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ECPAT est une ONG Internationale basée au Burkina Faso depuis 2012 qui appartient au réseau ECPACT internationale. Elle a pour mission la lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants sur toutes les formes dans le monde entier. Dans le cadre de ses activités ECPAT, veut impliquer les médias. Quel est l’état des lieux du phénomène au Burkina Faso, FasoPiC (FP) est allé à la rencontre du premier responsable d’ECPACT Burkina Tamba Kourouma (TK) pour mieux comprendre.
FP : selon les critères d’ECPACT, qui peut être considéré comme « Enfant » ?
TK : Pour la définition, ECPAT adhère à la convention relative au droit de l’enfant. Tout être humain de mois de 18 ans est considéré comme un enfant.
FP : Quelles sont les types de violences dont les enfants sont victimes ?
TK : les types de violences auxquelles les enfants sont victimes sont premièrement les violences physiques qui sont les brulures, la bastonnade, le ligotage. Ensuite il y a les violences psychologiques et émotionnelles. C’est une autre forme de violence qui fait ravage au niveau des enfants. Ce sont des injures, les traitements illégaux. Enfin les violences sexuelles, tout ce qui est partage direct et indirect sexuelle.
FP : quelles peuvent être les conséquences de ces violences sexuelles sur les enfants ?
TK : A cause des violences physiques, psychologiques, et sexuelles, plusieurs enfants sont obligés d’abandonner l’école. D’autres se retrouvent dans la rue du fait de vivre dans un environnement très agressif d’un point de vue psychologique, social et affectif et qui se retrouve être en rupture avec leur famille. Certains sont victimes de violence de la part de leurs propres protecteurs (la famille).
FP : Avez-vous des données statiques sur ce Phénomène ?
TK : la documentation de cette situation est très difficile au vue de tout ce que je venais de décrire. C’est perçu comme des questions taboues, cachées etc. une étude réalisée par ECPACT faisait ressortir près de 200 enfants, impliqués dans la prostitution (ces enfants ont un âge compris entre 13 à 17 ans). Dans ce même rapport le client moyen que les filles entretiennent est de 5. C’est de la catastrophe. La majeur partie des clients sont âgés de 30 à 59 ans donc ce ne sont pas des gamins ce sont des pères de famille qui sont dans ce réseau et qui s’adonnent à cette pratique. Et 73% des filles qui s’adonnent à la prostitution sont des Burkinabès.
FP : Pourquoi avoir choisi d’impliquer les médias à votre lutte ?
TK : depuis 2012, nous développons en Afrique de l’ouest des activités de prévention, de prise en charge et de plaidoyer en faveur de la protection des enfants en situation d’exploitation sexuelle. C’est dans ce cadre que nous avons démarré en 2018, un programme que nous appelons programme de renforcement de capacité des acteurs de protection de l’enfance à la fois des acteurs sectoriel sur des thématiques pour de plus en plus favoriser l’identification, la prise en charge, le référencement de ces enfants face à cette problématique.
Parmi les acteurs avec lesquels nous travaillons nous avons pensé que les agents de médias, les responsables de médias, le personnel de communication qu’on appelle généralement les journalistes, jouent un très grand rôle dans la sensibilisation, l’information, la formation des acteurs technique. Mais aussi pour la population sur quelque chose d’aussi tabou que ce sujet : l’exploitation sexuelle. La question de violence est très tabou chez nous. En Afrique ce sujet est très tabou ce qu’on a l’habitude de voir ce sont les violences physiques, maintenant ce qui est violence sexuelle, c’est tellement caché que ça passe sous silence. Et cela à plus d’effet négatif, car ça détruit l’enfant et ça fait plus mal que d’avoir une entorse.
FP : En cas de constat d’une telle situation quelle est la conduite à tenir ?
TK : en amont il faut que les gens soient informés, qu’ils sachent que l’intérêt supérieur de l’enfant doit être protégé, que l’enfant doit vivre dans un environnement sécurisé, que les enfants n’y sont pour rien. En aval, une fois que le cas est identifié, il faut que l’enfant soit repéré. Et que le coupable soit arrêté sinon ça va devenir un comportement cyclique au sein de la société.
FP : Quelles sont vos attentes de la part des médias ?
TK : le monde du journalisme doit s’intéresser à ce phénomène de société. Ce n’est pas seulement dans les débats politiques qu’il doit s’investir. Pour qu’une société s’organise politiquement, économiquement, il faut une formation préalable. Nos attentes, que le monde de la presse s’implique dans la diffusion de ces messages, dans la sécurisation de l’enfant, dans la construction d’un environnement sécuritaire en donnant la bonne information sur les lois qui protègent les enfants sur tout le dispositif que le gouvernement met en place pour protéger les enfants.
Propos recueillis par Mireille BAILLY