[responsivevoice_button voice= »French Female » buttontext= »Ecouter l’article »]
L’ONG assure qu’après avoir échappé pour beaucoup à « l’enfer du Darfour », région du Soudan en proie à une guerre civile, ils ont subi « des atrocités en Libye ». « Nous espérons que l’Europe ne va pas continuer à abandonner les pays d’arrivée (de migrants) parce que cet abandon conduit à faire progresser l’extrême droite comme cela s’est produit en Italie », a lancé M. Canals. L’Italie a demandé en vain pendant des années la solidarité de l’Union européenne pour gérer les arrivées de migrants. Gouvernée depuis deux mois par une coalition d’extrême droite et de populistes, elle refuse désormais d’accueillir les navires des ONG qui sillonnent la Méditerranée pour porter secours aux migrants en péril.
S’il prend le contrepied de Rome, le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez a voulu, cette fois, que ces rescapés soient traités par l’administration de la même façon que les autres immigrés clandestins arrivant en Espagne. « Comme ils ont été secourus dans les eaux internationales et ne prétendaient pas venir en Espagne, il leur a été donné une autorisation de résidence exceptionnelle de 72 heures », a indiqué une source policière, « mais ensuite le traitement est le même que s’ils étaient arrivés en +pateras+ », nom des frêles embarcations que l’Espagne est habituée à voir arriver sur ses côtes.
La France a annoncé qu’elle allait, « dans un esprit de solidarité européenne », accueillir une vingtaine de ces 87 migrants. Devançant l’Italie et la Grèce, l’Espagne est devenue cette année la première porte d’entrée en Europe de migrants risquant leur vie en mer. Près de 24.000 sont arrivés depuis janvier, soit plus que toute l’année dernière, selon l’Organisation internationale pour les migrations. Sur le quai de San Roque, un centre d’accueil de migrants a récemment été ouvert en toute hâte, car des centaines affluent chaque semaine vers les côtes andalouses à bord des fragiles canots.
– Un dispositif « débordé » –
Les structures locales étaient saturées, au point que des migrants devaient dormir à bord d’un navire des gardes-côtes ou dans des gymnases. « S’ils en ont besoin, c’est bien de les accueillir, mais il faudrait adopter d’autres mesures parce que le dispositif est débordé, il y a trop de personnes à assister ici », commentait jeudi un voisin, Juan Jose Garcia Vega, professeur retraité de 75 ans, venu observer l’arrivée du bateau. La polémique commence à enfler sur ce thème, en Espagne, à moins d’un an d’élections locales.
Le maire conservateur d’Algésiras, José Ignacio Landaluce, du Parti populaire, s’est déclaré « préoccupé » jeudi à l’idée que sa ville de 125.000 habitants puisse devenir « l’unique port d’accueil des bateaux de sauvetage en mer et des embarcations des ONG ». « Nous avons tous bon coeur mais sur cette question, il faut être raisonnable, nous n’avons pas assez de moyens », a-t-il dit à la radio Onda Cero, assurant que la priorité était la situation des « chômeurs dans le besoin ». L’opposition accuse le gouvernement socialiste d’avoir créé un « d’appel d’air » en accueillant l’Aquarius. Celui-ci réplique que les migrants arrivaient par vagues depuis bien plus longtemps et reproche à son prédécesseur conservateur de ne pas s’y être préparé.