[responsivevoice_button voice= »French Female » buttontext= »Ecouter l’article »]
Les bulldozers aplatissent déjà le terrain tandis qu’au milieu des ruines, les habitants récupèrent ce qu’ils peuvent. Plaques de tôles, clous, barres de fer… Wilson Beru se souvient de la journée de lundi : « Nous nous sommes réveillés à 5 heures du matin au son des tracteurs. Nous avons vu beaucoup de policiers. Donc, nous nous sommes enfuis et nous les avons laissés détruire nos maisons. Ils nous avaient promis des indemnisations. Mais à ce jour, nous n’avons rien reçu. »
Environ 2 000 structures ont été détruites, dont des églises et des écoles. Ce qui va perturber le parcours scolaire de centaines d’enfants. Tous ces bâtiments de tôles étaient cependant construits sur un terrain public, explique Jumo Bel, qui a vécu toute sa vie à Kibera : « Les autorités nous avaient prévenus, et nous avons toujours su que ce terrain était destiné à devenir une route. Mais nous nous y sommes tout de même installés, à cause de la surpopulation et du développement du bidonville… »
Selon les organisations de défense des droits de l’homme, ces expulsions forcées enfreignent le droit au logement des habitants : « Aucune expulsion ne devrait laisser les habitants sans abris alors qu’il fait si froid et sans aucune alternative. Cela a eu lieu dans le mépris total d’une décision de justice de 2016 interdisant explicitement au gouvernement d’expulser les habitants de Kibera sans avoir mis en place un programme de réinstallation », explique Sam Muhochi, de la commission des juristes du Kenya.
John Cheboi, porte-parole de l’autorité des routes kényanes, assure quant à lui que la loi n’oblige pas à indemniser les habitants qui vivent dans des logements construits illégalement. Il assure cependant que les personnes expulsées recevront une aide du gouvernement, dont le montant n’a pas encore été fixé.