L’énergie solaire représente  l’avenir du pays

Sur le tronçon poussiéreux qui mène de Dori à Gorom, on peut apercevoir dans la campagne un panneau solaire perché sur la hutte d’un éleveur de bétail, qui utilise l’énergie du soleil, cette ressource dont le sahel dispose à flot. Une formidable trouvaille pour les nomades qui se déplacent avec leur lit et leur kit énergétique. Ceci montre aussi que les temps ont changé. Il y a dix ans cette image n’était pas évidente au regard du coût du photovoltaïque au Faso. Jusque-là on comptait seulement quelques lampadaires solaires qui faisaient office de centrale électrique dans plusieurs communes rurales. 

Aujourd’hui avec les panneaux solaires qui nous donnent l’énergie à plein temps, une énergie propre, en quantité suffisante et à coût abordable nos villages ont un nouveau visage. Les citoyens travaillent à tout moment, ils font de bonnes affaires et la qualité de la vie s’est améliorée. L’enseignant du village peut tranquillement corriger sa pile de copies ; le centre de santé peut conserver au froid ses vaccins et autres produits, les accouchements ne se font plus à la lumière d’une lampe tempête. Dans le hameau de Marganta (commune de Gorom Gorom), des panneaux solaires sont installés sur un maraîcher. L’énergie solaire permet de pomper l’eau qui sert à l’irrigation goutte à goutte des plants, réduisant ainsi le temps de travail pour les femmes.

Le ‘’Pays des Hommes intègres’’ dispose d’un considérable potentiel dans le domaine solaire avec un rayonnement solaire de 2100kWh par mètre carré et par an. Si le soleil nous crève la peau dans la journée, il est aberrant que la nuit tombée nous soyons plongés dans le noir.

Ces dernières années, les plaques solaires ont essaimé sur le Faso. La baisse des prix et le développement des technologies ont permis un essor de la vente des plaques et des lampes solaires. Grâce à l’intégration du solaire dans la production d’électricité on peut s’attendre à un allègement de notre facture d’électricité d’au moins 30 francs à la SONABEL. Le prix du kilowattheure 140FCFA est l’un de plus élevés du continent et il est encore plus cher en milieu rural où les villageois se débrouillent avec des coopératives grippées.

Le développement durable de notre pays ne se fera pas sans généralisation de l’accès à l’électricité pour l’ensemble des populations. Depuis leur accession au pouvoir, les nouvelles autorités burkinabè ne cessentd’affirmer leur volonté de s’orienter vers le modèle bas carbone. Pour ‘’ROCH la Réponse’’, la solution au problème de l’électricité est le mix énergétique. Lors de la COP 21, le Burkina Faso a pris des engagements : couvrir 25 à 30 % de la demande en électricité à l’horizon 2030 par de l’énergie solaire.

La première centrale solaire de Zagtouli (banlieue de Ouaga) dotée d’une capacité de 33 mégawatts crête (MWc) et inaugurée en novembre 2017 est aujourd’hui la plus grande de toute l’Afrique de l’Ouest. Elle devrait assurer 5 % des besoins électriques. Sous le signe du partenariat public – privé Windiga Energie Burkina (projet dirigé par le fondateur du groupement minier SEMAFO) démarrait officiellement le 1er août 2016 les travaux de construction d’une centrale solaire à Zina, dans l’ouest du Burkina. Le gouvernement burkinabè a engagé des promoteurs privés en vue de la réalisation de cinq (05) centrales solaires photovoltaïques de 80MW tel qu’il ressort du compte rendu du conseil des ministres du 18 mai 2016.

Avec un taux de couverture en électricité de 19% à cause de la faible quantité de production énergétique de notre pays, l’ensemble du parc de production totalise une puissance installée de 250 MW dont 32 MW pour les centrales hydroélectriques et 218 MW pour les centrales thermiques déficit structurel d’énergie estimé à environ 10,5 GWh. Le Burkina importe près de 18% de son énergie auprès d’Etats voisins comme la Côte d’Ivoire et le Ghana. Le déficit d’énergie n’est pas propre au Burkina. La production électrique de l’Espagne est de 70 GW, elle correspond à la production cumulée des 48 pays d’Afrique subsaharienne !

MOHAMED AG IBRAHIM

Bernard HIEN

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