en 2020 ? Pas si sûr si l’on analyse l’effet boomerang, forcément destructeur, que cette déclaration aura au sein du parti. Mais l’image de Blaise Compaoré « celui au temps duquel y avait la paix » ainsi que le regrettent, il faut bien le dire, nombre de citoyens peut faire mouche dans un pays où les populations sont durement éprouvées par une insécurité grandissante.
Soumana LOURA
