Lutte contre les MGF : une audience foraine délocalisée à Nako dans la PONI

Il s’est tenu dans la salle de rencontre de la Mairie de Nako le 21 novembre 2019 une audience foraine sur les mutilations génitales féminines, suite à des actes d’excision enregistrés sur des mineurs dans la commune de Nako. Une audience organisée par le Secrétariat Permanent du Conseil National de Lutte contre la Pratique de l’Excision (SP-CNLPE) en collaboration avec le Tribunal de Grande Instance de Gaoua. Au cours de cette audience trois (3) présumés coupables ont comparus devant les juges. L’audience a connu la participation d’une délégation Sénégalaise venue s’imprégner de l’expérience du Burkina Faso sur ce phénomène.

Le 9 mai 2019 dans le village de Horao , commune de Nako , 9 filles de 9 à 15 ans ont été excisées. Parmi elles, 5 ont été retrouvées et pris en charge et 3 présumés coupables arrêtés selon les services de l’action sociale. Les présumés coupables étaient à ce jour présents à la barre. Le tribunal a notifié à chacun les charges qui leurs sont reprochées. Il s’agit entre autre, du non dénonciation des actes d’excision sur des mineurs qui sont sous leur tutelle. Les prévenus pour leur défense ont tous affirmé n’avoir pas été présents au moment des faits pour des raisons diverses. Les victimes ont été également auditionnées, elles affirment s’être fait mutilées volontairement par une exciseuse dont l’identité n’a pas pu être établie dans le domicile familial en l’absence de leurs parents, moyennant la somme de 1000FCA.

Après l’audition des victimes le président du tribunal trouve qu’« il est incompréhensible qu’une exciseuse passe de domicile à domicile, pour exciser des filles sans l’accord des parents et sans être dénoncée. Cela ne pourrait se faire sans la complicité de certaines personnes ».Un fait majeur au cours des interrogatoires, est la reconnaissance par les prévenus de leur tort, pour n’avoir pas dénoncé aux autorités les mutilations constatées sur leurs filles de retour à leur domicile.

                     Les coupables écopent des peines allant de 11 à 12 mois

Le procureur du Faso près le tribunal de grande instance de Gaoua, a estimé que les prévenus sont complices et compromet dangereusement le bien être de leur progéniture aux vues des conséquences énormes de l’excision. Il a ainsi requis 12 mois de prison ferme et un million d’amendes assortis de sursis à l’encontre de tous les prévenus. Il sera retenu pour le père d’une victime huit ans, une condamnation de 12 mois de prison ferme plus une amende de 500.000 FCFA assortie de sursis. La grand-mère d’une victime, la soixantaine est condamnée à 11mois 15 jours d’emprisonnement dont 15 jours fermes et 11mois 15 jours assortis de sursis et d’une amende de 500000FCFA. Le troisième prévenu a été relaxé car le délit ayant été commis en terre ivoirienne ne relève pas de la compétence territoriale du TGI de Gaoua. Le tribunal a prononcé l’irrecevabilité de son dossier.

                    Les audiences foraines visent à sensibiliser

Le Procureur près le TGI de Gaoua Cheik Compaoré s’est dit ému du verdict prononcé même si le tribunal n’est pas allé dans le sens de son réquisitoire, le plus important à retenir de ces audiences foraines est l’aspect sensibilisation et pédagogique des populations sur ce phénomène.

Le secrétariat permanent du CNLPE par la voix de sa présidente Alphonsine Sawadogo promet la poursuite de la sensibilisation et des audiences foraines pour un changement de comportement.

La délégation sénégalaise qui a suivi l’audience a exprimé toute sa satisfaction quant à leur participation. Le chef de la délégation Julien Ngane N’Dour magistrat affirme « nous repartons satisfaits et outillés pour lutter désormais contre les Mutilations Génitales Féminines qui constituent un véritable frein pour l’épanouissement de la fille et de la femme au Sénégal, et en la matière le Burkina Faso est sur une bonne lancée ».

Victorien DIBLONI (Correspondant)