[responsivevoice_button voice= »French Female » buttontext= »Ecouter l’article »]
Ce mardi 4 septembre 2018, ils étaient deux accusés à comparaitre devant le tribunal militaire. Il s’agit des lieutenants Philippe Ouattara et Compaoré Relwendé. Accusés entre autres d’attentat à la sureté de l’état, de meurtres, de coups et blessures volontaire sur 42 personnes et d’incitation à commettre des actes contraires à la discipline militaire, ces accusés affirment ne pas reconnaitre les faits qui leurs sont reprochés.
Le lieutenant Philippe Ouattara assisté par Me Mamadou Sombié est formel. Il a effectivement exécuté des ordres pendant les évènements. « S’il se trouve que c’est une faute, je demande pardon aux chefs militaires et la clémence du tribunal » a laissé lieutenant Ouattara. Pour ce qui concerne les faits, il les relate comme suit :
Le matin du 16 septembre, je devrais aller chercher le sac de condiment de ma famille qui avait bougé pour le village le 15 septembre. Ce n’est que le soir à 15h30 que l’adjudant de camp Senaré Yacouba est venu me voir en ces termes : « mon lieutenant, vous venez de la ville. Que se passe-t-il ? Y’a quoi ? Il parait qu’à Ouaga 2000 ça bouge » ; et moi de répondre je vérifie. Après plusieurs appels sans succès, je me suis déporté vers le capitaine Zombri qui m’a signifié que le conseil des ministres n’était pas encore terminé et qu’il me reviendrait plus tard.
Le 17 septembre, sur instruction toujours du capitaine Zombri (lieutenant vérifié au niveau de la place de la nation s’il y’a des manifestants), il a constitué une équipe de sept(07) personnes dans deux véhicules. Une fois sur place, ce dernier confirme dans son compte rendu à son supérieur hiérarchique qu’il n’y avait aucune présence Humaine et qu’il a juste aperçu un pneu en train de bruler. Il poursuit que dans la même soirée, le capitaine lui a informé de la venue du lieutenant Compaoré Relwendé pour leur livrer un message. Le contenu de ce message était : « maintenant c’est moi le chef de détachement. S’il y’a des informations, je vous les transmettrai par voie de rassemblement. S’il y’a une incompréhension venez me rendre compte. Si je peux les résoudre, je le ferai sur place ».
L’accusé a signifié que ce n’est que dans la matinée du 18 septembre qu’il a su que c’était un coup d’état et ce à travers le communiqué du colonel Bamba à la télé. « J’étais dépassé, je ne pouvais pas imaginer que c’était un coup d’état » révèle le lieutenant Ouattara. Par ailleurs, il affirme avoir effectué deux autres sorties toujours sur instruction du lieutenant Compaoré. C’était le 25 septembre pour aller écouter la substance du rassemblement au CN dans le but de rendre compte au détachement ; le 27septembre où le lieutenant lui demandait d’aller à la porte de la radio et d’attendre un chef militaire qui viendra lui donner des consignes dans le cadre du désarmement.
Pour la date du 28 septembre, Ouattara atteste que son supérieur l’a appelé de rejoindre le 30ième pour récupérer des ordres de missions (personnellement j’ai reçu mon ordre de mission vers 14h) après que les notes d’affectations soient sorties. C’est donc le 29 septembre qu’il a quitté Ouagadougou pour Bobo-Dioulasso.
L’avocat de l’accusé
Pour les polémiques autour des observations de Me Sombié, ce dernier a demandé que le parquet soit dans la modération au risque qu’il quitte la salle et abandonne la défense.
Des observations faites à l’endroit de son client, Me Sombié a affirmé que son client réfute les faits qui lui sont reprochés et ce dans son droit le plus absolu. Par ailleurs, il a signifié que le lieutenant Ouattara n’a fait que respecter, obéir aux ordres de ces supérieurs hiérarchiques. « Il a juste été utilisé par son corps, par ces chefs. L’armée devrait secouer le cocotier Zida » a-t-il martelé. Au lieu de poursuivre des petites têtes, il ferait mieux de juger les véritables concernés de ce putsch.
A la suite du lieutenant Ouattara, vient le tour du lieutenant Relwendé Compaoré
Pour sa part, le lieutenant Relwendé Compaoré, assisté par Me Bamba Babou a pour sa part soulagé la partie civile tout comme la défense par son attitude. Car dit-elle : « il est l’un des rares accusés à prendre acte de ce qu’il a dit devant le juge d’instruction. Cela même avec les dangers qu’il peut courir ». En effet, ce dernier serait embarqué dans le flot des évènements après qu’il soit venu rendre compte de son stage qu’il a effectué du 10 au 15 février à son supérieur.
De son intervention, on retiendra
Qu’après avoir rendu compte de son stage, son chef lui a instruit d’aller prendre une permission de deux semaines. C’est là, qu’il a été appelé par le lieutenant Gorgo qui lui ’a dit de se rendre au conseil pour une rencontre avec le conseil. « Au cours de cette rencontre, le conseil des sages demandait la libération des autorités de la transition » a-t-il indiqué.
Par ailleurs, il dit que c’est à la date du 16 septembre qu’il a reçu l’information selon laquelle des autorités étaient retenues au conseil des ministres. Aussi, c’est à travers, les ondes qu’il a su qu’il s’agissait d’un coup d’état. « Je n’ai fait qu’exécuter les ordres de mes supérieurs hiérarchiques » a- t-il affirmé.
« Le 17 septembre sur instruction du capitaine Zombri, j’ai effectivement envoyé le lieutenant Traoré à la place de la nation pour le maintien de l’ordre. Après les jours qui se sont succédés, le 26 septembre j’ai vu qu’il y’avait une note d’affectation et personnellement j’étais affecté à la 12ième RCAS de Ouahigouya. J’ai rejoint ma base le 04 Octobre et un mois dix jours plus tard j’ai effectué une mission à la frontière du Mali. C’est après cela que j’ai été déporté à la MACA » a-t-il conclu.
Le procès se poursuit demain à 9h avec à la barre Saboué Massa.
Wendemi Annick KABORE