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Travailler pour assurer le bien-être de la femme et de la jeune fille, l’ONG Marie Stoppes Internationale en fait son cheval de bataille. C’est pourquoi, elle a convié les Hommes de médias à une session de formation autour du thème lésions précancéreuse du col de l’utérus. Cette formation s’est inscrite dans le cadre de la célébration de la journée mondiale de la contraception commémorée le 26 septembre de chaque année. Chemin faisant, nous avons approché Pr Der Adolphe Somé, enseignant-chercheur à l’Institut supérieur des sciences de la santé (INSS) de l’Université Nazi-Boni et gynécologue-obstétricien au Centre hospitalier universitaire Souro Sanou pour plus de détails. Lisez plutôt.
Fasopic : quelle différence existe-t-il entre les lésions précancéreuses du col de l’utérus et le cancer du col utérin (ou de l’utérus) ?
Pr Der Somé : pour le commun des mortels, quand on parle du col de l’utérus, automatiquement on fait allusion au cancer. Or, cela n’est pas toujours le cas car il existe belle et bien une différence entre la « lésion précancéreuse du col de l’utérus » et le « cancer du col de l’utérus » proprement dit. Les lésions précancéreuses correspondent à des modifications des cellules de l’épithélium du col de l’utérus, autrement dit du tissu qui le recouvre. En clair, ce sont des anomalies histopathologiques détectables avant l’apparition d’un cancer (elles peuvent s’étendre sur 9,10 voire 15 ans avant de devenir des cellules cancéreuses NDLR). Par contre le Cancer du col est une maladie infectieuse virale (virus du papillome humain (HPV 16.18.31) où la patiente est condamnée à des traitements difficiles, lourds, couteux sans pour autant être sûre de s’en sortir.
Fasopic : quelles sont les facteurs de risque des lésions précancéreuses du col de l’utérus ?
Pr Der Somé: plusieurs causes peuvent être à l’origine des lésions précancéreuses du col de l’utérus. Mais sachez que la principale cause, le premier facteur à risque est le manque de dépistage. – et souvent je me demande mais pourquoi les femmes ne veulent pas se faire dépister alors que le dépistage se fait gratuitement ;
et en plus lorsque la lésion est détecté tôt, elle est vite et facilement endiguée. En dehors du manque de dépistage, on peut noter les facteurs sexuels (précocité des rapports sexuels, le multi partenariat de la femme ou du conjoint), le jeune âge à la première grossesse, le niveau socio-économique défavorable), la multiparité (beaucoup d’accouchement), les infections sexuellement transmissibles (l’infection due au papillomavirus humain (HPV) et l’infection due à l’herpès virus n°2).
Fasopic : quelles sont les conditions pour se faire dépister ?
Pr Der Somé : avant de parler de dépistage, je tiens à informer que peuvent être dépister les femmes ayant un âge compris entre 20 à 65 ans, ayant une activité sexuelle ou ayant eu une activité sexuelle et surtout les femmes ayant des facteurs de risques +++. Cependant, pour ce qui concerne le dépistage, il faut une décision/ accord libre, éclairé de la femme, pas de toilettes intimes dans les 1-2 jours, pas de coïts dans les 48h, pas de traitement local de moins de trois jours, pas d’infection génitale en cours. Autre chose, le dépistage se fait en dehors des règles ou menstrues.
Fasopic : Quelles sont les techniques de dépistage utilisées au Burkina Faso ?
Pr Der Somé : trois techniques sont couramment utilisées au Burkina Faso. Il s’agit de l’inspection visuelle ou test de schiller ou test au lugol.
Elle consiste à une observation du col à l’œil nu, à l’application de l’acide acétique (après trois minutes on regarde le col ; le col anormal apparait blanchâtre) et à l’application du lugo (le col devient brun). Ensuite, il y’a le frottis cervico-vaginal qui permet de faire un diagnostic cytologique. Il a longtemps été le seul moyen de dépistage et enfin la colposcopie.
Fasopic : quelle est l’ampleur du phénomène ?
Pr Der Somé : 3ème cancer le plus commun chez les femmes, le cancer du col de l’utérus touche plus de 1,4 million de femmes mondialement. Chaque année, on assiste à apparition de plus de 460 000 cas nouveaux avec approximativement 231 000 décès. Au Burkina Faso, le cancer du col utérin est la première cause de décès dû au cancer en général et représente 23% de l’ensemble de tous les cancers réunis.
C’est sans doute au regard des chiffres pesant, que Marie Stoppes Internationale soucieuse de la santé de « la mère de l’humanité » a décidé d’intégrer dans son agenda le dépistage et la prise en charge des lésions précancéreuses du col utérin par la cryothérapie a expliqué Dr Boubacar Sawadogo, directeur assurance-qualité et développement médical à Marie Stopes, représentant le directeur-pays de l’ONG.
En rappel Marie Stoppes Internationale, offre des services en santé sexuelle et reproductive dont toutes les gammes de méthodes de planification familiale, les services de santé maternelle, les prestations de services en gynécologie, les services de laboratoire, le diagnostic et le traitement des infections sexuellement transmissibles, les conseils et dépistage volontaire du VIH, le dépistage des lésions précancéreuses du col de l’utérus, bientôt ( dès le mois d’octobre) le traitement par la cryothérapie et en plus des équipes mobiles reparties dans les treize régions du Burkina.
Wendemi Annick KABORE