La lutte contre le terrorisme est âpre du côté de Djibo. Les terroristes veulent en faire un sanctuaire à partir duquel ils frapperont de nombreuses parties du territoire. Heureusement les forces de défense et de sécurité ne l’entendent pas de cette oreille. Le 08 septembre dernier, le Président du Faso a décrété la création d’un corps de troupe au sein de la Première Région Militaire, dénommé 14e régiment interarmes (14e RIA). Ce régiment est basé dans la garnison de Djibo dans le Sahel. Après avoir quitté Djibo de façon précipitée, il y a plus d’un an, la police nationale y a fait également son retour le 13 septembre dernier. Certains Djibolais qui avaient fini par être gagnés par le scepticisme se mettent à nouveau à revers à des lendemains enchanteurs surtout que l’administration se redéploie progressivement dans la ville. Djibo, loin s’en faut, ne sera pas passée à pertes et profits.
C’est un truisme que de dire que la situation sécuritaire est particulièrement délétère à Djibo. Les terroristes s’en prennent aux pauvres populations civiles, aux FDS, aux guides religieux, aux hommes politiques,… Depuis le début de l’année le bilan macabre est particulièrement lourd à Djibo. C’est la terreur sur l’axe Namsiguia-Djibo que les terroristes contrôlent. C’est sur cet axe que le député- maire de Djbo (Oumarou Dicko) et l’imam de la ville ( Souaibou Cissé) ont été froidement abattus.
Devant exercer son autorité sur toute l’étendue du territoire nationale, le gouvernement burkinabè ne pouvait laisser cette situation perdurer. C’est ainsi que le Président du Faso, Roch Kaboré a décidé de prendre les taureaux par les cornes. Le 18 juin, il a effectué une visite à Djibo au cours de laquelle il a rencontré les forces vives de la localité. Au terme des échanges, il a pris des engagements : reprendre le terrain perdu, réorganiser l’armée, mettre plus de moyens à la disposition des FDS dans leur lutte acharnée contre les terroristes, … Le décret du 08 septembre consacrant la création du 14e RIA de Djibo traduit justement cette volonté de ne point laisser Djibo sombrer dans les mains des terroristes.
L’embuscade tendue sur l’axe Gaskindé-Djibo contre ce régiment moins d’une semaine après sa création montre que le combat sera rude et qu’un tel régiment avait justement sa raison d’être à Djibo. Quatre éléments du régiment sont tombés les armes à la main pour la défense de la patrie. Leur baptême de feu s’est fait dans le sang mais cela ne doit point émousser la détermination du 14è RIA à neutraliser tous les terroristes de la zone.
Ce régiment doit monter progressivement en puissance, s’appuyer sur de bons réseaux de renseignement, interagir avec la police pour parvenir à nettoyer de fond en comble la zone afin de permettre aux Djibolais de retrouver la quiétude. Les éléments du 14è RIA doivent surtout rester en alerte maximale car les terroristes les prendront immédiatement pour cibles. Preuve en a été donnée avec l’embuscade qui a déjà couté la vie à 4 FDS.
Il faut absolument éviter le scénario de Nassoumbou. En décembre 2016, une quarantaine d’individus lourdement armés, avaient en effet attaqué le poste militaire de Nassoumbou, localité située à 45 km au Nord de Djibo et à une trentaine de kilomètres de la frontière malienne. Douze militaires avaient été tués.
Plusieurs groupes terroristes opèrent à Djibo. L’un des plus en vue est le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), qui a pour mode opératoire les enlèvements, les attaques contre les symboles de l’État et la pose d’engins explosifs improvisés. C’est autour de cette organisation que gravitent Ansarul Islam (dont Malam Dicko fut le géniteur en 2017) et des groupuscules de trafiquants et délinquants qui écumaient et contrôlaient l’économie grise avant l’arrivée des groupes terroristes.
Même si la crise sécuritaire à laquelle Djibo est confrontée a plusieurs ramifications et qu’elle ne saurait être résolue par la voie militaire uniquement , force est tout de même de constater que l’espoir renait avec la création du 14è RIA. Avec une parfaite synchronisation des différents acteurs, ce sera bientôt le chant du cygne pour les terroristes. Sur place, les Djibolais y croient. Fermement.
Jérémie Yisso BATIONO
Enseignant chercheur
Ouagadougou
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