Les grandes nuits du conte : un feedback dans les pratiques ancestrales

La troisième édition des grandes nuits du conte organisée par l’association koombi solidarité a débuté le 23 mars 2021 à Ouagadougou. Prestations artistiques traditionnelles, danses, slam ont marqué le début de cette édition dans la cour royale du Larlé Naaba Tigré, où le verbe a été utilisé, pour magnifier l’excellence de la culture burkinabè et africaine. Et ce, sous les regards  des ministres de l’empereur des moosé, le Mogho Naaba Baongo.  Les conteurs de la deuxième édition des grandes nuits du conte, ont fait l’étalage de leurs connaissances, sur l’ensemble de processus d’obtention du fer à partir de minerai.

S’invitant en qualité d’art de la scène dans une arène culturelle où le divertissement rime avec méditation et partage de sagesses séculaires, le conte vise à forger la culture, pour cultiver la vie. Cette 3^e édition des grandes nuits du conte a débuté avec les premières diffusions grand public du spectacle ‘’SUPIIM’’ ou encore « aiguille » du conteur professionnel burkinabè KPG. Un spectacle qui a mis en scène les symboliques de la forge avec des artistes du Burkina, de la Côte d’Ivoire, de la Centrafrique, du Bénin, du Mali, du Sénégal et de la Guyane.

 ‘’SUPIIM’’ parle de la réduction du fer.  Pour la circonstance, une forge traditionnelle a été dressée par des forgerons Dogon du Mali. Ils ont procédé à la réduction du fer, une pratique ancestrale d’obtention du produit à partir de minerai. « Nous avons voulu montrer au reste du monde que les outils de la forge ont une seule base qu’est le fer. Ce qui signifie que l’on soit Burkinabè, Centrafricain, ou Sénégalais, la base est africaine », explique KPG, l’initiateur de l’évènement.  Chaque personne doit s’identifier à un outil issu de la forge, disent les conteurs. « L’Afrique est assez déchirée et il est temps pour nous de reconstituer nos liens sociaux à partir de notre patrimoine », a déclaré le conteur sénégalais Massamba Gueye, par ailleurs conseiller technique du président Macky Sall.

Perçu comme un conteur africain en pleine croissance de carrière, KPG dont ses envolés lyriques hypnotisent les foules, entend magnifier les valeurs des ancêtres et les savoirs faire endogènes, à travers la métaphore. A l’écouter, pour préserver la vie, il faut raconter des histoires. « Ce qui s’est passé ce soir est un spectacle d’atelier pratique donc un rituel », a indiqué KPG.

« nous avons tout, pour penser nos maux du moment »

C’est avec un grand plaisir que le Larlé Naaba Tigré a assisté à cette nuit du conte. « Je suis fier de voir des jeunes qui nous renvoient à nos origines, aux pères fondateurs de nos sociétés bref, à notre culture », a-t-il dit. Pour ce gardien des traditions, l’école traditionnelle qu’est le conte est nécessaire dans le cursus scolaire de la nouvelle génération. Avec ce qu’il a vu, le Larlé Naaba Tigré a conclu que « nous avons tout, pour penser nos maux du moment ».

Le spectacle fut une occasion pour l’étudiant Souleymane Kagounou de connaître la richesse de la culture des grands parents. « La soirée était belle et pleine d’instructions », a-t-il souligné, avant de laisser entendre que la leçon de morale qu’il a retenue est qu’on ne doit jamais abandonner sa culture parce que, pour mieux grandir, la culture est le piédestal par excellence à utiliser.

Les grandes nuits du conte continuent jusqu’au 26 mars 2021, avec au programme les contes et musique ainsi que les démonstrations du feu de la forge.

Nicolas BAZIÉ, Aubin OUÉDRAOGO