Créée en juillet 2018 par des partenaires américains de l’Université Norbert Zongo, l’Association « Her Rising » aide à l’insertion socioprofessionnelle des jeunes filles à travers un programme d’entreprenariat féminin.
Dans la salle de formation du Centre American Corner, des jeunes filles dissertent par petits groupes. Le mardi 10 avril 2020, quelques membres de « Her Rising » [« Son essor » en français] se sont réuni pour parler entrepreneuriat féminin, le cheval de bataille de cette association basée à Koudougou. Dans cet « open space » d’une trentaine de places, chacune des filles présentes expose son projet à l’appréciation du groupe, afin de recueillir les suggestions. En majorité étudiantes, elles ont en commun la bravoure mais surtout ce désir de réussir dans l’auto-emploi. « L’excellence est le meilleur remède au racisme et au sexisme. » Her Rising a fait sienne cette célèbre formule de la présentatrice Américaine Oprah Winfrey. « L’association s’est donnée pour mission d’accompagner ses membres dans la poursuite de leurs études avec divers modules de formations, tout en suscitant en elles l’esprit de l’entrepreneuriat », explique Karidja Barry, la vice-présidente de « Her Rising ».
Une diversification des activités
L’association depuis sa création mène plusieurs activités visant à l’épanouissement socio-économique de ses membres. « Dans le volet pédagogique, les filles bénéficient de diverses sessions de formation sur des modules comme la confiance et l’affirmation de soi », confie Karidja Barry. D’après elle, les filles sont également préparées sur le plan psychologique à faire face aux pesanteurs socio-culturelles. Dans cette optique, des modules autour des violences faites aux femmes et sur leurs droits et devoirs ont été développés.
Toutefois, le programme de l’entrepreneuriat féminin reste l’activité phare de l’association, selon sa présidente. Ce programme, qui couvre une période de six (6) mois de formation intense, offre la possibilité aux membres qui n’ont encore pas une idée claire de leur business, d’avoir un plan d’affaire qu’ils devront ensuite développer et mûrir. « Nous clôturons chaque année ce programme par une conférence de cinq jours, où des femmes entrepreneures modèles de réussite, viennent nous partager leurs expériences », étaye la vice-présidente de l’association. A cette activité est greffée une compétition de plans d’affaires, qui permet de récompenser trois (3) filles à travers le financement de leur business plan.
Des aides financières
Au total 77 filles ont déjà été formées par l’association depuis sa création. Treize d’entre elles ont pu bénéficier d’une aide financière pour s’installer à leur propre compte. Natacha Bationo, étudiante en économie et mère d’une petite fille, fait partie des bénéficiaires. Elle a pu ouvrir sa boutique de vente de pagnes et de produits cosmétiques, au bord de la route nationale 14, à quelques jets de pierre de l’Université. « Ce commerce me permet de subvenir à mes besoins », affirme-t-elle avec un large sourire. Natacha explique avoir jeté les bases de son entreprise avec ses « maigres moyens ». Sans Her Rising, ce parcours n’aurait pas été possible pour la jeune femme. Grâce au soutien financier de l’association, elle a pu développer ses affaires. « Aujourd’hui j’ai ouvert ma boutique où et je travaille à mon propre compte. Je prends même en charge la scolarité de ma petite sœur », souligne-t-elle fièrement. . Tout comme Natacha Bationo, Solange Kinda, est aussi étudiante et membre de « Her Rising » :« Pour moi c’était les études et rien. Il fallait bosser et rien d’autre. C’est ce qu’on m’avait appris. » Voulant concilier, à un moment donné, étude et emploi, elle s’est lancée dans l’aviculture avec l’appui financier de l’association. Ce soutien financier lui a permis de créer une ferme à Kongoussi, à plus de 200 kilomètres de Koudougou, dans la région du Centre-Nord. « Aujourd’hui j’ai 42 têtes, et je peux dire que ça va », indique-t-elle d’un air souriant.
Des difficultés à surmonter
En dépit de tous ces acquis non négligeables engrangés par l’Association « Her Rising » depuis sa création, celle-ci est actuellement confrontée à certaines difficultés. Selon la vice-présidente Karidja Barry, ces difficultés sont d’ordre financières dans la mesure où les activités que l’association organise exigent énormément de moyens. Au surplus se pose un problème de disponibilité des personnes ressources pour les formations. D’autant que l’association ne dispose pas toujours des fonds nécessaires pour leurs désintéressements. « Il y a enfin le manque de moyens roulants, car nous sommes souvent obligés de nous déplacer, c’est-à-dire de faire des voyages d’étude pour rencontrer d’autres associations ou visiter des entreprises », regrette Karidja Barry. A toutes ces difficultés matérielles se greffent aujourd’hui la mobilité des membres. Etant pour la plupart des étudiantes, elles ne restent plus à Koudougou à la fin de leur cursus universitaire. « Cela handicape les activités de notre association », ajoute-t-elle. Tout compte fait, Her Rising continue de tracer son petit bonhomme de chemin. L’association a été sacrée cette année « étoile d’or de la jeunesse » dans la catégorie « emploi et entrepreneuriat ». Cette distinction était en marge de la commémoration de la journée internationale de la jeunesse, célébrée en différé du 8 au 10 Octobre 2020, par le conseil régional de la jeunesse du Centre-Ouest. Her Rising a gagné en plus du trophée et de l’attestation, un terrain d’une superficie d’un (1) hectare offert par l’un des sponsors de l’évènement.
Des défis à relever
L’espace Américain de l’UNZ « American Corner » a accompagné l’association « Her Rising » dans la mise en œuvre de son programme de l’entrepreneuriat. Fruit de la collaboration entre la section de la diplomatie publique de l’ambassade des Etats-Unis et l’Université Norbert Zongo, c’est dans cet espace que les membres de l’association tiennent leurs rencontres et formations. Leur dynamisme mêlé à leur force de vaincre, fait des heureux à l’image du directeur technique de l’espace américain, Harouna Sawadogo. « La question du genre est centrale pour nous ici, car depuis longtemps la femme a été marginalisée et il est important que nous lui offrions une chance pour mieux s’exprimer », estime M. Sawadogo. Après trois années d’intervention, plusieurs défis à relever se présentent toujours à « Her Rising ». Selon ses responsables, l’association a encore beaucoup de projets à réaliser pour le bien-être de la femme. Mais pour y parvenir celles-ci doivent obtenir des financements.
Abdoul Aziz KABORE (Correspondant)
Tu as le contact de Her Rising? Et de l’UNZ? Je voulais voir dans quelle mesure apporter ma contribution. Je suis un burkinabé/américain résident hors du pays.