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Les Nations unies publient un rapport accablant sur la situation au Mali. Un document de 71 pages rendu public ce jeudi 30 août et dont RFI s’est procuré une copie. L’organisation dénonce l’implication des signataires de l’accord de paix d’Alger dans des attaques terroristes et dans de la criminalité organisée. Des faits qui, selon l’ONU, compromettent indirectement la stabilisation du pays.
Les accusations du groupe d’experts indépendants de l’ONU sur le Mali sont accablantes. Il est question d’attaques terroristes contre les forces de sécurité maliennes, de trafic de migrants, de trafic de drogue, ou encore de recrutement d’enfants soldats. La liste des noms cités dans ce rapport est longue.
Alors que le rapport n’est même pas encore officiellement publié, des responsables de groupes armés ne décrochent plus leurs téléphones, ou parlent sans vouloir être nommément cités. C’est le cas de ce responsable militaire du Gatia, groupe armé du nord, loyal à Bamako : « Non, à ma connaissance, dit-il, des éléments du Gatia ne sécurisent pas des convois de drogue dans le nord du Mali. » C’est pourtant ce qu’on peut lire dans le document onusien.
Présenté comme « un membre éminent du HCUA (Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad) », Salah Ag Ahmed est aussi accusé directement d’être un intermédiaire entre des groupes terroristes du nord du Mali. Cet élu de la localité de Talataye (Nord), membre de la CMA (ex-rébellion), est injoignable pour le moment. Mais selon un de ses proches, ces accusations ne sont pas fondées. Il va plus loin en demandant « une nouvelle enquête indépendante ».
Iliad Ag Mohamed, le porte-parole de la CMA, pointe justement du doigt des erreurs dans le rapport des Nations unies qui contient selon lui « des éléments qui ont provoqué chez nous une très grande surprise. Nous pensons que les enquêteurs ou, en tout cas, les éléments contenus dans ce rapport contiennent d’énormes erreurs, d’éléments infondés ».
Il reprend justement l’exemple de Salah Ag Ahmed, décrit comme un élément qui crée l’interconnexion entre Ansar Dine et l’EIGS [le groupe Etat islamique dans le grand Sahara, deux organisations terroristes à l’origine d’attaques armées dans la zone]. « Ce n’est pas vrai, c’est sans fondement, martèle-t-il. On a tous les éléments pour prouver qu’il n’en est rien de tout ce dont il a été accusé. Je crois que les rapports ne sont pas basés sur des enquêtes approfondies. Peut-être qu’il a permis à certaines personnes de régler leurs comptes au détriment des autres. En tout cas, c’est notre analyse ».
L’un des seuls à s’exprimer pour le moment à visage découvert est Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune, secrétaire général de la CPA, Coalition du peuple de l’Azawad, accusée d’entraver l’application de l’accord de paix. Le rapport laisse également clairement entendre que des éléments de ce groupe auraient participé à des attaques terroristes. Mohamedoune est accusé d’avoir « très activement retardé », par ses alliances sur le terrain, la stabilisation de la région. « Tout ça est faux », répond Ousmane Ag Mohamed, pour qui les enquêteurs de l’ONU ont trop tendu leur micros aux ennemis de son mouvement qui ne veut « que la paix ».