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Souvent décriés, ils sont pourtant indispensables pour quiconque veut se trouver une maison à Ouagadougou. Il s’agit des ‘’démarcheurs’’ chargés qu’ils sont de trouver des maisons et/ou des terrains pour ceux qui en font la demande. Alors qu’il devient de plus en plus difficile de se trouver une maison à Ouagadougou, nous sommes allés à la rencontre de ceux qui jouent le rôle d’intermédiaire entre locataires et propriétaires de maisons.
« Il y a beaucoup de temps que j’ai demandé à un démarcheur de me trouver une maison. En vain ! ». À Ouagadougou, il n’est pas rare d’entendre des plaintes du genre à l’endroit de ceux que l’on appelle communément les démarcheurs. Excédés par le long temps que ces derniers prennent souvent à trouver la précieuse maison, certains entreprennent de chercher leur maison eux-mêmes…en parcourant la ville dans tous les sens si bien qu’il est fréquent de se voir interpeller de la sorte :« Ne sauriez-vous pas où trouver une maison libre ?» Un phénomène que la très réduite offre en logements explique mais sans justifier totalement. « Certains démarcheurs exercent dans l’informel et manquent de propriétaires partenaires » explique Kassoum Bonkoungou, gérant d’une agence immobilière depuis sept (07) ans.
La maison de deux pièces qui lui sert de local pour son agence ne désemplit pas de clients à la recherche de maisons où de ceux qui débattent du prix de celles qu’elles ont acquises. Et ses téléphones ne cessent de sonner si bien qu’il est fréquemment emmené à s’excuser auprès d’un client, le temps de terminer une conversation avec un autre. Kassoum est ‘’démarcheur’’ et est donc chargé de trouver des maisons à ceux qui en expriment le besoin avec une certaine contrepartie. « Lorsque nous trouvons une maison pour quelqu’un, celui-ci est tenu de donner la moitié du prix de la location pour le premier mois. Après et ce, jusqu’à ce que celui-ci quitte la maison, c’est 10% du prix du loyer à la charge du client qui nous revient. Nous travaillons, pour notre part, avec une dizaine de propriétaires. Lorsqu’il s’agit de la vente d’un terrain par contre, la rétribution du démarcheur incombe aux bailleurs toujours à hauteur de 10% » renchérit celui qui se plaint pourtant que « le travail ne marche plus depuis quelques temps ».
Issouf Ouédraogo est lui aussi dans le domaine depuis quatre ans mais exerce dans l’informel et donc soumis à certains aléas. Comme ces propriétaires qui souvent échinent à respecter de payer la part qui revient aux démarcheurs surtout lorsque le prix du terrain est élevé. Ce que les démarcheurs acceptent malgré eux. Cet état de fait engendre des frustrations et emmènent certains démarcheurs à exiger que le client paie à titre de compensations ; d’où les malentendus qui surviennent souvent avec les clients et d’où la mauvaise perception dont les premiers sont l’objet au sein de l’opinion publique.
Responsabilités
L’ouverture d’une agence immobilière donne droit à des avantages mais aussi à des contraintes puisque, l’on est tenu de veiller à la collecte de l’argent du loyer auprès des locataires. Des services dont sont dispensés les ‘’démarcheurs informels’’ qui, du même coup, ne peuvent plus revendiquer les 10% qui reviennent aux démarcheurs. L’ouverture d’une agence implique aussi d’autres responsabilités : l’entretien du local. Mais pas que, loin s’en faut. Les agences sont aussi chargées de décider de l’expulsion des locataires lorsque ceux-ci tardent à s’acquitter de leurs devoirs. « La décision d’expulser dépend du locataire. Si l’incapacité de payer est manifeste, nous nous chargeons de payer le propriétaire le temps que le locataire soit à jour. Cela peut durer trois (03). Mais s’il est clair que le client est animé d’une mauvaise foi, nous décidons pour notre part de l’expulser sur le champ » confie Kassoum.
Enjeux sécuritaires
Dans un contexte marqué par la montée du terrorisme, la responsabilité des sociétés de gardiennage est engagée. Il y a lieu désormais de mieux savoir sur les locataires potentiels car comme l’attestent les évènements de Ragnongo, les terroristes ont souvent des bases de repli dans certains quartiers de la ville. Il appartient donc à l’Etat de veiller à la régulation de ce métier dont les enjeux à l’évidence sont aussi sécuritaires.
Soumana LOURA