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Tout est parti d’un constat : plus de 80% du budget de l’Union africaine provient de donateurs extérieurs, ce qui limite son autonomie. Certains pays cumuls des arriérés et ne parviennent pas à s’acquitter de leur cotisation annuelle. Résultat : de nombreux projets restent lettre morte.
Pour Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine, la réforme passe par un effort financier des Etats membres. « On ne le répétera jamais assez : sans autonomie financière, notre ambitieux agenda 2063 ne sera qu’un catalogue de bonnes intentions et notre prétention au leadership continental, et à l’appropriation africaine, rien d’autre qu’un vœux pieux », avertit le diplomate tchadien.
C’est ainsi qu’est né le projet d’une taxe de 0,2 % que chaque Etat devrait prélever sur certains produits importés. Le but est de permettre aux membres de l’UA d’apporter des contributions de manière régulière.
« Chaque Etat prélève 0,2 % sur les importations éligibles et ouvre un compte Union africaine à la Banque centrale, et pour s’acquitter de sa contribution statutaire annuelle, ce qui est prélevé, est transféré du compte à la banque centrale, directement au compte de l’Union africaine au siège, à Addis-Abeba, indique le Professeur Pierre Mukoko Mbonjo, qui dirige l’Unité de mise en œuvre de la réforme institutionnelle. C’est une manière d’avoir une source de financement pérenne, prévisible et soutenable. »
Objectif : 400 millions de dollars d’ici 2020
Cette taxe n’est une idée nouvelle. La Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest, la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale se financent déjà sur ce modèle.
Pour l’heure, 23 pays l’ont adoptée au sein de l’UA. « L’objectif est d’arriver à 400 millions de dollars par an d’ici 2020, explique le professeur Pierre Mukoko Mbonjo. La première année, c’est 65 millions de dollars. Au moment où je vous parle, nous avons dépassé 45 millions de dollars. C’est un fait sans précédent… sans avoir toutes les contributions. C’est un fait sans précédent, que ce soit dans l’histoire de l’Organisation de l’Unité Africaine ou de l’Union africaine », s’enthousiasme ce responsable.
Seulement il faut encore du temps pour convaincre certains pays d’adhérer à système. « Tout changement nécessite beaucoup d’arbitrage et nous touchons là à des domaines qui en général sont régaliens, observe Tiéman Coulibaly, le ministre Malien des Affaires étrangères. Je pense qu’il y a certains Etats qui ont besoin de s’organiser en interne, qui ont besoin de changer quelques paramètres dans leurs finances publiques, pour pouvoir donner satisfaction à cette mesure de l’Union africaine. »
Autre projet qui suscite tout autant de bouleversement : l’instauration d’une zone de libre-échange à l’échelle du continent.
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