Depuis sa démission intervenue le 8 février 2019 du poste de président de l’Assemblée nationale, fonction qu’il a occupée pendant 7 ans et quelques semaines après la mise en liberté « sous conditions » de Laurent Gbagbo par la Haye, Guillaume Soro multiplie les rencontres avec les populations. L’ homme entre de plus en plus dans la peau d’un futur candidat à la magistrature suprême de son pays. Il a mis sur pieds un comité politique (CP) et bénéficie du soutien du RACI (Rassemblement pour la Côte d’ivoire), mouvement reconverti en parti politique dont il est président d’honneur. Soro a su surtout opérer un rapprochement stratégique avec l’ancien Président de la République, Henri Konan Bédié du grand parti PDCI.
Débarqué du piédestal de la présidence de l’Assemblée Nationale, le député au chômage avait annoncé vouloir se rendre aux USA pour y poursuivre ses études. Soro n’est pas encore parti. Il alterne sorties et consultations. Dans le nord dont il est originaire, le ‘’Macron’’ ivoirien fait le dos rond et lance des piques au camp présidentiel qui ne supporte plus sa prolixité.
En politique, lorsqu’on n’est plus dans les bonnes grâces du pouvoir en place, il faut s’attendre à des ennuis. En côte d’Ivoire, l’ancien chef rebelle des Forces Nouvelles sera accusé d’avoir commis des crimes et d’être impliqué dans des détournements de deniers publics. Au Burkina, l’affaire des écoutes téléphoniques est une épine dans les pieds de ‘’Bogota’. Durant l’audition des témoins du procès du putsch manqué de septembre 2015, de nombreuses révélations ont été faites. La diffusion des enregistrements audio impliquant des personnages clés du procès a dû être la partie du film la plus horrible pour la galaxie Soroiste. Indexé par la justice burkinabè, Soro avait vu à une époque un mandat d’arrêt international lancé à son encontre mais la procédure a été sacrifiée en 2016 sur l’autel des relations entre le Burkina et la Côte d’ivoire. Et comme Soro n’est plus en odeur de sainteté avec son mentor d’hier, y aurait-il un rebondissement dans le procès en cours à même compromettre la carrière du potentiel successeur à ADO ?
Le Président du Faso Roch Marc Christian Kaboré a reçu le 12 avril dernier, le ministre d’Etat, ministre de la Défense de la Côte d’Ivoire Hamed Bakayoko, porteur d’un message ‘’confidentiel’’ du président Alassane Ouattara. Chaque observateur y va de ses supputations pour deviner le contenu du papier. C’est dans la même fourchette de temps que la presse dévoile une correspondance entre Blaise Compaoré le pere spirituel de Soro et Roch Kaboré.
La faune politique est en effervescence chez les deux voisins. Au Burkina, les joutes électorales pour la présidentielle de novembre 2020 sont déjà lancées et le président actuel espère rebeloter pour un dernier mandat ! Les élections présidentielles en Côte d’ivoire sont pour Octobre 2020 et Ouattara veut jouer un match de trop pour se briguer un troisième mandat. Le sortilège est jeté. Quel son Soro sortira-t-il ?
Ag Ibrahim Mohamed