La Thaïlande, grenier à riz du monde, « restreint » seulement l’usage d’herbicides controversés

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La Thaïlande, un des premiers producteurs mondiaux de riz, s’est limitée mercredi à « restreindre » l’usage d’herbicides controversés comme le paraquat, interdit dans plus de trente pays, suscitant la colère des militants écologistes qui réclamaient une interdiction.

« Les études sur les effets sur la santé et l’environnement ne sont pas suffisantes pour justifier l’interdiction » que réclamaient les ONG, a déclaré Somboon Yindeeyoungyuen, haut-responsable du ministère de l’Industrie.

Le ministère de l’Agriculture a désormais deux mois pour définir les contours de cette « restriction »: certains pays interdisent l’utilisation individuelle, d’autres dans les espaces publics.

Pour les écologistes et universitaires thaïlandais qui militaient pour une interdiction pure et dure du paraquat, c’est une déception.

« Le paraquat est un marché énorme en Thaïlande », qui est un des plus gros utilisateurs au monde de pesticides, déplore l’ONG Thai Pesticide Alert Network (Thai PAN).

Celle ci alerte l’opinion publique avec des études sur les résidus de pesticides dans les fruits et légumes produits dans le pays.

Elle a dénoncé mercredi « des conflits d’intérêt » ayant présidé à la décision d’une simple « restriction », accusant des membres du comité de représenter les lobbies pro-pesticides.

L’ONG appelle le chef de la junte, le général Prayut Chan-O-Cha, à « faire réviser » cette décision.

« Trente-deux pays ont interdit l’usage du paraquat », selon les données de 2017 de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

« La Chine l’a interdit sous sa forme liquide et a annoncé plus récemment l’interdiction du paraquat d’ici à septembre 2020 », souligne Johannes Ketelaar, expert de la FAO à Bangkok.

Quant au glyphosate qui fait tant débat en Europe, Thai PAN demande une simple restriction de son usage, notamment à proximité des écoles de villages, après la publication inquiétante d’études universitaires locales sur les conséquences sanitaires.

La Thaïlande est confrontée au problème d’un important marché noir des pesticides, avec des produits fabriqués dans des ateliers clandestins.

La Commission européenne avait créé la polémique fin 2017 en autorisant le renouvellement pour cinq ans de la licence du glyphosate dans l’Union européenne, que de nombreux pays d’Asie continuent d’utiliser.

Les opposants et partisans du glyphosate, produit par le géant Monsanto sous le nom de Roundup, s’étaient déchirés autour des études scientifiques portant sur le caractère cancérogène ou non de l’herbicide le plus utilisé au monde.

En France, son utilisation par les collectivités dans les espaces ouverts au public est interdite depuis janvier 2017.

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