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Nous ne retrouverons jamais l’indépendance, le self-government et la souveraineté que nous pourchassons depuis plus de 60 ans tant que nous resterons assujettis aux honneurs, aux distinctions, aux prix, récompenses, aux décorations, titres honorifiques, vides de pouvoir, gratifiés par l’Empire colonial.
Ne marche-t-on pas vers un monde où la colonisation est de plus en plus psychique, psychologique, spirituelle ? Force est de reconnaître la vulnérabilité de nos Etats et de nos nations au regard des nouvelles formes de domination, de colonialisme qui ne disent pas leur nom. Une hégémonie qui passe par nos besoins fondamentaux psychologiques, nos « sentiments d’incomplétude » pour commencer.
En ce sens, quelqu’un a dit : « lorsque vous ne vous sentez pas valorisé par les autres, ça fait mal, et l’absence de statut blesse plus de gens que nous le pensons ». Sur ces entrefaites, combien de fois, l’Empire colonial qui a bien compris cela, se mêle de nos assiettes par une immixtion dans nos affaires internes en répondant exclusivement à ce désir insatiable d’un certain statut social de bon nombre d’africains complexés, résignés, frustrés, en mal d’estime de soi, non satisfaits par leur propre semblable.
Ce besoin d’appartenance à une nouvelle noblesse, de course à la reconnaissance sociale de la part de nombreux de nos frères et sœurs dont la majorité se mette finalement dans une position de redevabilité vis-à-vis de l’Empire après la cérémonie de remise de décoration officielle, dont ils sont lauréats ou du prix cinématographique, de blogging, de journalisme, etc., etc, organisé par l’Empire en leur honneur.
Il est vrai que nul n’est prophète en son pays, mais nous sommes comme une société inapte à valoriser ses propres enfants autrement qu’en passant par les distinctions accordées par l’Empire colonial, qui a toujours malheureusement en notre ère encore, pour rôle d’assurer l’état moral de notre propre nation, de lui donner vie et d’en renouveler ses leaders à travers les multiples épreuves et concours qu’il initie ça et là et destinés à ceux qui sont friands de reconnaissance sociale.
Il est même d’usage occasionnellement de les inviter en privé à un repas copieux à la chancellerie et c’est à ces genres d’occasion que nos frères et sœurs fiers et légers rendent compte, à un moment donné de raillerie, de boutade, des secrets les plus significatifs de notre souveraineté, stabilité, sécurité.
Or, l’information de première main est une denrée de première nécessité, un élément central ô combien vital dans le processus de prise de décision stratégique en notre ère de l’information. Quelqu’un d’autre a écrit : « l’information est le moyen d’obtenir des contraintes sans violence apparente et ainsi d’une grande efficacité. A cet égard, on pourrait même affirmer que si l’art est de cacher l’art, transposé à la guerre, l’art de la guerre est de cacher la guerre. La contrainte, en information, sert à l’obtention de ce que l’adversaire ne veut pas offrir autrement, ou n’offrirait pas s’il était pleinement conscient ce qu’il accomplit ou de ce qui en résulte ». Fin de citation.
Dans ces conditions, afin que meurt très rapidement l’Empire colonial en Afrique, il est nécessaire, à notre avis, de prendre conscience de la dimension spécifique des distinctions que les africains reçoivent généralement et de commencer à refuser les médailles et autres « cadeaux dérisoires de joujoux et de sucettes » , que le colonisateur fin-connaisseur de nos forces et faiblesses, utilise subtilement sans tambour ni trompette pour détourner notre esprit, notre adolescence, pour séduire nos passions à travers ses multiples foires aux illusions et fermer notre discernement sur les vrais enjeux actuels de la société de l’information. Il est bon ton de rappeler également à leur devoir ceux qui ont prêté allégeance et loyauté à la république. À bon entendeur, salut !
Dian Diallo
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